L’idée ? Resserrer les rangs. Le 35e congrès du FLNKS, ouvert ce
week-end à Ponérihouen dans la vallée de Nimbayes, entend préciser la
ligne du Front sur l’avenir du pays. Tour d’horizon de sujets clés avant
le débat.
Des représentants des quatre composantes du FLNKS ont
précisé, hier devant les médias, l’ordre du jour de ce 35e congrès. Une
démarche d’information mais aussi une image d’union. Unité tant
recherchée lors du précédent rassemblement début mars 2016, à Ko
Photos Archives LNC
Élections
Contrairement à 2012 où l’unité prévalait, seuls le Palika,
l’UPM et le RDO s’engageront dans la campagne des élections
législatives. Et après avoir participé à l’organisation locale de la
primaire de la gauche à la présidentielle fin janvier, le parti de Paul
Néaoutyine sera sans nul doute à l’avant-poste dans la perspective des
scrutins du 23 avril et du 7 mai sur le chemin de l’Élysée.
Or,
l’Union calédonienne a elle décidé de faire l’impasse sur les élections
nationales. Motif ? « A un an de la sortie de l'accord de Nouméa, notre
travail prioritaire est bien de préparer au mieux l'accession du pays à
la pleine souveraineté ». Chacun pourra toutefois aller voter. Pas de
boycott.
Des cadres de partis frères attendent l’UC, à ce 35e
congrès du FLNKS, sur ce point du libre choix aux législatives. Le
président de l’Union calédonienne, Daniel Goa, ne se refuse pas
d’apporter un soutien à un candidat « le moment venu ». Tout dépend du
profil. Qui peut être déjà discuté ce week-end.
Inscriptions
De l’avis de militants, ce sujet peut « faire débat ». L’Union
calédonienne a réaffirmé la demande de l’inscription systématique et
sans condition des Kanak sur la liste référendaire. « Les Kanak n’ont
pas été consultés en 1853 pour être colonisés ». Tel est son argument
massue. Le Palika et l’UPM plaident eux sur une autre ligne, en faveur
d’une démarche d’inscription volontaire et personnelle. Bref, l’écart de
points de vue sur ce thème ultrasensible peut être perturbant pour le
sympathisant pro-Kanaky.
Des représentants du FLNKS ont tenté
hier de désamorcer la polémique par une phrase : « L’objectif, pour
nous, est que tous les gens soient inscrits ». Actée officiellement au
précédent congrès du Front à Nouméa l’an dernier, la mise en place des
comités nationalistes et citoyens, ou CNC, dans les communes, doit
répondre justement à ce vœu de sensibilisation et de repérage des
Calédoniens non-inscrits sur la liste générale. En vue d’être
enregistrés sur la liste électorale spéciale pour la consultation.
Reste
à savoir maintenant jusqu’où seront poussées les positions, et de l’UC,
et du Palika, dans ce contexte à l’aube du référendum.
Projet politique
Ciseler le projet politique du FLNKS revient à répondre à la
question : quel pays demain en cas d’indépendance ? Sur le fond, et dans
les grandes lignes, les avis sont unanimes, les partis du Front se
retrouvent, autour de la souveraineté, ses piliers, etc.
La
stratégie pour convaincre, en revanche, diffère. L’assemblée
référendaire, « démarche afin de préparer la population à notre vision
de l’avenir de notre pays », se place au cœur du programme de l’UC. Le
Palika a toujours été, par le passé, réticent devant ce concept.
Toutefois, des réflexions nouvelles et surtout communes doivent être
exposées ce week-end à Ponérihouen, à la suite des ateliers du FLNKS.
Nickel
UPM, RDO... Les quatre composantes s’accordent sur la
nécessité d’une plus haute valorisation de la ressource dans le pays. La
température était toutefois montée entre l’UC et le Palika, en août
2015 lors du conflit dit des rouleurs, ainsi que les mois suivants, à
propos de la stratégie à l’export du minerai. Notamment vers la Chine.
Un
groupe de travail s’est constitué au FLNKS autour de cette thématique
essentielle du nickel. Ses conclusions seront aussi rendues samedi.
Attendues.
Un des enjeux majeurs du 35e congrès du FLNKS consiste à ajuster « un projet commun » du pays indépendant. Des militants réunis en atelier, ont travaillé sur cette matière ces dernières semaines. Ce document bientôt finalisé a été élaboré à partir de trois sources.
Tout d’abord, « le fil rouge » d’après les cadres du Front, apparaît dans le « projet de Constitution de Kanaky », construit par le FLNKS et déposé à l’ONU en 1987 par Jean-Marie Tjibaou afin d’assurer la revendication politique. Deuxième lecture, le rapport réalisé par la cellule stratégie UNI, ou CSU, à la suite des visites des experts mandatés par l’Etat.
Enfin, troisième pôle d’intérêts, le projet de société préparé par l’Union calédonienne et intitulé « Après 2018 : notre vision de la nation ». Cette pièce avait été distribuée aux médias, en janvier dernier. Quels en sont les axes ?
L’UC, d’après le document, voit « une nouvelle nation » constituée en République et dotée d’une Constitution. « Le président de la République sera élu au suffrage indirect par le Congrès ». D’ailleurs, « le vote sera obligatoire lors des scrutins de la vie politique ».
Le point de la nationalité est évidemment central, et « seront des nationaux du pays indépendant les personnes légalement citoyennes avant la consultation, et celles pouvant y voter » indique le projet du parti présidé par Daniel Goa. Ou encore « l’Etat décidera de l’exploitation du sous-sol et des ressources naturelles stratégiques ». Les chapitres de la justice, de l’économie, de l’éducation, de la monnaie ou bien de la défense ont été explorés. Ces éléments seront-ils repris dans la version définitive du FLNKS ? Réponse ce week-end.
400 militants.
D’après les organisateurs, 300 à 400 adhérents des composantes
- Palika, UC, UPM, et RDO - de la coalition indépendantiste
participeront au congrès sur la côte Est.
Repères
Le RIN agacé
Le Rassemblement des
indépendantistes et nationalistes, ou Rin, ne décolère pas. Car une
question continue visiblement de tourner : combien de Kanak, de statut
civil coutumier ou de droit commun, ne pourront pas voter au référendum
de 2018 ? « Au vu des éléments que nous possédons, cette problématique
reste entière, et nous avons la conviction que l’Etat français a décidé
de ne pas la régler et de la reporter après les élections présidentielle
et législatives (dans le meilleur des cas) » remarque le DUS Sylvain
Pabouty qui avait avancé, l’an passé, le chiffre de 25 000 personnes
relevant du statut civil coutumier ne pouvant pas voter à la
consultation de 2018. Si ce chiffre reste à vérifier, une marche avait
été organisée le 26 octobre dernier à Nouméa en faveur de l’inscription
automatique sans condition des Kanak sur la liste référendaire.
Louis
Kotra Uregei, du Parti travailliste, n’a pas mâché ses mots hier à
l’égard de l’État et la justice française. Tandis que l’UC Christian
Tein s’est interrogé à voix haute sur « la sincérité du référendum de
2018. Donc on y va ou on n’y va pas ? L’Etat doit se débrouiller pour
régler ce dossier ».
Le Rassemblement des indépendantistes et
nationalistes, ou Rin, a demandé hier que ce sujet soit inscrit à
l’ordre du jour du congrès du FLNKS prévu samedi et dimanche à
Ponérihouen. En outre, a été annoncé un « grand rassemblement » du Rin
le samedi 18 mars.