©USTKE
Mercredi, plus d’un millier de personnes sont descendues dans
les rues de Nouméa pour dénoncer l’insuffisant accès des jeunes Kanak à
l’emploi et aux postes à responsabilités. L’Union syndicale des
travailleurs Kanak et des exploités (USTKE), à l’origine de la
manifestation, avait également appelé à une journée de grève générale.
« A deux ans de la sortie de l’accord de Nouméa, les résultats ne sont pas au rendez-vous« , a déclaré le président du syndicat indépendantiste, André Forest. « Si
elle n’est pas prise en compte, cette problématique fait courir au pays
des risques sociaux et pourrait conduire à déséquilibrer gravement les
rapports au niveau du pays« , a-t-il ajouté.
Les manifestants, 1.500 selon la police, 3.000 selon le syndicat, se
sont rendus au siège du Medef, du Congrès, du gouvernement et au
Haut-commissariat de la République, où ils ont déposé un « mémorandum pour le rééquilibrage« .
Leurs revendications ont reçu un accueil plutôt bienveillant de la part
des différents interlocuteurs, conscients des difficultés des jeunes à
trouver un emploi dans un contexte de grave crise économique. Le
président (non-indépendantiste) du gouvernement, Philippe Germain, a
souligné qu’il « ne fallait pas stigmatiser la jeunesse kanak« .
Le conseil du dialogue social, instance qui regroupe les partenaires
sociaux, organise le 19 août prochain un colloque consacré à l’accès des
jeunes Calédoniens à l’emploi.
Depuis 1989, les programmes de formation « 400 cadres » et « Cadres
avenir », ont permis à 1.584 personnes, dont 71% de Kanak, de reprendre
une formation et d’accéder à des postes de cadres moyens ou supérieurs.
Mais l’USTKE juge ces résultats décevants et estime qu’encore trop peu
de Kanak parviennent à des postes de responsabilité. « La jeunesse
kanak a de plus en plus de mal à trouver sa place dans la société et vit
dans un désenchantement qui la conduit dans la délinquance et la
prison. Il faut impérativement lui proposer d’autres horizons qui
passent par la formation et l’insertion professionnelle par l’emploi« , expliquait le bureau fédéral du syndicat dans un communiqué publié fin juillet.
L’accès à l’emploi des populations locales est un sujet récurrent
dans tous les Outre-mer, comme à La Réunion ou en Polynésie française. A
La Réunion, les élus politiques régionaux parlent de « régionalisation de l’emploi« . Dernièrement, l’arrivée d’un enfant de l’île au poste de directeur du Centre Hospitalier universitaire
(CHU) avait été applaudi par de nombreux élus, jusqu’à la Secrétaire
d’Etat à l’Egalité réelle Ericka Bareigts. En Polynésie française, c’est
l’ « océanisation des cadres » qui est défendue et ce, depuis les
années 50 avec le député Pouvanaa a Oopa. Le représentant de
l’opposition souverainiste Richard Tuheiava, défend depuis début 2016 une « proposition de modification du droit du travail en vue de la protection de l’emploi local« .
Cette proposition a reçu un avis défavorable du Conseil Economique,
Social et Culturel et passe difficilement en commission à l’Assemblée de
la Polynésie française, bien qu’un tel sujet fasse « l’unanimité politique« .
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