Comment est-ce possible en plan vigipirate ?
Sécurité.
La semaine dernière a donné lieu à une démonstration de force des
autorités face à la piraterie maritime,jusqu’à l’arrivée de trois
navires de pêche clandestins au large de Nouville. Ils ont pris la fuite
à la nuit tombée.
Trois bateaux de pêcheurs illégaux vietnamiens ont été laissés au mouillage près de Nouville. Mais une fois laissés sans surveillance, deux d’entre eux ont pris la poudre d’escampette… Les forces armées étaient, hier, encore à leurs trousses.
Ils
ne sont restés que quelques heures sans surveillance. Et il ne leur en a
pas fallu plus. Pourtant, une fois au mouillage, banc des Japonais, à
quelques centaines de mètres de Nouville, les militaires des Forces
armées de Nouvelle-Calédonie (Fanc), avaient bien veillé à entraver les
bateaux, retirer les courroies de transmission et confisquer tous les
moyens de navigation (GPS, cartes, téléphones), rendant strictement
impossible toute tentative de fuite… En théorie. Pourtant, dans la nuit,
deux des trois « blue boats », arraisonnés par l’armée, après avoir été
pris en pleine action illégale de pêche vers les Bélep et les Pétrie la
semaine dernière, ont déguerpi. C’est le Port autonome qui, hier, a
alerté le MRCC aux alentours de 5 heures 30.
« Des MacGyver »
Une opération de recherche a alors été déclenchée par les Fanc.
Rapidement mis en alerte, l’hélicoptère Puma, l’avion de surveillance
maritime Gardian puis l’avion de transport tactique Casa ont décollé de
la base aérienne de La Tontouta pour effectuer une recherche côtière et
hauturière. En début de soirée d’hier, les deux bateaux sont localisés à
130 nautiques (240 kilomètres) de Nouméa, en route vers l’ouest. « Les
moyens des Fanc et de l’État sont mis en œuvre pour les intercepter »,
indiquait alors, via un communiqué, les forces armées. Mais une question
revenait dans toutes les conversations. Comment ont-ils fait pour
s’échapper ? « Afin de garantir la sécurité en cas d’urgence, les
moteurs et la propulsion n’ont pas été neutralisés mais en incapacité de
fonctionner », se défendent les autorités.
« On ne laisse pas des bateaux pirates au mouillage, s’agace un des
acteurs de cette opération anti-pêche illégale. Encore moins sans
surveillance. Ce sont de véritables MacGyver, capables de remonter un
moteur en prenant des pièces d’un autre. Il fallait bien s’attendre à ce
qu’ils prennent la fuite. Il fallait mettre les bateaux à quai ». Sauf
qu’à quai, les risques sanitaires, pour les Calédoniens, et les risques
d’exaction, à l’encontre des marins vietnamiens, étaient redoutés. Si le
bateau toujours au mouillage fait désormais l’objet d’une surveillance,
les fuyards sont toujours pistés par les avions de l’armée. Le
haut-commissariat, le commandant de la zone maritime ainsi que les
représentants des forces armées devraient réaliser un point de situation
ce matin.
Que risquent les capitaines de bateaux ?
De la prison
avec sursis, une forte amende et la confiscation des navires : voilà en
substance ce que risquent les capitaines des navires pirates, entendus
depuis mercredi par les enquêteurs de la gendarmerie maritime dans le
cadre de la garde à vue. Avant un déferlement imminent devant le parquet
et une possible comparution immédiate devant le tribunal correctionnel.
En juin, un navire avait déjà été dérouté vers Nouméa avant que son
capitaine, un homme de 26 ans, ne soit condamné à six mois de prison
avec sursis. La justice avait alors confisqué le navire pilleur. « La
saisie du bateau aura un effet certainement plus dissuasif que
l’emprisonnement de ce malheureux archétype de la misère humaine »,
avait plaidé Me Royanez, conseil du capitaine. Près de six mois et de
multiples opérations de police des pêches plus tard, la confiscation du
bateau et la condamnation du prévenu n’auront donc eu aucun effet. Une
impasse évidente pour les autorités, qui cherchent encore la parade pour
lutter contre la piraterie maritime.