La
Cour de Cassation vient de confirmer la position toujours défendue par
la Commission Politique et Citoyenneté du FLNKS/PT/DUS, en précisant que
dans la partie FLNKS, seul l’UC s’est réellement investi dans ce
travail avec le PT et la DUS.
Malgré
les votes défavorables répétées des commissions administratives, les
rejets répétés de nos recours aux tribunaux, les campagnes médiatiques
des responsables des partis pro-colonialistes voulant faire passer nos
gens pour des irresponsables, les recours et les condamnations contre
nos tiers électeurs, les avis « éclairés toujours contre nous des
juristes genres Anne Gras », la persévérance a payé et cet arrêt de la
Cour de cassation confirme les positions que nous avons toujours défendu
sur les conseils de notre juriste Mathias CHAUCHAT agrégé de droit
constitutionnel, professeur de droit à l’Université de
Nouvelle-Calédonie.
L’essentiel
de cet arrêt concernant les listes électorales spéciales pour les
élections provinciales et que nous avons toujours défendu, c’est la triple condition :
Être présent dans le pays avant 1998
Être inscrit sur la liste générale de 1998.
10 ans de résidence continue.
Suite
à notre réunion hier au Haut-commissariat sur la question, le haussaire
a décidé de publier le document joint au titre de VADEMECUM que je vous
transmets pour que chacun connaisse mieux le dossier juridique et s’en
serve si nécessaire dans le travail de contrôle des commissions ou là où
ce sera nécessaire.
Bon courage,
Louis Kotra UREGEI
Président du Parti Travailliste
Pour lire le Vademecum et le document des radiations cliquez sur les liens ci-dessous.
C’est confirmé. Les nouvelles consignes données par Matignon sont
différentes de celles de 2014. Va-t-on de nouveau assister à des
demandes massives de radiation d’électeurs ? Ces derniers pourront-ils
invoquer l’autorité de la chose jugée ?
Les partis non-indépendantistes ont commencé à fourbir leurs armes
alors que commencent lundi les premières réunions des commissions
administratives de révision des listes électorales spéciales permettant
de voter aux élections provinciales. Cette année, contrairement à 2014,
l’Etat semble avoir donné consigne à ses représentants au sein des
commissions, de suivre la jurisprudence réaffirmée de la Cour de
cassation en la matière. Pour figurer valablement sur cette liste, il
faut avoir été inscrit (si l’on était majeur à l’époque) sur la liste
générale arrêtée en février 1998. Et pas seulement être arrivé en
Nouvelle-Calédonie avant le mois de novembre 1998, comme l’avait déclaré
en 2014 le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, devant l’Assemblée
nationale, en réponse à une question de Sonia Lagarde. Amendement. Cette
année, l’Etat a changé son fusil d’épaule puisqu’il a demandé à ses
représentants de se conformer à la jurisprudence de la Cour de
cassation. Hier, Gaël Yanno et les principaux responsables de
l’UCF ont indiqué publiquement qu’ils proposeront un amendement pour
modifier la loi organique et en revenir au gel simple tel que préconisé
il y a un an par Jean-Marc Ayrault. « La réforme de 2007 instituant le
gel du corps électoral a modifié la Constitution, mais pas la rédaction
de l’article 188 de la loi organique » souligne Gaël Yanno. « C’est
cette carence qui fait que l’autorité judiciaire a ajouté des
restrictions supplémentaires à celles que voulait le pouvoir politique.
Du coup, les indépendantistes tentent aujourd’hui d’exclure à défaut
d’avoir su convaincre. » Pierre Frogier a également prévu de faire
au Sénat une proposition allant dans le même sens. Mais ces entreprises
semblent difficiles puisque la modification d’une loi organique suppose
un vote identique des deux assemblées, et que de surcroît, elle ne
pourrait intervenir qu’après le travail des commissions prévu pour durer
deux mois. A Calédonie ensemble, Philippe Gomès refusait hier
encore d’imaginer une volte-face de l’Etat. « Le Premier ministre s’est
engagé publiquement il y a un an devant l’Assemblée nationale. Il a posé
une ligne de conduite qu’il a explicitement placée dans la continuité
de l’Etat, des signataires, de Michel Rocard et de Lionel Jospin. »
Bref, le politique devrait primer sur l’interprétation juridique. Bouclier. Frédéric
De Greslan fait quant à lui valoir que les milliers de personnes ayant
fait l’objet de recours en radiation infructueux en 2014 sont désormais
protégées par « l’autorité de la chose jugée », et ne pourraient faire
l’objet d’une nouvelle demande de radiation sur les mêmes motifs. Cette
opinion est partagée par le professeur de droit Guy Agniel, mais pas par
Mathias Chauchat, professeur à l’université, et proche de l’Union
calédonienne. Autant dire qu’une querelle de juristes se profile à
Un système à corriger « rapidement »
Publié le vendredi 27 février 2015 à 03H00
Selon le FLNKS, les commissions
administratives spéciales doivent pouvoir « se pencher de nouveau sur
les cas qui nous paraissent douteux ».
Peu avant une rencontre, hier, entre le haut-commissaire et le groupe
du Congrès UC-FLNKS et nationalistes, le bureau politique du Front a
réaffirmé, devant les médias, ses positions et ses attentes sur le corps
électoral spécial. Le matin même, la doctrine de la Cour de cassation
était imprimée dans les colonnes des Nouvelles. En bref, pour voter aux
élections provinciales, il faut avoir été inscrit sur la liste générale
de 1998. Cette orientation était traduite dans un vadémécum, ou mémento,
présenté par le haussaire aux groupes politiques. « L’Etat doit prendre
toutes ses responsabilités pour la bonne tenue du corps électoral
spécial et surtout pour l’affirmation de cette citoyenneté », note
Gérard Reignier, actuel animateur du FLNKS. Si des recours en justice
ont été entrepris, « ce n’est pas par plaisir, c’est par manquement de
l’Etat ».
Le cas de 5 300 personnes
Le
chiffre avait fait du bruit et a hier été rappelé, le cas de 5 300
personnes environ est « à réétudier », selon le Front. Un point
technique a en outre été souligné. « Si le parent est frauduleusement,
ou indûment, inscrit, on va inscrire forcément les jeunes qui n’ont pas
lieu d’être inscrits sur la liste électorale, ajoute Gérard Reignier. La
conclusion est claire, le système doit être corrigé très rapidement.
Evoquée au dernier Comité des signataires, la modification de la loi
organique en faveur, notamment, de l’ajout d’un magistrat supplémentaire
au sein des commissions administratives spéciales, ne sera « actée que
fin avril ou mi-mai ». Soit après la révision annuelle de la liste
électorale spéciale prévue entre le 2 mars et le 16 avril. Intervenu il y
a peu à New York, Mickaël Forrest a souligné que l’ONU mais aussi le
Groupe mélanésien Fer de lance se sont montrés « très sensibles » à la
situation calédonienne.
Corps électoral de Nouvelle-Calédonie: vers une nouvelle polémique
La révision annuelle des listes électorales débute ce lundi.
Une opération administrative qui s’annonce éminemment politique et
polémique. Surtout que l’Etat a changé de cap concernant les conditions
d’inscription sur la liste spéciale.
La notion de corps électoral restreint a toujours
fondamentalement opposé les deux blocs politiques de l'archipel,
indépendantiste et non indépendantiste.Et à quelques jours de la
révision annuelle des listes électorales, la polémique sur
l'interprétation de l'article 188 de la loi organique, qui réglemente le
droit de vote aux élections en Nouvelle-Calédonie, alimente de nouveau
l'actualité.
