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KANAKY

samedi 4 octobre 2014

La Chine convoite de plus en plus le nickel de Nouvelle-Calédonie


Une image de mars 2007, en Nouvelle-Calédonie, la construction du site de l'usine de Goro Nickel qui a commencé sa production en 2009


Alors que l’Indonésie interdit depuis début 2014 toute exportation de minerai de nickel brut, la Chine, premier consommateur mondial, se tourne vers la Nouvelle-Calédonie, où l’appétit de Pékin suscite des inquiétudes.
En septembre, le mineur calédonien Maï Kouaoua Mines (MKM) a annoncé la signature d’un accord de principe avec le groupe chinois JinPei (Pékin), en vue de produire annuellement 10.000 tonnes de ferronickel à compter de 2018, puis 30.000 tonnes.
JinPei va entrer à hauteur de 49% dans MKM, qui possède des mines en Nouvelle-Calédonie, tandis que l’usine métallurgique, qui sera construite au Vanuatu, paradis fiscal à 540 km au nord-est du Caillou, sera détenue à 51% par MKM et à 49% par les Chinois. JinPei injecte un milliard d’euros dans le projet.
«La Chine est devenue le premier producteur et le premier consommateur de nickel au monde. La Nouvelle-Calédonie doit s’ouvrir», a déclaré à l’AFP Didier Grosgurin, directeur général de MKM.
«Nous exporterons un million de tonnes de minerai par an à très faible teneur (1,2 à 1,7%) qu’on ne pouvait pas valoriser jusqu’alors. C’est une très belle opportunité», a-t-il ajouté.
Depuis janvier 2014, l’Indonésie, qui veut contraindre les compagnies minières à raffiner sur place pour maximiser les retombées économiques, a interdit les exportations de minerai brut.
«La fermeture de l’Indonésie a créé des conditions intéressantes pour la Nouvelle-Calédonie. Il faut profiter de cet effet d’aubaine», a indiqué Alain Terrien, responsable du projet MKM/JinPei.
Métal non ferreux aux cours volatils, le nickel est indispensable à la fabrication d’acier inoxydable. Il est présent dans quantité d’objets de la vie quotidienne (casseroles, évier, pièces de monnaie).
- La Chine avance ses pions -
Actuellement, la Nouvelle-Calédonie exporte environ 4,5 millions de tonnes de minerai par an, essentiellement à destination du Japon, de la Corée du Sud et de l’Australie et produit 53.000 tonnes de ferronickel. Deux usines métallurgiques de taille mondiale sont en outre en phase de montée en puissance.
Fin 2011, un autre mineur calédonien, la Société Minière du Sud Pacifique (SMSP), à capitaux publics, a lui signé un accord avec le chinois Jinchuan pour construire en Chine une usine métallurgique de 30.000 tonnes, par le biais de la création de deux co-entreprises.
L’intérêt de Pékin pour le nickel de Nouvelle-Calédonie, archipel en cours de décolonisation où un référendum sur l’indépendance doit avoir lieu au plus tard en 2018, suscite cependant des inquiétudes.
«La Chine cherche des matières premières et elle avance progressivement ses pions. Evidemment la Nouvelle-Calédonie l’intéresse et elle a mis un pied dans la porte», a déclaré à l’AFP, Edouard Léoni, docteur en droit public.
Selon lui, cette avancée sera d’autant plus aisée que les élus calédoniens ne parviennent pas à s’entendre pour définir une politique minière à l’échelle du pays.
«L’absence de schéma stratégique industriel est un problème. Pendant ce temps, les industriels agissent, eux n’ont pas le temps d’attendre», a assuré l’expert.
La Chine, est devenue depuis les années 2000 un partenaire majeur de l’Océanie, qui investit lourdement dans des pays tels que Fidji, le Vanuatu ou les îles Salomon, dépourvus de ressources naturelles.
«Comment pourrait-elle, dans ce contexte, se désintéresser de la Nouvelle-Calédonie, qui détient les deuxièmes réserves au monde de nickel, dont elle a cruellement besoin ? Elle est aux aguets !» a-t-il déclaré.
AFP
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