« Cette livraison
s'est faite à l'insu des Fidjiens, et à l'insu même du Parlement. Elle
n'a pas été évoquée au sein de la commission parlementaire sur les
affaires étrangères et la défense », affirme Ratu
Isoa Tikoca, le chef du groupe SODELPA au Parlement, Ce parti
social-démocrate libéral est la principale force d'opposition à Franck
Bainimarama.
Le parlementaire assure que le secret le plus total entoure cette livraison, et qu'elle est donc illégale. «
Une entreprise de sécurité privée, qui emploie 2000 anciens militaires
fidjiens, assure la surveillance de ces conteneurs, et ses agents ont
empêché la police de procéder aux contrôles d'usage sur les produits
importés. »
Une affirmation
niée en bloc par le chef de la police fidjienne en personne, le Général
de Brigade Sitiveni Qiliho. Le militaire se dit tout à fait au courant
de cette livraison de conteneurs russes et d'après lui, des policiers
ont participé aux procédures de douanes.
Aujourd'hui
un haut gradé fidjien a indiqué que les armes et engins arrivés de
Russie permettront de mieux équiper les casques bleus fidjiens, régulièrement mobilisés, comme par exemple sur le plateau du Golan, entre Israël et la Syrie. Une
version mise en doute par Ratu Isoa Tikoca, qui s'inquiète de
l'augmentation des dépenses militaires par le gouvernement de Franck
Bainimarama:
« Les Fidji n'ont
pas d'ennemis, donc pas besoin d'acheter plus d'armes. Et en plus, nous
avons un accord de défense avec l'Australie, la Grande-Bretagne, les
États-Unis et la Nouvelle-Zélande, les pays qui assurent la sécurité
dans le Pacifique. Mais avec ces achats d'armes et de munitions, il
semble que le Premier ministre Franck Bainimarama veuille dominer le
sud-ouest du Pacifique, en clair, les pays du Groupe Mélanésien Fer de
Lance, mais aussi imposer ses volontés au Forum des Îles du Pacifique.
»
À
l'intérieur du pays, ce développement de l'armée se traduit
concrètement par la construction d'une base dans la région Ouest. Elle
représente un investissement de 50 millions de dollars australiens. Ratu
Isoa Tikoca:
« Nous sommes
préoccupés par ce projet d'installer un nouveau camp militaire. Je l'ai
dit devant le Parlement, cette base militaire va servir les intérêts du
gouvernement, lui permettre d'asseoir son pouvoir. Cette armée est
devenue une armée politique, elle n'a plus rien à voir avec le corps que
j'ai moi-même servi jusqu'en 1992. »
De
son côté, le gouvernement explique que cette base militaire servira de
camp d'entraînement et de transit pour les forces des Nations-Unies.
POUR ALLER PLUS LOIN: lisez l'enquête de Radio Australia: "DÉCRYPTAGE: Pourquoi les Fidji participent-elles aux missions de maintien de la paix de l'ONU?"