L’État, à travers un
nouveau vademecum, (document officiel indiquant la conduite à suivre
pour le délégué de l'Etat qui siège au sein des commissions
administratives spéciales chargées de réviser les listes électorales
dans chaque commune), a décidé de suivre la jurisprudence validée par la Cour de cassation qui
en plus des conditions de présence et de résidence en
Nouvelle-Calédonie lie le droit de vote aux prochaines élections
provinciales à l'inscription sur la liste électorale de 1998.
Les
indépendantistes se satisfont du changement de lecture de l’Etat. Le
FLNKS demandera l’examen de 5300 cas...5300 radiations potentielles. Une
liste établie sur la base des personnes qui ont voté aux Provinciales
de 2014 et qui n’étaient pas inscrites en 1998.
De son côté, l’UCF (Union pour la Calédonie dans la France) a tenu à exprimer son inquiétude. Qualifiant d’"arbitraire"
la jurisprudence rendue par la Cour de cassation, l’UCF demande une
clarification et propose un amendement à l’article 188 de la loi
organique.
Pour Calédonie Ensemble, il faut s’en
tenir à la position prise en 2014 par l’ancien Premier ministre
Jean-Marc Ayrault devant l’Assemblée Nationale: "Ainsi, doivent être
électeurs aux élections provinciales toutes les personnes majeures
installées en Nouvelle-Calédonie le 8 novembre 1998 au plus tard, après
avoir satisfait à la condition de dix ans de domicile, ainsi que leurs
descendants atteignant par la suite la majorité...L'examen de la
condition d'installation en Nouvelle-Calédonie en 1998 devra être
conduit avec un soin particulier, sur la base de la consultation de la
liste électorale générale de 1998 ou de tout élément établissant cette
installation " avait déclaré Jean-Marc Ayrault devant l'Assemblée nationale en février 2014.
Si
jamais l’état décidait de revenir sur la position exprimée devant
l'Assemblée nationale, il s’agirait selon le leader de Calédonie
Ensemble, Philippe Gomès, d’une "volte face inacceptable" qui conduirait son parti à entreprendre "un certain nombre d’actions pour que la justice en matière électorale soit rétablie dans en Nouvelle-Calédonie".
La décision de la Cour de cassation va
faire du bruit. Pour voter aux élections provinciales, il faut avoir été
inscrit sur la liste générale de 1998. L’Etat a prévu de suivre sa
jurisprudence. La révision des listes électorales débute dans les
prochains jours.
En 2014, les représentants de l’Etat n’avaient pas
suivi les critères très restrictifs de la Cour de cassation. Cette
année, ils vont le faire, ce qui va changer la donne.
Photo Archives LNC
Les magistrats qui vont procéder à la révision annuelle des
listes électorales arrivent à Nouméa en fin de semaine avec, dans leurs
bagages, les derniers arrêts de la Cour de cassation. Des arrêts -
concernant la liste spéciale (celle des provinciales) - qui sont clairs
et nets : une personne non inscrite sur la liste générale en 1998 et qui
ne peut, par ailleurs, attester de dix années de présence continue sur
le territoire entre 1988 et 1998, ne peut figurer sur la liste
permettant de voter aux élections provinciales.
Plusieurs
décisions de la Cour, prises entre juin et septembre, et toutes rédigées
dans le même sens, mettent donc fin aux débats et interprétations
divers nés de la réforme de la Constitution de 2007. Cette année-là, à
la demande du président Jacques Chirac, le corps électoral, réputé
glissant (évolutif) depuis les Accords de Nouméa, est devenu figé. Cela
signifie que toute personne s'étant installée en Nouvelle-Calédonie
après 1998 se voyait interdite de vote pour les élections provinciales.
Difficile à avaler, notamment pour Pierre Frogier, la décision a fini
par être digérée, tant bien que mal.
Inquiétude.
La polémique a ressurgi l'an passé, lors des élections provinciales,
quand l'UC et le Parti travailliste ont tenté de faire radier plus de
six mille personnes de la liste spéciale, principalement en province
Sud. L'argument des requérants était simple : toute personne non
inscrite sur la liste générale de février 1998 ne pouvait se retrouver
ultérieurement sur la liste spéciale. La justice a majoritairement
rejeté la demande, mais des milliers des Calédoniens s'étaient retrouvés
dans les salles d'audience de Nouméa et de Koné, vieilles factures à la
main, afin de prouver leur présence sur le sol dix ans avant la date
couperet.
Ce fort mouvement d'inquiétude pour les électeurs
potentiels, que le haut-commissaire de l'époque n'avait rien fait pour
calmer, avait connu un apaisement avec la déclaration du premier
ministre Jean-Marc Ayrault. Sa réponse, politique, avait fait de la
présence en Calédonie en 1998 le critère déterminant pour être inscrit
sur les listes spéciales.
Décisions. Reste qu'il y a le texte de la loi organique, précis, sur lequel viennent de s'appuyer les magistrats de la Cour de cassation.
L'article
188-1 de la loi organique de 1999 distingue trois cas : les personnes
présentes sur le territoire en 1988 et avant, les personnes arrivées
entre 1988 et 1998 et, enfin, les personnes non majeures en 1998. Pour
le second cas, qui a été l'objet du litige en 2014, il convient d'être
inscrit sur le fameux tableau annexe de 1998 pour prétendre participer
au scrutin provincial. En pratique, il suffit d'être inscrit sur la
liste électorale générale de 1998, puisque pour figurer au tableau
annexe de 1998, il fallait d'abord être inscrit sur la liste électorale
générale cette année-là. Cette première condition remplie, il fallait
aussi que les personnes aient résidé 10 ans en Nouvelle-Calédonie avant
d'être inscrites sur la liste électorale spéciale.
Le guide remis
par l'Etat aux délégués du haut-commissaire dans les prochaines heures
ira dans ce sens, car, comme le rappelle un conseiller du gouvernement
conscient des remous que va provoquer une telle décision, « dans un Etat
de droit, on respecte les décisions de la justice ».
La révision des listes électorales est prévue pour durer deux mois.
Itinéraire d’un corps glissant, puis gelé
Lorsque
l’accord de Nouméa a été adopté par référendum le 8 novembre 1998, les
électeurs se sont prononcés en faveur d’un texte qui prévoyait un corps
électoral restreint, mais glissant pour les élections provinciales. Pour
y figurer, il fallait justifier d’au moins dix ans de résidence en
Calédonie.
Mais très vite, les indépendantistes ont fait valoir que ce n’était pas
conforme à l’esprit qui avait prévalu lors des négociations de l’accord,
et ont demandé à l’Etat de rendre ce corps électoral gelé. En 2003,
lors de sa venue chahutée en Calédonie, le président de la République
Jacques Chirac s’est engagé dans ce sens. C’était aussi un retour à
l’envoyeur envers Jacques Lafleur qui avait soutenu, en 1995, la
candidature de son rival Edouard Balladur à l’élection présidentielle.
La promesse a été tenue en 2007, par une réunion du Congrès à
Versailles, où la Constitution a été modifiée. Depuis lors, on
considérait qu’il fallait être arrivé avant novembre 1998 pour
prétendre, dix ans après, figurer sur la liste spéciale. Après, la porte
était fermée.
Mais la Cour de cassation, saisie de plusieurs contentieux, a
régulièrement posé ensuite comme condition d’inscription sur la liste
spéciale le fait d’avoir été inscrit sur la liste générale de février
1998.
Le branle-bas de combat chez les partis loyalistes
Cette
année, la position de l’Etat, qui est de suivre la jurisprudence de la
cour de cassation, risque d’aboutir à des milliers de radiations.
