En 2018, la gendarmerie devra traiter au moins deux gros chantiers d’ordre public à haut risque : l’évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et le référendum en Nouvelle-Calédonie. On comprend pourquoi la recommandation récente du Défenseur des droits d’interdire l’usage des lanceurs de balles de défense dans le cadre d’opérations de maintien de l’ordre fait grincer des dents dans les rangs de la gendarmerie.
Déjà, en octobre 2014, Bernard Cazeneuve avait fait retirer les
grenades offensives en dotation dans les escadrons de gendarmerie mobile
(EGM) suite au décès accidentel d’un « zadiste » à Sivens. Rien ne le
justifiait et la Justice vient, d’ailleurs, de décider d’un non-lieu en
faveur du gendarme mis en cause. La décision politique du ministre de
l’Intérieur de l’époque, pour faire plaisir aux « Verts », signifiait un
désarmement matériel et moral des gendarmes mobiles. Elle doit être
impérativement remise en question.
On le sait, quelle que soit la décision au sujet de l’aéroport de
Notre-Dame-des-Landes, l’évacuation de la ZAD est programmée et il y a
un risque sérieux de morts et de nombreux blessés de part et d’autre. En
effet, les « zadistes » disposent d’une grande panoplie d’armes, voire
d’explosifs, et une frange extrémiste veut en découdre avec les
gendarmes, coûte que coûte. Nous ne sommes quasiment plus dans un cas de
maintien ou même de rétablissement de l’ordre, mais plutôt de
« réduction de résistance isolée », pour employer un terme militaire. Il
faut souhaiter que le gouvernement autorise tous les moyens
nécessaires, y compris militaires, afin que le chef qui conduira les
opérations puisse agir en faisant le moins de victimes possibles. C’est
dans ce sens que devrait être redonnée l’autorisation d’emploi des
grenades offensives par les EGM qui seront engagés, car cette munition
est particulièrement efficace en milieu ouvert en situation très
dégradée, afin de repousser un adversaire sans devoir faire usage des
armes. Il faut faire confiance à nos gendarmes pour en faire une
utilisation mesurée au strict nécessaire – ce qui a toujours été le cas.
Il en va de même pour le référendum en Nouvelle-Calédonie,
qui doit se dérouler dans le deuxième semestre. Tous les ingrédients
d’une situation exacerbée et tendue comme celle que l’on a connue dans
les années 2004 à 2008 sont encore présents. La gendarmerie qui aura à
assumer la responsabilité de l’ordre public sur l’île devra être
vigilante et renforcer ses troupes sur place. Nous y avons,
actuellement, cinq EGM déplacés de métropole, ainsi que les moyens
permettant d’en équiper rapidement jusqu’à neuf autres en cas de
nécessité. Trop peu, si l’on sait que la situation tendue de 1985 avait
nécessité l’envoi de quarante-cinq escadrons sur le « Caillou » lors des
élections régionales d’octobre 1985 – ce que l’on est parfaitement
incapable de reproduire aujourd’hui après la suppression de 10 % des EGM
en dix ans. Plus grave encore : depuis le mois d’octobre 2016, vingt
gendarmes y ont été blessés par balle avec des projectiles transperçant
les blindages des véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG). Il
est hautement souhaitable de renforcer ce blindage en urgence, quel
qu’en soit le coût, afin de préserver des vies humaines.
Il faut revenir sur la décision irresponsable prise en 2014
concernant l’utilisation des grenades offensives par les gendarmes
mobiles, car il est nécessaire de redonner aux gendarmes les moyens
d’action nécessaires à la sauvegarde de l’ordre public.
D’autres ZAD se profilent à l’horizon sur des sujets environnementaux
comme, par exemple, la construction contestée du site d’enfouissement
nucléaire de Bure (Meuse), qu’il faudra faire évacuer immédiatement,
sans attendre des années et des années comme c’est le cas pour
Notre-Dame-des-Landes.