PARTI TRAVAILLISTE

KANAKY

mercredi 31 octobre 2018

Référendum du 4 novembre en Kanaky : autodétermination ou néo-colonialisme ?

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A Manca, après les analyses livrées par l’USTKE et le Parti travailliste soutien leur position de non-participation.
Très récemment, le FLNKS s’employait à mener une campagne active pour dénoncer des sondages qui donnaient la victoire du NON pour un score oscillant entre 69 et 75%. De son côté, la gauche indépendantiste kanake (USTKE et Parti Travailliste) appelle depuis quelques semaines à la non participation, jugeant ce scrutin comme un simulacre de référendum pour le droit à l’autodétermination. Une analyse de la situation politique depuis les Accords de Matignon de 1988 semble nécessaire à quelques jours du scrutin.
Les accords de Matignon trahis ?
Ces accords prévoyaient initialement un référendum pour 2008 au plus tard. Mais c’est surtout le plan de rééquilibrage dans la période de transition vers la décolonisation du pays dont il était question. Les accords de rééquilibrage social devaient mettre le peuple Kanak au centre du dispositif par le biais des politiques publiques favorisant l’emploi, y compris dans la fonction publique, la formation et l’accès au logement. C’est exactement le contraire qui s’est produit. Les années 2000 ont vu une arrivée massive de métropolitains français en Kanaky (7 500 en 2006 !) qui ont accentué un virage de l’économie vers les secteurs de l’immobilier et du tourisme. La spéculation immobilière a éloigné la jeunesse kanake dans les périphéries urbaines et dans les bidonvilles avec un taux de pauvreté 2,5 fois supérieure à celui des jeunes en métropole. 99% de la population carcérale en Kanaky concerne des jeunes kanakes. Il a fallu attendre 2016 pour voire le premier avocat kanak plaider dans son pays, et 2018 pour voir un chef d’établissement scolaire kanak nommé. Autre effet pervers des aides publiques détournées de leurs objectifs initiaux, l’apparition d’un clientélisme au sein même de la communauté kanake. Usant de leur pouvoir de distribuer quelques subsides publics, ces potentats kanaks ont remis en cause le droit coutumier des tribus tout en favorisant l’installation de professionnels européens du tourisme. Ce colonialisme de l’intérieur a accentué les inégalités et le délitement du lien socio-culturel.
Un corps électoral taillé sur mesure pour la victoire du NON ?
On ne peut dissocier la question du corps électoral de l’évolution démographique en Kanaky. Quand les accords de Matignon furent signés, la Kanaky comptait 162 000 habitants, dont 53% de kanaks et 33% d’Européens. En 2015, la population s’élevait à 268 767 habitants, dont 39% de kanaks et 27,2% d’Européens. Il y a certes un problème de baisse du taux de natalité observé simultanément dans les provinces du Nord et des îles qui explique en partie ce déséquilibre démographique mais d’autres facteurs sont déterminants. Durant les années 2000, 75% du solde migratoire est représenté par des Français de métropole, dont l’immense majorité peut aujourd’hui arguer de 10 ans de résidence en Kanaky et donc voter.
Et c’est dans ce contexte que les accords de Nouméa de 2007 ont fixé la composition du corps électoral pouvant voter le 4 novembre prochain. Il y a un an, l’ONU fut alerté par les représentants kanaks sur l’absence de 23 000 kanaks sur les listes électorales. Seuls 10 000 de ces personnes furent rajoutées sur les listes définitives validées par Manuel Valls au mois de Juin dernier… tout un programme.
Nos camarades de l’USTKE et du Parti Travailliste ont donc raison quand ils dénoncent la fausse neutralité de l’État français dans la mise en œuvre des accords de Matignon, les manœuvres colonialistes et la nécessité de sortir du piège des institutions françaises pour accéder à un véritable droit à l’autodétermination.
A Manca