Chez les partis loyalistes, c’est le branle-bas de combat. Pierre
Frogier annonce qu’il va intervenir au Sénat, il estime que ce n’est pas
à la justice de trancher la question, mais au pouvoir politique de
clarifier les choses par la loi. Gaël Yanno va demander précisément que
la modification de la loi organique qui se prépare, inclut une
réécriture de l’article 188 qui précise les critères d’inscription, mais
« dont la rédaction remonte à l’époque du corps glissant » et estime
que la Cour de cassation ajoute une restriction qui n’est pas dans le
texte. Philippe Gomès rappelle qu’en 2014, le Premier ministre a fixé la
ligne de conduite des représentants de l’Etat devant la représentation
nationale, à l’Assemblée. « S’il devait y avoir volte-face, ce serait
inacceptable. » Ph.F.
6 700
C’est le nombre
de personnes visées par l’opération de radiation, lancée à quelques
semaines des élections provinciales de mai 2014, par l’Union
calédonienne et le Parti travailliste. L’Onu avait été appelée à la
rescousse.
Repères
Commissions en évolution
Les commissions administratives spéciales de révision des listes
électorales spéciales sont actuellement composées de cinq membres. Un
magistrat de l’ordre judiciaire désigné par la Cour de cassation, un
représentant de l’Etat désigné par le haut-commissaire, un représentant
du maire de la commune concernée, désigné par le maire, et deux
représentants des électeurs, un indépendantiste et un
non-indépendantiste.
Les décisions des commissions sont donc prises à une majorité de trois voix au moins.
Au cours des deux dernières années, les magistrats appliquaient la
jurisprudence de la cour de cassation, mais les représentants de l’Etat
suivaient les consignes de Matignon. D’où les rejets massifs des
demandes de radiation faites par la commission citoyenneté du FLNKS et
du parti travailliste.
Cette année, les représentants de l’Etat ont reçu la consigne
d’appliquer la jurisprudence de la Cour de cassation. Les majorités ne
seront plus les mêmes.
Liste référendaire gelée
L’accord de Nouméa n’avait pas initialement prévu des listes gelées pour
les élections provinciales. En revanche, il l’avait prévu pour la liste
de ceux qui pourront voter aux référendums. Pour être inscrit, il faut
résider en Nouvelle-Calédonie depuis 1994. Ce point n’a jamais été
source de polémique entre indépendantistes et loyalistes.
Le groupe de Wamytan va en premier consulter le Palika.
Roch Wamytan avait annoncé il y a quelques semaines qu’il
préparait une proposition pour tenter de trouver une issue à la crise
politique. C’est fait. Hier, le président du groupe UC-FLNKS et
nationaliste au Congrès, a présenté l’esquisse de ce que pourrait être
un gouvernement d’unité calédonienne qui ferait consensus entre les cinq
groupes politiques constitués au Congrès, et ayant des membres au sein
du gouvernement. Fiscalité, identité kanak, projet éducatif,
service civique, formation professionnelle… La plateforme concoctée par
Roch Wamytan et ses alliés a vocation à être une base de discussion avec
les autres groupes politiques. « Nous allons bien sûr commencer par
l’UNI [le groupe de Paul Néaoutyine, NDLR] puis nous solliciterons les
trois groupes non-indépendantistes, le Front pour l’Unité, L’Union pour
la Calédonie dans la France et Calédonie ensemble », résume Roch
Wamytan.
« Revenir à l’esprit des accords » «
Nous voulons en revenir à l’esprit des accords de Matignon et de
Nouméa. Cet esprit est en train de se détruire peu à peu, et nous qui
sommes signataires de ces accords ne pouvons pas rester passifs
vis-à-vis de cette situation. C’est la raison pour laquelle nous
entreprenons cette démarche. Nous sommes un pays en voie d’émancipation,
c’est donc par nous-mêmes que nous devons trouver une solution : par
la discussion, le consensus et le compromis. Nous proposerons quelqu’un
susceptible de porter ça au sein du gouvernement », détaille l’ancien
président du Congrès. En clair, Roch Wamytan ne serait pas fâché
de voir un indépendantiste présider l’exécutif, dès lors que cela se
passe dans un esprit de collégialité. En revanche, pas question
pour lui de retourner aux élections. « Ça ne servirait strictement à
rien. On retrouverait pratiquement les mêmes forces politiques. » Il
considère également que ça ne sert pas à grand-chose d’aller à Paris. Roch
Wamytan estime également que le contrat de gouvernance solidaire conclu
au lendemain des élections provinciales entre les trois formations
non-indépendantistes était déjà, en soi, une entorse à l’esprit de
collégialité. « Et maintenant, les voilà qui bloquent tout. C’est une
situation que les Kanak vivent de plus en plus mal. »
Il y a 50
ans, le 21 février 1965, Malcolm X, l’une des figures les plus
puissantes du mouvement noir aux USA était assassinée. Orateur de
talent, doté d’un esprit brillant et intuitif, ainsi que d’une grande
probité morale et intellectuelle, l’ex-leader de la « Nation of Islam »
ne se contentait pas de discours incantatoires.
Il
y a 50 ans, le 21 février 1965, Malcolm X, l’une des figures les plus
puissantes du mouvement noir aux USA était assassinée. Orateur de
talent, doté d’un esprit brillant et intuitif, ainsi que d’une grande
probité morale et intellectuelle, l’ex-leader de la « Nation of Islam »
ne se contentait pas de discours incantatoires. Son engagement sans
relâche au service de sa communauté et des droits de l’Homme reflétait
la personnalité d’un homme courageux, vertébré par de fortes
convictions et une foi inébranlable en Dieu. Nous tenterons de retracer à
travers cet hommage, le parcours de ce militant exceptionnel, et
d’expliquer les raisons de son assassinat.
Au crépuscule d’un jour de mai 1924, la vie
intra-utérine de Malcolm fut tirée de sa douce quiétude par les
violences des militants du Ku Klux Klan, abreuvés d’une haine des Noirs
qu’ils dissimulaient sous la blancheur immaculée de leurs cagoules.
Telle une horde sauvage, ils brisèrent les vitres de la maison familiale
pour en découdre avec un père absent ce jour-ci, et dont l’épouse
enceinte, terrorisée par la lâcheté de ces cavaliers, ignorait encore
qu’elle portait dans son ventre les prémisses du destin fulgurant d’un
fils, digne héritier de la lutte des Noirs aux USA.
Malcolm Little naîtra quelques mois plus tard, le
19 mai 1925, à Omaha, dans l’Etat du Nebraska. Il était le septième
d’une famille de huit enfants. Son père Earl avait déjà trois enfants
issus d’un premier mariage. Il était pasteur, militant de l’Association universelle pour
le progrès fondée par Marcus Garvey qui estimait que seul un retour en
Afrique des Noirs d’Amérique leur permettrait d’être de véritables
hommes libres. Sa mère Louise était une Antillaise qui avait la
particularité d’avoir le teint clair en raison du viol de sa mère par un
blanc. D’où les cheveux roux et la peau rougeâtre de Malcolm surnommé
« red » (le rouquin). Ce qui inspirait à ce dernier un sentiment de
répulsion, il avait ainsi appris « à haïr chaque goutte de sang qu’il tenait de l’homme blanc qui avait violé sa grand-mère. »
Sa famille résida plusieurs années à Omaha avant
de s’installer à Milwaukee. Une ville qui sera le théâtre du premier
traumatisme subi par Malcolm au cours d’une nuit de cauchemar. Il avait
en effet à peine 5 ans lorsque les cavaliers récidivistes du Ku Klux
Klan imposèrent impunément leur terreur. Ils mirent le feu à leur maison
afin de sanctionner l’engagement du père au service d’idées jugées
révolutionnaires : « Je me rappelle que nous nous retrouvâmes
dehors, en pleine nuit, en caleçon, pleurant et hurlant de toutes nos
forces. Les policiers, les pompiers blancs étaient là ; ils regardèrent
la maison brûler jusqu’à ce qu’il n’en restât rien. » Des violences
qui marqueront à jamais Malcolm. De Milwaukee, la famille Little fut
contrainte de déménager à Lansing, dans l’Etat du Michigan. La jeune
existence de Malcolm semble être vouée à la damnation, comme pour mieux
creuser le sillon d’une destinée qui lui donnera son viatique pour
l’histoire.
