La filière industrielle du nickel est un enjeu stratégique pour la
Nouvelle-Calédonie, étroitement lié à l’évolution institutionnelle du
territoire. « La Nouvelle-Calédonie est gouvernée par le nickel »,
résume Didier Julienne, ancien directeur de Norilsk Nickel et expert
des ressources naturelles, très impliqué dans le dossier calédonien. Aux
termes de l’accord de Nouméa du 5 mai 1998, « la politique énergétique [devait contribuer] à l’objectif d’autonomie et de rééquilibrage ».
Ainsi, à l’usine « historique » de la Société Le Nickel (SLN), située
à Doniambo, à Nouméa, dans la province Sud, mais exploitant des sites
miniers répartis au nord et à l’est du territoire, se sont ajoutés deux
nouveaux acteurs : Koniambo Nickel SAS (KNS), dont la province Nord,
dirigée par les indépendantistes, détient 51 % du capital en
contrepartie de l’apport du massif du Koniambo, la totalité du
financement ayant été supportée par les opérateurs industriels
successifs ; et Vale Nouvelle-Calédonie, dans laquelle la province Sud
détient une participation minoritaire.
En ce qui concerne la SLN, le capital est détenu à 56 % par le groupe
Eramet, dont l’Etat détient un quart des participations, à 34 % par la
Société territoriale calédonienne de participation industrielle (STCPI),
représentant les trois provinces calédoniennes, et à 10 % par
l’industriel japonais Nisshin Steel. Les dividendes reversés à la STCPI
sont partagés à 50 % pour la province Nord, 25 % pour le Sud et 25 %
pour les Iles. Dernier élément, le Nord s’est doté d’une usine
d’affinage en Corée du Sud. La province perçoit donc des dividendes sur
le minerai affiné.
Un cinquième du produit intérieur brut
Les indépendantistes ont bâti en bonne partie leur stratégie sur la
maîtrise des ressources énergétiques. L’économie du nickel représente
près d’un cinquième du produit intérieur brut de la Nouvelle-Calédonie
et plus de dix mille emplois salariés directs ou indirects. Le
territoire...