En armant le Front al-Nosra dès 2012, les services secrets occidentaux et leurs alliés proche-orientaux ont directement et massivement soutenu le futur « État Islamique », comme je tente de le démontrer dans ma dernière analyse sur le conflit syrien. Publiée sur le site Contrepoints.org, elle inclut de brèves mais percutantes interventions du spécialiste de la Syrie Fabrice Balanche et du député PS Gérard Bapt. Je les remercie d’avoir pris le temps de répondre à mes questions, et je vous encourage à diffuser largement cet article si vous estimez qu’il est digne d’intérêt.
Le site du magazine Foreign Policy vient de publier une enquête
particulièrement instructive sur la rencontre qui a conduit à la
séparation entre le Front al-Nosra – la branche syrienne d’al-Qaïda
dirigée par Abou Mohammed al-Joulani –, et le réseau qui était alors connu sous le nom d’État Islamique en Irak (EII). Dans cet article, Foreign Policy
nous détaille cette rencontre cruciale entre d’importants commandants
jihadistes, dont Abou Bakr al-Baghdadi, qui était alors le leader de
l’EII, et Abou Omar al-Shishani, le chef militaire de Daech qui a été
tué par une frappe de l’U.S. Air Force en juillet 2016. Initialement, al-Shishani avait été formé par des instructeurs du Pentagone lorsqu’il combattait au sein des Forces spéciales géorgiennes en 2006. Décrit comme un « élève star »
à cette époque, il avait combattu l’armée russe en 2008 lors du conflit
en Ossétie du Sud. En 2013, avec les miliciens du mouvement jihadiste
qu’il avait fondé, le Jaish al-Muhajireen wal-Ansar, il a joué un rôle déterminant dans la prise de la base aérienne de Menagh, au nord d’Alep. Il recevait alors ses ordres du colonel Okaidi, un commandant de l’Armée Syrienne Libre (ASL) soutenu par les États-Unis et la Grande-Bretagne qui, de son propre aveu, entretenait des relations « fraternelles
» avec les extrémistes du Front al-Nosra et de l’État Islamique en Irak
et au Levant (EIIL). Cette même année 2013, Abou Omar al-Shishani prêta allégeance à l’EIIL, s’imposant rapidement comme le « ministre de la guerre
» de Daech. Comme nous le verrons, al-Shishani est loin d’être le seul
combattant de cette organisation à avoir bénéficié d’un soutien
occidental direct, du moins jusqu’en 2013.
Organisée
en avril de cette même année, cette rencontre entre chefs jihadistes a
lancé le processus de création de l’« État Islamique », qui fut décrété
au mois de juin 2014 par son leader, Abou Bakr al-Baghdadi. Au plan
symbolique, elle a conduit au changement de nom de l’EII, qui s’est
alors rebaptisé l’EIIL (État Islamique en Irak et au Levant). Interrogé
par Foreign Policy, un participant à cette rencontre – surnommé « Abou Ahmad » pour des raisons de sécurité –, décrit le fonctionnement interne de ces milices terroristes. Essentiellement, cet
article nous indique que cette rencontre a abouti non pas à une
scission entre ces deux organisations, mais à une véritable absorption
des combattants, des cadres et des moyens militaires et logistiques du
Front al-Nosra par l’EIIL d’al-Baghdadi au printemps 2013. Nous
analyserons donc dans quelle mesure les opérations clandestines de la
CIA et de ses alliés, dont les services français, ont alimenté dès 2012
la montée en puissance de l’EII au sein d’al-Nosra, donc de ce qui
allait devenir l’EIIL en avril 2013, puis l’« État Islamique » en juin
2014.