Louise et Earl Little, les parents de Malcolm X
De l'année 1931, il ne retiendra que l’image d’une
mère nerveuse et bouleversée. Cet état psychologique fut déclenché par
une vision : celle de la mort de son mari, qui se confirma au cours de
cette même année. La promesse du sang des cavaliers imprécateurs du Ku
Klux Klan fut tenue. Le décès du père de Malcolm, dont la famille avait
déjà été décimée par le meurtre de cinq de ses six frères par ces mêmes
racistes, marqua le nouvel acte d’une tragédie qui frappa la dynastie
Little et que rien ne vint conjurer.
Enlevé à sa famille
Le tempérament d’une mère courage émergea alors
sous le coup de ce destin funeste. Confrontée sans aide à l’éducation de
ses enfants, la veuve Little en perdit le goût de la vie. L’ultime
épreuve fut infligée par l’assistance sociale qui s’empressa d’arracher
tous les enfants à l’affection de leur mère. Seule et sous le choc de ce
drame, elle perdit la raison, avant d’être internée à l’hôpital
psychiatrique de Kalamazoo.
Malcolm X se souvient en 1957 d’une de ses visites :
« Je ne peux pas vous dire ce que j’éprouvai alors. La femme qui
m’avait mis au monde, choyé, conseillé, puni, aimé, ne me reconnaissait
pas. Je la regardais. Je l’écoutais ‘’parler.’’ Mais je ne pouvais rien
pour elle. Je crois vraiment que, si jamais famille fut détruite par
l’Assistance publique, c’est bien la nôtre. Cette désintégration du
foyer n’était pas nécessaire. Mais les gens de l’assistance, les
tribunaux et leurs médecins nous ont donné le coup de grâce. Et nous
n’étions pas les seuls dans ce cas . »
Malcolm est un adolescent sans repères, dévoré par
un terrible sentiment d’injustice. Il erre dans les dédales d’une vie
mouvante, d’où se profile comme un déterminisme, un horizon sans énigme
qui se confond avec la couleur de son épiderme. Après un passage auprès
d’une famille d’accueil blanche, le jeune adolescent atterrit dans une
maison de détention à Mason, dirigée par un couple de notables blancs du
Michigan : les Swerling.
Cette maison de détention constituait en fait une
escale avant l’entrée dans une maison de redressement. Mais grâce aux
relations de Mme Swerling, Malcolm fut inscrit dans un lycée à Mason,
échappant ainsi à la maison de redressement. Evoquant son séjour chez le
couple Swerling, Malcolm écrivait : « Devant moi, ils parlaient de
tout et de rien, comme on dit n’importe quoi devant son canari. Ils
parlaient même de moi, ou des niggers, comme si je n’étais pas là, comme
si je ne comprenais pas le sens de ce mot. Mais ce n’était pas par
méchanceté... ils ne leur est jamais venu à l’esprit que j’étais capable
de comprendre, que je n’étais pas un toutou, mais un être humain. »
Au lycée blanc de Mason, Malcolm se distingua
rapidement par de brillants résultats, notamment dans ses matières de
prédilection que sont la littérature et l’histoire. Son professeur
d’Anglais qui l’appréciait particulièrement, interrogea un jour Malcolm
(à l’occasion d’une conversation après la classe), sur la profession
qu’il souhaiterait exercer plus tard. Malcolm répondit « avocat » avec la naïveté d’un adolescent pour qui le rêve et l’ambition n’avaient pas de couleur.
Malcolm X, jeune
Le professeur Ostrowski invita alors le jeune
élève « ambitieux » à faire preuve de plus de réalisme en lui
conseillant de s’orienter vers un métier manuel plus conforme à son
« statut de noir ». Malcolm comprit alors que le noir de sa peau
déterminerait son futur professionnel bien plus que ses bons résultats
scolaires. Il décida de quitter sans regrets le lycée pour rejoindre sa
demi-sœur Ella à Boston. Paradoxalement, avec le recul, Malcolm jugera
salvateurs les propos du professeur Ostrovski : « Je remercie Allah de m’avoir envoyé à Boston à ce moment- là, sinon je serais sans doute un chrétien noir au cerveau bien lavé. »
Au bout de l’arrestation, le destin
Nouvellement arrivé à Boston, « red » ne tarda pas
à préférer le ghetto au quartier de la classe moyenne noire où résidait
sa demi-sœur Ella. Malcolm affiche son mépris pour ces Noirs qui
aspirent à être plus blancs que blanc. Il est hanté par sa négritude
dont il ne parvient pas à dessiner les contours. Sa mémoire est
tourmentée par les récits de l’histoire de ses ancêtres déracinés de la
terre mythique d’Afrique. Il se mit à la recherche d’un emploi et
rencontra Shorty qui l’introduisit dans le milieu des cabarets de nuit
de la région. Il devint cireur de chaussures dans les bals du Roseland.
Il astiqua les chaussures de grands « jazzmen », tels que Duke Ellington
ou Lionel Hampton. Pour l’anecdote, Malcolm ne manqua jamais de
rappeler avec humour que le grand musicien Duke lui doit toujours « quinze cents pour un cirage ». Ce travail était en fait une couverture.
Duke Ellington
La brosse à reluire de Malcolm dissimulait une autre activité
beaucoup moins reluisante : celle de vendeur de Marijuana. Mais le
rouquin dont les ambitions de délinquants se trouvaient à l’étroit à
Boston, entreprit d’élire domicile dans le fameux quartier d’Harlem à
New York. Sur les nouveaux lieux de ses « exploits » d’apprenti caïd,
Malcolm connut la consécration. Rompu à toutes les combines de la rue,
il se construisit une réputation de petit prince de la pègre, doté
néanmoins d’un véritable code d’honneur. Auréolé de ce titre, Malcolm
consuma sa vie entre les filles faciles et la drogue.
Mais le trône de ‘’red’’ est très convoité. La
disgrâce le guette dans le ghetto. Au cœur de Harlem, Malcolm fut
rapidement pris dans un règlement de comptes entre les différents gangs
du milieu. Menacé dans sa vie, Malcolm se replia sur Boston où il monta,
en association avec son ami de toujours Shorty, une petite équipe de
cambrioleurs. Son retour à Boston ne fut que la poursuite de sa vie
nihiliste. Avec sa nouvelle équipe de malandrins, Malcolm étoffa son
palmarès de nageur en eaux troubles, avant que son arrestation ne lui
fît boire la tasse.
Contrairement au film de Spike Lee, l’arrestation
de Malcolm X n’a pas eu lieu alors qu il était en train de se défriser
les cheveux. La véritable arrestation de Malcolm s’est déroulée ainsi :
« J’avais donné à réparer une montre volée. Mes armes faisaient
partie de mes vêtements, comme mes cravates. J’avais mis mon pistolet
dans un étui accroché à mon épaule, sous mon manteau. J’appris par la
suite que le propriétaire de la montre avait indiqué la réparation dont
elle avait besoin. Une très belle montre, c’est pourquoi je l‘avais
gardée pour moi. Et tous les horlogers de Boston étaient alertés. Le
juif attendit d’être payé avant de poser la montre sur le comptoir. Puis
il donna le signal. Un autre type apparut, du fond de la boutique, et
se dirigea vers moi. Il avait la main droite dans la poche. C’était un
flic, évidemment.
