Vingt ans après les "Accords de Nouméa" qui
prolongeaient les "Accords de Matignon-Oudinot", la Nouvelle-Calédonie
prépare un référendum sur l'accession à la "pleine souveraineté" dont
certains craignent qu'il réveille les tensions entre indépendantistes et
non-indépendantistes.
A 16.750 km de Paris, en plein cœur du Pacifique Sud, la
Nouvelle-Calédonie doit se prononcer avant la fin de l'année 2018 sur le
maintien ou non au sein de la République française.
Le mois dernier, Edouard Philippe s'est rendu sur le "Caillou", comme
on surnomme l'archipel. Le Premier ministre est resté 4 jours, et a
rencontré l'ensemble des responsables politiques des 3 provinces, pour
préparer le terrain en vue de ce scrutin.
Ce référendum sur l'accès à la pleine souveraineté de la
Nouvelle-Calédonie est l'aboutissement d'un processus de trente ans, et
renvoie à des souvenirs douloureux. Les accords de Matignon, signés en
1988, ont fait suite à quatre ans d'affrontements meurtriers entre
indépendantistes Kanak et loyalistes Caldoches. Et le président du FLNKS
Jean-Marie Tjibaou, signataire des accords, avec Jacques Lafleur et
Michel Rocard, a été assassiné moins d'un an plus tard, tout comme son
lieutenant Yeiwéné Yeiwéné.
En 1998, l'accord de Nouméa a instauré une décolonisation
progressive, débouchant sur une consultation sur l'indépendance. Nous y
sommes...
Et si la situation est bien plus calme aujourd'hui, si la réforme des
institutions a permis d'impliquer toutes les communautés, s'il y a eu
des efforts pour développer l'économie de façon plus équitable, de
graves inégalités perdurent.
Plus d'un tiers des jeunes Kanak sont au chômage. Entre 2009 et 2016,
la délinquance a augmenté de 30%, et l'alcool et la drogue font des
ravages.
La Nouvelle-Calédonie craint que l'approche du scrutin ne réveille
des tensions que le processus de décolonisation entamé en 1988 avait
permis d'apaiser.
Le Magazine de la rédaction est signé Stéphane Robert, envoyé spécial en Nouvelle-Calédonie. source