Un insecticide utilisé à Nouméa pour lutter contre les moustiques vecteurs de maladies est soupçonné d'être cancérogène. Une association environnementale a demandé son interdiction.
La Nouvelle-Calédonie va solliciter
l'avis de l'Organisation mondiale de la Santé avant de décider de
suspendre ou pas ses pulvérisations de malathion, classé en cancérogène "probable" par l'agence du cancer de l'OMS, ont indiqué mardi les autorités locales.
"Nous
allons saisir l'OMS pour connaître ses recommandations après cette
étude", a déclaré Jean-Paul Grangeon, médecin-inspecteur de la Dass,
ajoutant que le gouvernement local prendrait ensuite une décision. "Il y
a deux mois que nous n'avons pas fait de pulvérisations car nous ne
sommes pas en période épidémique", a-t-il précisé.
Les
épandages aériens de malathion n'ont lieu qu'à Nouméa et de manière
ciblée. Elles sont effectuées dans un rayon de 100 mètres autour du
domicile d'une personne déclarée malade de la dengue ou du chikungunya, transmises par les moustiques.
Des épandages ciblés et encadrés
Les
agents municipaux pulvérisent dans les rues à l'aide de camions
spécialement équipés et utilisent ensuite des appareils portables pour
traiter le jardin des malades, habillés d'une combinaison. "Ces agents
font l'objet d'un suivi médical et épidémiologique, ils sont formés et
disposent des équipements de sécurité", a indiqué M.Grangeon.
Le
malathion est employé à Nouméa, en raison de la résistance développé par
le moustique Aedes aegypti, vecteur de ces arboviroses, à un autre
insecticide, la deltaméthrine. "Nous évaluons constamment le rapport
bénéfice-risque. (...) Il y a eu cette saison en Polynésie, 70 000 cas de chikungunya,
800 hospitalisations et 16 décès. En Nouvelle-Calédonie, ça s'est
limité, jusqu'à présent, à 58 cas dont 54 importés", a déclaré Jean-Paul
Grangeon.
Une première demande d'interdiction rejetée
L'association environnementale Ensemble pour la Planète (EPLP) réclame l'interdiction des épandages de malathion à Nouméa.
Le
12 mars dernier, le tribunal administratif a examiné un recours d'EPLP,
suite au refus du gouvernement calédonien et de la ville de Nouméa de
stopper ses épandages. Le rapporteur public a conclu au rejet de la
demande d'EPLP, mettant en avant des "préoccupations majeures" en termes
de santé publique. La décision interviendra dans les prochains jours.
Vendredi,
l'agence du cancer de l'Organisation mondiale de la Santé (Iarc) a
classé cinq pesticides et insecticides cancérogènes "probables" ou
"possibles", dont le malathion et le Roundup du groupe Monsanto. La
classification de l'Iarc n'a toutefois aucun caractère contraignant pour
les Etats.
Source : L'express