- Passez au fond, dit-il d’une voix calme.
- Je m’apprêtais à obéir lorsqu’un autre Noir,
innocent celui-là, entra dans le magasin. J’appris plus tard qu ‘il
avait fini son service militaire justement ce jour-là. Le flic pensa que
c’était un associé, et se tourna vers lui.
Je demeurais là, armé, immobile, pendant que
l’inspecteur, me tournant le dos, interrogeait l’autre Noir. Encore
aujourd'hui, je suis persuadé que même alors Allah était avec moi. Je
n’ai pas essayé de le descendre. Et c’est ce qui m’a sauvé la vie. Je me
souviens que l’inspecteur s’appelait Shark. Je levai les bras en l’air
et lui fis signe :’’ Prenez mon pistolet’’ dis-je. Je le regardais
faire. Il était comme hébété. En voyant entrer l’autre noir, il n’avait
plus pensé que je pouvais être armé. Il était vraiment très ému parce
que je ne l’avais pas descendu. Mon arme à la main, il donna le signal.
Deux autres inspecteurs sortirent de leurs cachettes. Ils m’avaient donc
tenu en joue. Un faux mouvement et ils auraient tiré. J’ai du revenir
mille fois dans mon esprit sur cette journée où j’ai échappé à la mort.
C’est pourquoi je suis convaincu que tout est écrit. »
La révélation en prison
Après son arrestation, Malcolm est jugé et
condamné à 10 ans de prison en février 1946. Son tempérament fougueux
souffre de l’enfermement. Il ne lui reste qu‘ à méditer ses rêves de
liberté dans l’exiguïté de sa cellule. Dans la prison de Charleston, il
se prend d’amitié avec un détenu très respecté nommé Bimbi qui le
fascine par son savoir et sa grandiloquence. En 1948, Malcolm est
transféré à la prison de Concord, où il reçoit une lettre de ses frères
Philbert et Reginald qui lui affirment « avoir découvert la religion naturelle de l’homme noir et lui demande de ne plus manger de porc. » Ils concluent la lettre en lui annonçant : « Que Dieu venu en Amérique était apparu à un homme nommé Elijah Mohammed. »
L’année suivante, Malcolm est à nouveau transféré
dans la ‘’confortable’’ prison de Norfolk dans le Massachusetts. Les
détenus ont un accès sans autorisation à une bibliothèque qui avait été
léguée par un millionnaire du nom de Parkhurst. Malcolm dévore tous les
livres qui se présentent à lui et recopie dans son intégralité le
dictionnaire.
La découverte de la lecture éveille en Malcolm « ledésir profond, latent, de vivre intellectuellement. » Servi
par une mémoire phénoménale et de grandes facultés d’apprentissage,
Malcolm acquiert rapidement une solide culture qui lui permet
d’effectuer en prison des exposés sur l’historien grec Hérodote, le
philosophe Socrate, ou encore sur Shakespeare. Son esprit, qui jadis
divaguait sous l’effet de la drogue, exulte désormais au rythme de ses
prestations intellectuelles. Il renoue également en prison avec sa
négritude.
Au service de la « Nation of Islam »
A sa sortie de prison en 1952, Malcolm se précipite vers le bain turc afin d’enlever le relent de prison qui « lui collait à la peau. » Il
s’installe à Détroit chez son frère Wilfried et occupe un poste dans le
magasin de meuble de ce dernier. Le soir après le travail, Malcolm part
prêcher dans le ghetto la doctrine véhiculée par Elijah Mohammed au
sein de la « Nation Of Islam ». Il est nommé l’année suivante assistant
pasteur du temple numéro 1 de Detroit. Le rouquin se prénomme désormais
Malcolm X, abandonnant ainsi définitivement son nom d’esclave.
Elijah Muhammad, dirigeant de la Nation of Islam
Ce X, symbole de l’inconnu en mathématique,
enclenche la quête identitaire de Malcolm dont l’anonymat est compté. Le
recrutement de Malcolm par les Blacks Muslimsconstitue une
véritable aubaine. Il contribue rapidement au prestige et au
développement de cette organisation. La « Nation of Islam » fut
véritablement créée en 1930 à Detroit par un commerçant du nom de W D.
FARD qui mourut en 1934. Un autre hurluberlu, Elijah Poole succède à
Fard, et substitue son nom d’esclave Poole par celui de Mohammed.
La « Nation of Islam » insiste sur le comportement
moral de ses adeptes et prône la séparation des races blanches et
noires. Les origines de L’Islam aux Etats-Unis remontent en fait à
l’arrivée des premiers esclaves d’Afrique, parmi lesquels certains
étaient musulmans. En août 1966, dans sa préface du livre de Georges
Breintman, Malcolm X, le pouvoir noir, Claude Julien rapporte le témoignage d’un correspondant du TIMES qui relate sa réception chez un riche blanc où le service domestique était assuré par des esclaves musulmans : « James Cooper (1794-1866) possédait en Géorgie cinq cents esclaves dont une douzaine au moins étaient musulmans. »
Il écrivit à propos de l’un deux : « Sali Bul Ali est un strict mahométan ; il ne boit pas d’alcool, respecte certains jeûnes, en particulier celui du Ramadan. » Claude Julien poursuit en signalant « qu‘un
esclave musulman atteignit une incontestable notoriété : un certain
Job, né en 1701 ou 1702 sur les rives de la Gambie, fut capturé en 1730
et expédié au Maryland où il travailla dans une plantation de tabac,
s’évada, fut capturé et emprisonné. Des abolitionnistes achetèrent sa
liberté et lui payèrent le voyage jusqu’en Angleterre, où il fut reçu à
la Cour royale. Il rentra chez lui vers 1735 et s’adonna au commerce. Il
savait le Coran par cœur. »
Le dévouement de Malcolm X et ses qualités de
tribun font merveille. Il connaît une ascension fulgurante au sein de la
« Nation of Islam » devenant l’objet de sollicitations régulières de la
presse américaine.
En 1958, il se marie avec Betty X dans l’Indiana.
De cette union naîtront 4 filles : Atilah, Kubilah, Ilyasah, et Amilah.
Betty disparaîtra (ironie d’un sort cruel) en 1997, suite à un incendie
provoqué dans sa maison par son petit-fils prénommé Malcolm !
Trahi par les siens
La popularité de Malcolm X fait alors beaucoup
d’envieux et suscite la jalousie parmi les dirigeants de la « Nation of
Islam », certains allant jusqu'à le discréditer en faisant circuler des
rumeurs d’enrichissement personnel.
Durant l’automne 1963, Elijah Mohammed profite
d’une déclaration ambiguë de Malcolm X sur la mort du président Kennedy
pour le suspendre de la « Nation of Islam » pendant 90 longs jours.
Malcolm X transforme cette suspension en une rupture. Il crée la
« Muslim Mosque » (La Mosquée Musulmane) en 1964, avant de programmer
son départ pour la Mecque afin de s’initier à la connaissance d’un Islam
authentique. Il rencontre le docteur Chawarbi, un imminent savant
musulman en poste à l’ONU, qui lui remet une lettre approuvant sa
candidature au pèlerinage, facilitant ainsi l’obtention d’un visa pour
l’Arabie saoudite.
Malcolm X avec le grand boxeur Mohammed Ali
Au cours de ce voyage, il rédige une lettre, le 20
avril 1964, à Djeddah (Arabie saoudite), qui dépeint l’atmosphère
chaleureuse et fraternelle entre toutes les races unies autour de
L’Islam : « Dans le monde musulman, je venais de voir pour la
première fois de ma vie des hommes à la peau blanche se conduire avec
moi comme des frères. » Il est également surpris de sa notoriété et
du prestige que rencontre dans le monde son combat. Il est l’hôte du
prince Faycal d’Arabie saoudite, ainsi que de prestigieux chefs d’Etats
africains.