Pour le lecteur averti, l’information la plus importante de cet article de Foreign Policy se trouve dans sa conclusion. En effet, lors de la séparation d’avril 2013 entre l’EII et le Front al-Nosra, une « large majorité de commandants et de combattants d’al-Nosra en Syrie ne suivirent pas
» leur leader Mohammed al-Joulani – le fondateur d’al-Nosra issu de
l’EII, qui durant l’été 2011 avait été envoyé en Syrie par Abou Bakr
al-Baghdadi pour y mener le jihad. Au contraire, ces combattants
prêtèrent massivement allégeance à al-Baghdadi, se séparant du Front
al-Nosra et constituant ce qui allait officiellement devenir l’« État
Islamique » en juin 2014. Selon Foreign Policy, « le
changement de l’EII vers l’EIIL signifiait que tous les groupes ou
factions qui avaient rejoint l’EIIL perdraient leur nom. Pour le Front
al-Nosra et son leader, Abou Mohammed al-Joulani, ce développement était
un potentiel désastre ; il pouvait signifier la fin de leur influence
dans le champ de bataille jihadiste le plus important au monde.
Al-Joulani ordonna donc aux combattants d’al-Nosra de ne pas rejoindre
l’EIIL, et d’attendre que [le numéro un d’al-Qaïda Ayman] al-Zawahiri se
prononce sur qui devait diriger le jihad sur le théâtre de guerre
syrien. Une large majorité de commandants et de combattants d’al-Nosra en Syrie ne suivirent pas [al-Joulani]. Lorsqu’Abou Ahmad visita Alep quelques semaines plus tard seulement, environ 90 % des combattants d’al-Nosra dans cette ville avaient déjà rejoint l’EIIL.
Les nouveaux soldats de Baghdadi ordonnèrent aux quelques derniers
loyalistes d’al-Nosra de quitter l’hôpital d’al-Oyoun, qui avait été
jusqu’à présent la principale base d’al-Nosra dans cette ville. “Vous
devez partir ; nous constituons al-dawla [l’État] et nous
regroupons la vaste majorité des combattants” dirent-ils aux hommes
d’al-Nosra, selon Abou Ahmad. “Donc ces quartiers généraux nous
appartiennent.” Partout dans le Nord de la Syrie, l’EIIL s’empara des QG d’al-Nosra, des caches de munitions et des dépôts d’armes.
Étonnamment, la branche d’al-Qaïda en Syrie devait soudain combattre
pour sa survie. Une nouvelle époque démarrait – celle de l’État
Islamique. »
Interrogé sur ces informations de Foreign Policy, l’expert de la Syrie Fabrice Balanche confirme leur exactitude, tout en précisant que « ces faits étaient connus à l’époque, mais plutôt du côté des spécialistes ». Selon lui, « entre
avril 2013 et janvier 2014, la majorité du Front al-Nosra s’est rangée
du côté de l’EIIL. Al-Joulani s’est donc retrouvé en minorité. Le
rapport devait être d’un quart de combattants restant loyaux à al-Nosra,
contre trois quarts se ralliant à l’EIIL. La majorité des combattants
du groupe jihadiste étaient des étrangers, dont beaucoup d’Irakiens. Ils
ont donc préféré al-Baghdadi. » D’après ce chercheur, qui travaille actuellement au Washington Institute, « al-Nosra
en Syrie regroupait environ 20 000 combattants avant la scission
d’avril 2013. Par conséquent, près de 15 000 auraient rejoint l’EIIL et 5
000 seraient restés combattre sous la bannière d’al-Nosra – même si ces
chiffres sont approximatifs. Par la suite, al-Nosra s’est renforcé en
s’alliant avec d’autres groupes syriens contre l’EIIL. Dans cette
histoire complexe, il faut retenir que la guerre entre al-Nosra et
l’EIIL fut particulièrement sanglante durant l’hiver 2013-2014. Elle a
laissé des traces, ce qui empêche les deux groupes de joindre leurs
efforts. » Également interrogé sur cette scission, le député socialiste Gérard Bapt précise que « l’EIIL
