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Tony Abbott, Premier ministre d'Australie
Présents sur le territoire depuis au moins 40.000 ans, les
Aborigènes vivent aujourd'hui dans des régions isolées, loin des grandes
agglomérations et des pôles d'activité économique, dans des conditions
souvent misérables.
En proie à
l'analphabétisme, au chômage, à l'alcoolisme, victimes de la
désertification médicale, ils sont très dépendants de la solidarité
nationale.
Or le Premier ministre
Tony Abbott estime que ces affres induisent un coût social et financier
de moins en moins supportable pour les contribuables australiens,
récemment contraints à de gros sacrifices pour maintenir à flot le
budget de l'Etat.
Les
contribuables, a plaidé Tony Abbott dans une interview à la télévision
publique ABC, acquittent leurs impôts "pour fournir des services
décents" à condition que leur sacrifice soit tout aussi "décent".
"Nous
ne pouvons pas éternellement subventionner des choix de vie si ces
choix de vie ne permettent pas (à leurs bénéficiaires) de participer
pleinement à la société australienne", a-t-il ajouté.
Le
dirigeant libéral-conservateur propose donc de fermer plus d'une
centaine de villages aborigènes dans l'Etat d'Australie-Occidentale si
les services publics de base ne peuvent y être garantis sans une dépense
qu'il juge excessive.
Ces propos
rompent avec l'image que s'est forgée depuis plusieurs années Tony
Abbott de grand défenseur des Aborigènes - citoyens de seconde zone
depuis l'arrivée des colons européens à la fin du 18ème siècle.
L'ancien
séminariste, qui passe une semaine par an sous une tente dans un
village autochtone, avait juré fin décembre de "suer sang et eau" pour
la reconnaissance dans la Constitution de la communauté aborigène.
Son
principal conseiller aux affaires indigènes, Warren Mundine, un ancien
responsable travailliste, s'est dit abasourdi mercredi. "Ces gens vivent
sur leurs terres originelles (...). Il s'agit de leur vie, de leur
essence même, de leur culture même", a-t-il rappelé.
Lors
de l'arrivée des colons européens en Australie en 1788, les aborigènes
étaient environ un million. Ils ne représentent plus aujourd'hui que
470.000 des 23 millions d'habitants du pays.
Pour
le réalisateur Rolf de Heer, auteur de films sur la minorité, Tony
Abbott "a démontré une ignorance telle qu'il n'est pas légitime en tant
que Premier ministre", tandis que le responsable de l'opposition, Bill
Shorten, l'a accusé d'être "resté dans les années 1950".
Critiqué dans son propre camp, Tony Abbott a tenté de s'expliquer.
"Il
est terriblement difficile pour les enfants d'aller à l'école s'ils ne
sont qu'une demi-douzaine, on ne trouve pas d'enseignants désirant
travailler là-bas" et "il est également très compliqué pour un adulte de
trouver un job s'il n'y a pas de travail à des centaines de kilomètres à
la ronde. Il faut être un peu réaliste", a-t-il dit.