A son retour de la Mecque, Malcolm X fonde
l’organisation pour l’unité afro-américaine. Il prend conscience de
l’intérêt de donner une dimension internationale à la lutte des Noirs
aux USA. Il entreprend une autre tournée en Afrique, ponctuée par des
visites de la casbah de Casablanca et de celle d’Alger, suivie d’une
autre tournée au Proche-Orient. La pensée de Malcolm s’enrichit et
s’ouvre sur l’universalisme. Il abandonne définitivement le projet
séparatiste avec la société américaine, au profit d’une transformation
du système américain à même d’assurer l’émancipation de la communauté
noire.
Sa rupture avec la « Nation of Islam » était en fait prévisible. Le 1er juin 1964, il déclare au magazine Jeune Afrique : « Si
j’ai quitté le mouvement des Blacks Muslims, c’est parce que j’estimais
qu’il était trop sectaire et que ce sectarisme finissait par paralyser
son action militante ». Cette évolution idéologique forgera en
partie la grandeur de Malcolm X, dont la disparition précoce annihilera
la nécessaire maturation d’une pensée encore naissante.
Le 13 février 1965, il regagne les USA après un
long périple en Europe marqué par une interdiction d’accès du territoire
français par les autorités françaises qui ont agi visiblement sous la
pression du gouvernement américain. Cette décision a provoqué
l’indignation de Malcolm X, qui devait s’exprimer dans un rassemblement
en faveur de la lutte des Noirs aux USA, organisé par des parisiens, des
Afro-américains, ainsi que des militants des Caraïbes, et d’Afrique.
Une interdiction d’autant plus scandaleuse, que Malcolm X avait effectué
un séjour plutôt réussi en France en novembre 1964.
Il sera assassiné le 21 février 1965 dans la salle
de bal Audubon. Son corps sera criblé de 13 chevrotines et de plusieurs
balles : « J’ai toujours pensé que je mourrais de mort violente et j’ai fait mon possible pour m’y préparer » pressentait
Malcolm X. Trois membres des Black Muslims, Norman 3x Butler, Thomas 15
X Johnson, et Talmadge Hayer seront condamnés à la prison à vie, le 14
avril 1966, pour le meurtre de Malcolm X. Ses obsèques se déroulèrent
devant une foule immense. Malcolm X fut enterré au cimetière de
Farncliff à New-York. Sur la plaque de son cercueil fut gravé : « El Hadj Malik ‘’El-Shabazz-19mai1925-21février1965. » Sa fille de 6 ans, Attilah, exprima avec candeur son chagrin dans une lettre : « Cher papa, je t’aime tant, mon Dieu, mon Dieu, comme je voudrais que tu ne sois pas mort. »
Qui sont les véritables commanditaires de l’assassinat de Malcolm X ?
Jusqu’à ce jour les commanditaires de l’assassinat
de Malcolm X n’ont jamais été clairement identifiés. Cependant,
l’hypothèse d’une action concertée entre Le « FBI » et la « Nation Of
Islam » n’est pas à exclure. Ces deux milieux avaient en effet quelques
intérêts à la liquidation de Malcolm X.
Egar Hoover, directeur du FBI de 1935 à 1972
Depuis 1964, date de sa rupture avec la « Nation
of Islam », Malcolm X ne se privait pas de dénoncer la corruption et le
charlatanisme des dirigeants de cette organisation. Dans un entretien
accordé, le 8 janvier 1965, au Young Socialist, il déclara que : « La
« Nation Of Islam » ne prend aucune autre part dans la lutte des noirs
de ce pays pour changer leurs conditions, si ce n’est celle d’offrir une
force morale pour amener nos gens à cesser de se saouler ou de se
droguer. C’est insuffisant une fois sobre, vous restez pauvre (...) Tous
ces militants déterminés ont été paralysés par une organisation qui ne
prend aucune part active dans aucun combat. »
Pire encore pour la « Nation of Islam », dans un
discours daté du 3 avril 1964, prononcé à l’église méthodiste de Cory,
Malcolm X soulignait son impuissance en offrant une alternative
politique crédible à la lutte des Noirs : « Pour terminer,
j’aimerais vous dire quelques mots de la « Muslim Mosque » que nous
avons récemment fondée à New-York. C’est vrai nous sommes musulmans,
notre religion est l’Islam, mais nous ne mélangeons pas notre religion
et notre politique (nous ne les mélangerons plus). Une fois nos offices
terminés, nous nous engageons, en tant que musulmans, dans l’action
politique, l’action économique et l’action sociale et civique. Nous y
participons en tous lieux, en tous temps, et de toutes les façons aux
côtés de tous ceux qui luttent pourmettre un terme aux maux politiques, économiques et sociaux, qui affligent notre communauté. »
D’autre part, quelques jours avant son assassinat, Malcolm
X menaça au cours d’un meeting à Détroit, organisé par l’Afro-American
Broadcasting Compagny, de faire des révélations sur les dirigeants de la
« Nation of Islam » : « Ils ont ouvert la polémique contre moi et,
qui plus est, tenté de me réduire au silence, parce qu’ils n’ignorent
pas ce que je sais sur leur compte. A mon avis, ils devraient me
connaître assez bien pour savoir qu’ils ne parviendront sûrement pas à
me faire peur. Mais lorsque je révèlerai ce que je sais, il est
des faits relatifs à la Nation of Islam qui vous scandaliseront, lorsque
vous en aurez connaissance. »
Elijah Muhammad, dirigeant de la Nation of Islam vivait dans le luxe et multipliait les frasques sexuelles.
Le tournant idéologique de Malcolm X dérange
Dans une correspondance rédigée depuis Lagos
(capitale du Nigéria) le 10 mai 1964, Malcolm X confirme clairement son
évolution qui l’amène à transcender le clivage racial entre Noirs et
Blancs : « Le Coran fait au monde et au musulman une obligation de
prendre le parti de ceux dont les droits humains sont violés, quelle que
soit la conviction religieuse des victimes. La religion de l’Islam
tient à cœur les droits de tout le genre humain, sans distinction de
race, de couleur ou de croyance. Pour elle, tous (et chacun) sont
membres d’une seule et même famille, la famille humaine. »
Cette évolution de la pensée de Malcolm X
s’accompagne d’une nouvelle stratégie politique. Il décide de projeter
la question du statut des Noirs américains au-delà des frontières
américaines, à travers la recherche de soutiens et de relais à son
combat sur une scène internationale marquée, alors, par l’émergence de
nouvelles nations en lutte contre toutes les formes d’impérialisme et de
colonialisme : « La seule façon dont nous nous libérerons passe par
notre identification avec les peuples opprimés du tiers monde.(...)
quand les 22 millions d’Américains noirs s’apercevront que nous avons le
même problème que les opprimés du Vietnam du Sud, du Congo et de
l’Amérique Latine - étant donné que les opprimés constituent la majorité
et non la minorité sur cette terre, nous serons amenés à envisager
notre problème en majorité capable de revendiquer et non plus en
minorité réduite à la mendicité. » (Meeting à New-York, salle Audubon, le 20 décembre 1964)
Rencontre entre Malcolm X et Fidel Castro
Le tournant idéologique opéré par Malcolm X (abandon du projet
fantaisiste de séparatisme, passage du nationalisme noir à
l’universalisme, déplacement de la lutte des Noirs à un niveau plus
politique) conférait à son combat une efficacité et un réalisme qui
faisaient de lui un opposant redoutable à certains cercles du
gouvernement américain.
