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jeudi 12 mars 2015

"Trop cher pour le contribuable": le Premier ministre australien veut fermer des villages aborigènes

Tony Abbott, le Premier ministre australien, qui a pourtant la réputation d'être un défenseur de la cause aborigène, s'est attiré mercredi une volée de bois en proposant de fermer des villages afin de faire des économies.
Tony Abbott, Premier ministre d'Australie © ABC
© ABC Tony Abbott, Premier ministre d'Australie

Présents sur le territoire depuis au moins 40.000 ans, les Aborigènes vivent aujourd'hui dans des régions isolées, loin des grandes agglomérations et des pôles d'activité économique, dans des conditions souvent misérables.
                  
En proie à l'analphabétisme, au chômage, à l'alcoolisme, victimes de la désertification médicale, ils sont très dépendants de la solidarité nationale.
                  
Or le Premier ministre Tony Abbott estime que ces affres induisent un coût social et financier de moins en moins supportable pour les contribuables australiens, récemment contraints à de gros sacrifices pour maintenir à flot le budget de l'Etat.
                  
Les contribuables, a plaidé Tony Abbott dans une interview à la télévision publique ABC, acquittent leurs impôts "pour fournir des services décents" à condition que leur sacrifice soit tout aussi "décent".
                  
"Nous ne pouvons pas éternellement subventionner des choix de vie si ces choix de vie ne permettent pas (à leurs bénéficiaires) de participer pleinement à la société australienne", a-t-il ajouté.
                  
Le dirigeant libéral-conservateur propose donc de fermer plus d'une centaine de villages aborigènes dans l'Etat d'Australie-Occidentale si les services publics de base ne peuvent y être garantis sans une dépense qu'il juge excessive.
                  
Ces propos rompent avec l'image que s'est forgée depuis plusieurs années Tony Abbott de grand défenseur des Aborigènes - citoyens de seconde zone depuis l'arrivée des colons européens à la fin du 18ème siècle.
                  
L'ancien séminariste, qui passe une semaine par an sous une tente dans un village autochtone, avait juré fin décembre de "suer sang et eau" pour la reconnaissance dans la Constitution de la communauté aborigène.
                  
Son principal conseiller aux affaires indigènes, Warren Mundine, un ancien responsable travailliste, s'est dit abasourdi mercredi. "Ces gens vivent sur leurs terres originelles (...). Il s'agit de leur vie, de leur essence même, de leur culture même", a-t-il rappelé.
                  
Lors de l'arrivée des colons européens en Australie en 1788, les aborigènes étaient environ un million. Ils ne représentent plus aujourd'hui que 470.000 des 23 millions d'habitants du pays.
                  
Pour le réalisateur Rolf de Heer, auteur de films sur la minorité, Tony Abbott "a démontré une ignorance telle qu'il n'est pas légitime en tant que Premier ministre", tandis que le responsable de l'opposition, Bill Shorten, l'a accusé d'être "resté dans les années 1950".
                  
Critiqué dans son propre camp, Tony Abbott a tenté de s'expliquer.
                  
"Il est terriblement difficile pour les enfants d'aller à l'école s'ils ne sont qu'une demi-douzaine, on ne trouve pas d'enseignants désirant travailler là-bas" et "il est également très compliqué pour un adulte de trouver un job s'il n'y a pas de travail à des centaines de kilomètres à la ronde. Il faut être un peu réaliste", a-t-il dit.