a ensuite été soutenu par les services spéciaux du prince Bandar pour
contrer l’influence des Frères Musulmans qui s’exprimait à travers le
Front al-Nosra, une milice appuyée principalement par le Qatar et la
Turquie. Les Saoudiens n’imaginaient probablement pas les conséquences
d’un tel soutien, avec la proclamation désastreuse de l’État Islamique
entre l’Irak et la Syrie en juin 2014. »
Les services secrets saoudiens et la CIA : du jihad afghan au takfir syrien
Rappelons
alors qu’en juillet 2012, le prince Bandar était nommé à la tête des
services spéciaux saoudiens, ce qui avait été analysé par la plupart des
experts comme un signe de durcissement de la politique syrienne de l’Arabie saoudite. Surnommé « Bandar Bush
» du fait de sa proximité avec la dynastie présidentielle du même nom,
il était ambassadeur à Washington à l’époque des attaques du
11-Septembre. Depuis plusieurs années, cet homme intimement lié à la CIA est accusé par l’ancien sénateur de Floride
d’avoir indirectement soutenu certains des pirates de l’air désignés
coupables de ces attentats. Après qu’il fut écarté de son poste de chef
des services spéciaux en avril 2014, le Guardian souligna que « Bandar
avait dirigé les efforts saoudiens visant à mieux coordonner les
livraisons d’armes aux rebelles combattant el-Assad en Syrie. Néanmoins, il a été critiqué pour avoir soutenu des groupes islamistes extrémistes,
risquant ainsi le même “retour de bâton” que celui des combattants
saoudiens d’Oussama ben Laden rentrant au pays après le jihad contre les
Soviétiques en Afghanistan dans les années 1980 – une guerre sainte qui
avait été autorisée officiellement. » Or, comme à l’époque du jihad afghan, la CIA et les services secrets saoudiens ont étroitement collaboré en Syrie, la grande proximité du prince Bandar avec l’Agence facilitant cette politique clandestine.
En réalité, les relations entre la CIA et les services saoudiens sont littéralement fusionnelles. Début 2016, le New York Times révéla que l’Arabie saoudite avait été « de loin » le principal financeur de la guerre secrète anti-Assad de la CIA, baptisée « opération Timber Sycamore ». Afin de renverser le gouvernement syrien, l’Agence a mobilisé « environ un milliard de dollars » chaque année depuis 2013, dans le cadre de ce que le Washington Post a décrit comme un « plus vaste effort de plusieurs milliards de dollars impliquant l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie », c’est-à-dire les trois États notoirement connus pour soutenir les factions extrémistes en Syrie. En d’autres termes, la CIA a facilité et coordonné dès janvier 2012 les opérations syriennes des services secrets de ces pays, essentiellement financées par les pétrodollars saoudiens. Comme des experts et des journalistes
américains l’on expliqué à l’automne 2015, cette guerre secrète aurait
pu aboutir au renversement de Bachar el-Assad, essentiellement du fait
des pertes infligées à l’armée syrienne par les missiles TOW made in USA. En 2013, sous couvert d’équiper sa garde nationale et son armée de terre, l’Arabie saoudite avait acheté plus de 15 000 missiles TOW à la multinationale américaine Raytheon – soit un investissement de 1,1 milliard de dollars. En réalité, plusieurs milliers de missiles ont été distribués aux rebelles anti-Assad par différents services depuis les « MOC » (Military Operations Centers), des bases secrètes supervisées par la CIA en Turquie et en Jordanie.