Malcolm X ne manquait jamais de fustiger la
politique étrangère américaine. Sur le plan intérieur, il renvoyait dos à
dos les partis républicain et démocrate en plaidant pour un vote noir
indépendant, ainsi qu ‘il a annoncé au cours du Harvard Law School
Forum, le 16 décembre 1964 : « Il faut que nous acquérions une
meilleure compréhension de la science politique et que nous nous
fassions inscrire sur les listes électorales. Nous ne devons pas
prendre, de quelque façon que ce soit, fait et cause pour l’un
quelconque de ces partis. A mon avis, nous devrions limiter notre action
politique à la situation donnée, sans du tout chercher à nous
identifier ou à nous vendre à l’un des deux partis, mais en nous
engageant dans une action politique consacrée au bien des êtres humains
et destinée à en finir avec toutes ces injustices. »
Malcolm X et Martin Luther King
L’évolution idéologique de Malcolm X enlevait en
fait tout argument de « diabolisation » à ses ennemis qui souhaitaient
le confiner dans une marginalisation stérile. Bénéficiant d’une aura
internationale, il devenait un interlocuteur et un acteur politique
crédible de la société américaine.
Ce qui explique qu’il était sous la surveillance
permanente du FBI et de la CIA, dont il n’avait de cesse de dénoncer
l'espionite aiguë : « On nous surveillait. Nos téléphones étaient
sur table d’écoute. Aujourd’hui encore, si je devais parler au téléphone
de bombarder l’empire State Building, je vous garantis que ce
gratte-ciel serait cerné dans les cinq minutes ». Le journaliste Alex Haley (auteur du fameux roman Racines transposé en feuilleton à l’écran) avec qui il rédigea son autobiographie, rappelait qu’avant de rentrer chez lui, Malcom X prononçait la formule rituelle « Allo ! allo ! le FBI, vous êtes branchés ? Parfait, ici Malcolm X. »
Alex Haley
Cette surveillance du FBI n’est que le compartiment d’un programme de contre-espionnage mis en place en 1956 et surnommé le Cointelpro.Ce
programme, qui avait été initialement élaboré en direction des
sympathisants et militants du parti communiste américain, sera
prioritairement orienté en 1967 vers les mouvements noirs.
Le FBI a ainsi défini en des termes pour le moins explicites la mission du Cointelpro qui consiste à « démasquer,
briser, fourvoyer, discréditer, ou au moins neutraliser les activités
des organisations nationalistes noires qui prêchent la haine ». L’objectif
du Cointelpro, tel qu‘il a été assigné en 1967, visait à l’époque un
des principaux mouvements nationalistes noirs influencé par Malcolm X : les Blacks Panthers, (Blacks Panthers Party fondé en Californie par deux étudiants en droit : Huey P.Newton et M.Bobby Seale).
Huey Newton & Bobby Seale
Certes, ce programme intervient deux années après
la mort de Malcolm X, mais il démontre la volonté notoire du FBI de
recourir à toutes les méthodes de répression y compris le crime pour étouffer toute voix contestataire noire du système américain.
L’ignoble Hoover, responsable du FBI durant cette période, n’avait-il pas rédigé une note qui annonçait clairement que « Le
Cointelpro doit empêcher la naissance d’un messie qui pourrait unifier
et électriser le mouvement nationaliste noir (...) Il faut faire
comprendre aux jeunes Noirs modérés que, s’ils succombent à
l’enseignement révolutionnaire, ils seront des révolutionnaires morts(...) ne vaut-il pas mieux être une vedette sportive, un athlètebien payé ou un artiste,
un employé ou un ouvrier plutôt qu‘un Noir qui ne pense qu’à détruire
l’establishment et qui, ce faisant, détruit sa propre maison, ne gagnant
pour lui et son peuple que la haine et le soupçon des Blancs ! »
Malcolm X, qui se définissait comme le Noir « le plus en colère de l’Amérique », reste
une des figures les plus emblématiques de la lutte des Noirs contre
l’oppression et le racisme. Il a inscrit son nom dans le panthéon des
personnalités musulmanes du siècle précèdent. Sa méfiance viscérale de
tous les pouvoirs honorait un homme pour qui la défense de son idéal
avait le prix du sacrifice. Son combat désintéressé et sans
compromission était marqué du sceau de la foi en Dieu.
Ainsi dans son autobiographie, il concluait le dernier chapitre sur ces paroles : « Si
je meurs en ayant apporté la plus petite lumière, la plus petite
parcelle de vérité, si je meurs en ayant pu contribuer à détruire le
cancer raciste qui ronge la chair américaine, alors, tout le mérite en
revient à Allah. Ne m’imputez que les erreurs. » Rien, pas même
l’ombre de la mort, ne venait altérer la détermination d’un homme mû par
de puissantes convictions et dont la bravoure n’avait d’égal que son
immense humilité.
Le salon anticolonial de Paris rend hommage à Eloi Machoro et à Malcom X
Le week-end dernier (*), à la Bellevilloise dans le 20ème
arrondissement de Paris, le Collectif « Sortir du Colonialisme » avait
organisé deux temps forts dont un qui nous concernait directement :
l'hommage à Eloi Machoro, au combat qu'il a mené pour notre peuple. Le
second hommage portait sur le parcours de Malcom X et son combat pour sa
communauté. Cet évènement entre dans le cadre de la semaine
anticoloniale qui a débuté le 14 février et va s'étendre jusqu'au 2
mars.
Moments de partage, de souvenirs, de rencontres entre historiens,
sociologues, journalistes, associations et militants, moments de
solidarité qui tranchent avec cette atmosphère politicienne où les
convoitises de pouvoir et les « raisons d’état » ont abandonné l’humain.
Dimanche 15 février vers midi, la salle était pleine. Trois portraits
d’Eloi siégeaient sur la scène, sur l’écran des vidéos et des photos de
l’époque, des images des meetings à Paris et de la grande manifestation
parisienne au lendemain de la mort d’Eloi et de Marcel. Parmi le
public, des militants anticolonialistes, qui en janvier 1985, indignés
avaient bravé le froid et manifesté derrière la banderole « Nous sommes
60 000 Machoro ».
« Yvannick (1) a rappelé les grandes lignes de la vie d’Eloi et les
circonstances de sa mort. René (2) avait croisé Eloi quand il vivait en
Nouvelle Calédonie, il a apporté des témoignages émouvants. Mehdi
(3/-2ème à gauche) au nom de l’AISDPK (Association d’Information et de
Soutien aux Droits du Peuple Kanak) a rappelé la situation politique et
la nécessité de continuer ici aussi à soutenir la lutte du peuple kanak
jusqu’à son indépendance. Moi-même, j'ai assuré la présentation générale
et la logistique. Quand à Denis (4), il a récité un texte. Un
témoignage fort montrant l'estime qu'il a pour Eloi et Marcel », a
expliqué Yasmina Kherfi, représentante de l’Ustke en France.
« Maalak Shabazz, la fille de Malcom X (ci-dessus au milieu) et
Mireille Fanon-Mendes France, la fille de Frantz Fanon assises au
premier rang, ont écouté ces témoignages avec beaucoup d’attention puis à
leur tour ont pris la parole pour raconter le parcours de leur père,
leur combat pour la dignité », a-t-elle rajouté.
Bio express de Malcom X
Né le 19 mai 1925 à
Omaha (N.E). Malcom X aura vécu un peu moins de 40 ans. Malcom X est
mort le 21 février 1965. Il connaît une ascension fulgurante vers le
mythe de l’homme noir qui se bat contre l’injustice. Il est assassiné
alors qu’il vient de débuter un discours à la salle de bal Audubon à
New-York. (source : malcomx.fr)
* Les 14 et 15 février 2015.