Toujours selon le New York Times, « les
efforts saoudiens [en Syrie] furent dirigés par le flamboyant prince
Bandar ben Sultan, (…) qui demanda aux espions du royaume d’acheter des
milliers [de mitrailleuses] AK-47 et des millions de munitions en Europe
de l’Est pour les rebelles. La CIA a facilité certains [sic] de ces
achats d’armements pour les Saoudiens, dont un vaste deal avec la
Croatie en 2012. Durant l’été de cette même année, ces
opérations semblaient être hors de contrôle à la frontière entre la
Turquie et la Syrie, les nations du Golfe transmettant de l’argent et
des armes à des factions rebelles – y compris à des groupes dont les
hauts responsables américains craignaient qu’ils soient liés à des
organisations extrémistes comme al-Qaïda. »
En réalité, malgré ces craintes, la CIA coordonnait clandestinement
depuis le mois de janvier 2012 au moins deux réseaux d’approvisionnement
en armes financés par les pétromonarchies du Golfe et la Turquie : une
série de livraisons aériennes depuis les Balkans, qui a récemment fait
l’objet d’une enquête approfondie du BIRN et de l’OCCRP confirmant le rôle central de la CIA dans ce trafic d’armes illégal ; et une autre voie d’approvisionnement maritime depuis la Libye, selon les révélations jamais démenties du journaliste d’investigation Seymour Hersh. Concernant le trafic en provenance des Balkans, seuls cinq médias francophones ayant rapporté cette enquête sont recensés par Google Actualités. Et parmi eux, seuls Mediapart.fr et Bruxelles2.eu ont souligné la coresponsabilité des États-Unis dans ces opérations, contrairement à Liberation.fr, DirectMatin.fr, et LOpinion.fr – qui se sont contentés d’articles laconiques pour traiter ce sujet.
En juillet
2013, d’après le parlementaire britannique Lord Ashdown, ces opérations
clandestines de la CIA et de ses partenaires avaient armé « presque exclusivement » les jihadistes du Front al-Nosra, qui incluait jusqu’au printemps 2013 l’EII d’al-Baghdadi. Bon connaisseur des Balkans, cet ancien Haut Représentant des Nations-Unies en Bosnie-Herzégovine confirmait ainsi les révélations du New York Times,
qui nous avait informés en mars 2013 que les services spéciaux turcs,
qataris, jordaniens, émiratis et saoudiens avaient introduit au moins 3 500 tonnes d’armements en Syrie depuis janvier 2012 avec l’aide discrète de la CIA – ce qui a considérablement renforcé
la coalition Front al-Nosra/EII avant la séparation d’avril 2013. Et
comme nous l’avons démontré, la majorité des combattants d’al-Nosra ont
alors été absorbés par l’EII, qui s’est rebaptisé EIIL et qui s’est
accaparé les principales ressources humaines, logistiques et militaires
d’al-Nosra. Il est donc indéniable que ces politiques clandestines ont
grandement encouragé le développement de ce qui allait devenir Daech en
juin 2014, du moins sur le théâtre de guerre syrien. En Occident, le
fait que si peu d’observateurs l’aient souligné semble être
symptomatique d’une réticence collective à accepter que les réseaux
d’al-Qaïda en Syrie furent massivement armés et soutenus par nos propres
services spéciaux, et ce dans le but de renverser Bachar el-Assad.
L’irrésistible montée en puissance de Daech est donc bel et bien une
conséquence directe de cette stratégie, comme l’avait prédit le Renseignement militaire du Pentagone dès 2012.
La coresponsabilité des alliés occidentaux et israéliens de la CIA dans le chaos islamiste en Syrie
Bien
qu’ils aient joué un rôle majeur dans ce désastre, la CIA et ses alliés
turcs et pétromonarchiques n’en sont pas les seuls fautifs. Selon les
magistrats de la Haute Cour criminelle britannique, les services
spéciaux de Sa Majesté ont soutenu la coalition Front al-Nosra/EII, potentiellement pour le compte de la CIA afin que cette dernière puisse échapper à la supervision du Congrès. Depuis 2014, il est de notoriété publique qu’Israël soigne des combattants d’al-Nosra et, comme le grand reporter Robert Parry l’a souligné, Tsahal « a
également mené des frappes aériennes en Syrie qui ont soutenu les
avancées d’al-Nosra, ce qui a notamment impliqué l’élimination de
conseillers du Hezbollah et de l’Iran qui aidaient le gouvernement
syrien ». En décembre 2012, le ministre des Affaires étrangères
français Laurent Fabius avait repris à son compte les arguments des
alliés pétromonarchiques de la France, qui pensaient que le Front
al-Nosra faisait du « bon boulot sur le terrain » alors que le Département d’État plaçait cette milice sur la liste onusienne des organisations terroristes – en contradiction avec la politique clandestine de la CIA et de ses partenaires. Cette déclaration stupéfiante, qui fut relayée par le journal Le Monde,
n’avait pas été reprise dans la presse. Elle avait été prononcée par
Laurent Fabius alors que l’EII faisait partie intégrante de ce réseau
terroriste ce qui, manifestement, n’a été relevé par aucun observateur.
En mars 2016, le magazine Marianne a révélé
que la direction de la prospective du Quai d’Orsay avait, dès octobre
2012, alerté le ministre des Affaires étrangères et l’Élysée sur le fait
que l’Arabie saoudite et le Qatar finançaient les groupes jihadistes en
Syrie. Dans une note qui fut ignorée par leur hiérarchie, ces experts
soulignaient que le « piège [venait] du Golfe », et que « nous [risquions] d’y tomber ». Finalement, à partir de 2014, plusieurs députés
de l’opposition ont affirmé que la France avait soutenu le Front
al-Nosra. Interrogé sur cette question, le député Gérard Bapt confirme
un « soutien clandestin de l’État français en faveur des différentes
mouvances islamistes en Syrie, au regard de la porosité et de la
proximité entre ces groupes alliés sur le terrain. Or, l’aide française
aux rebelles en Syrie, et plus généralement le soutien occidental en
leur faveur, se sont poursuivis y compris après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Casher, pourtant revendiqués par al-Qaïda. »
Nous
pouvons conclure de ces différentes révélations que les services secrets
occidentaux et leurs partenaires régionaux ont, au moins jusqu’en 2013,
massivement armé et soutenu la milice takfiriste
qui allait devenir Daech l’année suivante, puisque l’EII et al-Nosra
constituaient une seule et unique entité avant leur séparation d’avril
2013. Par conséquent, le Pentagone et ses alliés, qui incluent les
forces aériennes françaises, sont en train de bombarder une organisation
terroriste dont la CIA et ses partenaires ont grandement favorisé la
montée en puissance en Syrie à partir de janvier 2012. Hélas, cette
schizophrénie stratégique subsiste : depuis deux ans, nos armées sont
engagées dans des opérations contre Daech à l’efficacité d’ailleurs contestable, alors que la CIA et ses alliés continuent de soutenir al-Qaïda pour renverser le gouvernement el-Assad. Or, selon un prestigieux think tank britannique cité par le Guardian en décembre dernier, « plus
de la moitié des combattants rebelles en Syrie qui sont opposés au
Président Bachar el-Assad sont favorables aux vues de l’État Islamique ». Dans ce même article, il est précisé que « si
Daech est vaincu [en Irak et en Syrie], au moins 65 000 combattants
appartenant à d’autres groupes salafistes-jihadistes sont prêts à
prendre sa place ».
Ainsi, comme l’avait préconisé Michel Colomès en octobre 2015, il serait peut-être temps d’arrêter de « jouer les “bons” contre les “méchants” islamistes », une politique qui revient selon lui à « payer la corde qui nous pendra ». Et comme l’avait dénoncé la représentante au Congrès Tulsi Gabbard le 19 novembre 2015 – soit moins d’une semaine après les attentats de Paris –, « renverser
le gouvernement syrien d’el-Assad est le but de Daech, d’al-Qaïda et
d’autres groupes islamistes extrémistes. Nous ne devrions pas nous
allier avec ces fanatiques en les aidant à remplir leur objectif, car
cela est contraire aux intérêts sécuritaires des États-Unis et de la
civilisation. » Quinze ans après le 11-Septembre, et dans un
contexte de multiplication des attentats en Occident, ces arguments ne
peuvent que remettre en cause l’impunité que la raison d’État légitime, et qui encourage des politiques échappant totalement aux contre-pouvoirs démocratiques.