(1) Yvannick Waikata, étudiant en France. (2) René Renaudin, ancien
militant de la Fédération de l'Enseignement Ustke. (3) Mehdi Lallaoui,
réalisateur. Il réalise un portrait "Jean-Marie Tjibaou ou le rêve
d'indépendance " en 2001, " Retour sur Ouvéa " en 2008, puis en 2010 "
La délégation ou le voyage en Kanaky". (4) Denis Pourawa, poète kanak
Alors que 2015 marque le cinquantième anniversaire de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux,
le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a appelé hier * à
finaliser le processus de décolonisation, dont l'accompagnement figure
parmi les mandats historiques de l'Organisation.
« Le succès de nos efforts continue de dépendre de la volonté politique
de toutes les parties concernées », a déclaré M. Ban dans un discours
prononcé à l'ouverture de la session annuelle du « Comité spécial des
Vingt-Quatre », le surnom donné au Comité spécial des Nations Unies
chargé d'étudier la situation concernant l'application de la Déclaration
sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.
« Tout au long de l'année 2014, le Comité a entrepris des initiatives
importantes pour poursuivre ses travaux sur la décolonisation », a
poursuivi le chef de l'ONU, se félicitant notamment de la
Mission dépêchée par le Comité en mars 2014 dans l'un des Territoires
non autonomes inscrits au processus de décolonisation de l'ONU, la
Nouvelle-Calédonie,qui dépend de la Puissance administrante française.
On dénombre à l'heure actuelle 17 Territoires non autonomes à
travers le monde relevant de la compétence du Comité spécial des
Vingt-Quatre : le Sahara occidental, Anguilla, les Bermudes, les Îles
Caïmans, les Îles Falkland (Malvinas), les Îles Turques-et-Caïques, les
Îles Vierges américaines, les Îles Vierges britanniques, Montserrat,
Sainte-Hélène, Gibraltar, Guam, la Nouvelle-Calédonie, les Îles Pitcairn, la Polynésie française, les Samoa américaines et Tokélaou.
Ces 17 Territoires non autonomes dépendent de quatre Puissances
administrantes au total : le Royaume-Uni, les Etats-Unis, la France et
la Nouvelle-Zélande.
« Les cycles de dialogues qui ont été lancés en 2013 entre le Bureau du
Comité et chacune des quatre Puissances administrantes, ainsi que
diverses autres parties prenantes, ont été reconduits avec succès l'an
dernier », a également salué M. Ban, notant avec satisfaction le climat
de coopération fructueux instauré entre le Comité, les Puissances
administrantes et les Territoires non autonomes.
« Saisissons cet élan positif et plaçons la décolonisation au sommet de
l'ordre du jour », a déclaré le secrétaire général, tout en renouvelant
son soutien au Comité spécial de la décolonisation. Rappelant les
principes de la Charte des Nations Unies, M. Ban a appelé la communauté
internationale à se saisir de la question du droit des peuples à
l'autodétermination afin de trouver les moyens de mener à son terme le
processus de décolonisation.
Ce report du congrès, « ça nous fait quelque chose
», insiste Jean-Irénée Boano, entouré de Rachel Solier (à gauche) et de
Françoise Caillard (à droite).
Chargée initialement d’organiser le 34e
congrès du FLNKS à Saint-Louis, l’association Mwâ Ni Jë a réuni samedi
les médias afin d’exprimer son mécontentement après le report de
l’événement. L’équipe compte rebondir.
Les Nouvelles calédoniennes : L’association affiche sa déception après le report du congrès du FLNKS. Mais pourquoi, au fond ? Jean-Irénée
Boano : L’association Mwâ Ni Jë [arc-en-ciel, en langue drubea, NDLR],
mise en place en 2007 et qui a décroché deux élus à l’élection
municipale du Mont-Dore, va au-delà des murs du FLNKS, avec la Dynamik
unitaire Sud, le Parti travailliste, ou encore les écologistes… C’est
sur cette base qu’on a décidé de travailler pour accueillir le congrès
du Front. Malheureusement, cela n’a pas pu se faire, on est désolés.
Un fait politique explique-t-il ce report de l’événement proposé à Saint-Louis ?C’est
la question que l’on se pose : pourquoi annuler sur Saint-Louis ?
Peut-être parce que Roch [Wamytan, grand chef de la tribu, NDLR] a été
proposé par l’Union calédonienne pour être un des candidats pour la
présidence du FLNKS ? On ne sait pas trop, la question reste posée. Nous
avons répondu favorablement pour prendre ce congrès parce que nous
avons les infrastructures adaptées. C’était normalement à Ko We Kara,
mais il y a des travaux. Il fallait trouver une solution dans un délai
de quinze jours. Certains comités locaux, comme ceux de Dumbéa ou de
Païta, ne pouvaient pas. Et voilà pourquoi on a proposé ce site-là. Nous
avons tout ce qu’il faut pour pouvoir répondre rapidement. L’UPM
Victor Tutugoro, qui a exprimé son désaccord sur le lieu, a parlé de «
la charge émotionnelle autour de Saint-Louis ». Comprenez-vous ces
mots-là ?Je ne comprends pas ces mots. Ce ne sont que des
mots. Moi, « la charge » que je vois, c’est celle qui repose sur les
militants de terrain suite à l’appel que l’on a lancé pour préparer ce
congrès. C’est cette « charge » là qui nous pose soucis parce que le
congrès a été annulé, alors que des gens se sont déjà mobilisés pour
l’organisation.
Y a-t-il une opposition entre partis ?Non, non, pas du tout, on n’est pas opposés [à l’UPM et au Palika, NDLR]. Si
le congrès était reporté au mois de mars, d’après ce que je sais,
l’Union calédonienne a dit que ce serait à Saint-Louis. C’est en fait
reporté au trimestre suivant sous l’animation du Palika.
Les
affrontements avec les forces de l’ordre en mai dernier n’ont pas aidé
: Saint-Louis traîne une mauvaise réputation. L’organisation d’un
congrès dans la tribu avait-elle aussi pour but de casser cette image ?Pour
nous, organiser un congrès à Saint-Louis, ce n’était pas, dans un
premier temps, pour casser cette image. Mais c’était de répondre
favorablement dans un délai très court : on a l’espace qu’il faut. C’est
vrai, l’image de Saint-Louis est là. Il faut que l’on se mette autour
d’une table pour trouver des solutions à ces difficultés. Ce n’est pas
en écartant Saint-Louis que l’on va résoudre ses problèmes. Au
contraire. Il faut y venir et constater.
Une journée de débats le 28
«
On ne veut pas rester sur un échec, ou un demi-échec », observe
Jean-France Toutikian, membre de l’association Mwâ Ni Jë. Suite au
report du congrès du FLNKS, l’équipe du Mont-Dore prévoit d’organiser,
le samedi 28 février « à Saint-Louis même », « une grande journée
ouverte au monde indépendantiste et aux militants nationalistes et
progressistes ». L’idée est de programmer une large séquence réservée
aux débats, sur la crise gouvernementale, « la future nation Kanaky »,
son projet de société, etc. Une réunion préparatoire « ouverte à
tout le monde » se tiendra le jeudi 12 février, à 18 heures, à
Saint-Louis, au lieu-dit « quatre cocotiers ». Françoise Caillard
en est convaincue, « il faut davantage impliquer les citoyens dans la
réflexion. Il y a un besoin de débat ». L’élue municipale du Mont-Dore
se dit en outre favorable à inviter la Dynamik unitaire Sud (DUS) et le
Parti travailliste à partager la discussion sur l’avenir du FLNKS et le
monde indépendantiste. L’objectif est à court terme de convaincre aussi
les abstentionnistes.