L’accord de Nouméa signé en 98 est un échec. L’État français s’était 
pourtant engagé officiellement auprès des dirigeants du FLNKS de 
l’époque à reconnaître les droits légitimes du peuple kanak et à 
accompagner la Kanaky vers la décolonisation exigée par l’ONU.
 Vingt ans plus tard et à quelques 
semaines du premier référendum pour l’indépendance prévu le 4 novembre 
2018, le constat est malheureusement sans appel.
A 
l’origine de cet échec, il faut évoquer la politique délétère de Michel 
Rocard en Kanaky. Rappelons qu’il a, entre autres, œuvré à des accords 
de Matignon qui maintient dans les faits le statut de colonie de la 
Kanaky et qu’il a accordé l’amnistie aux militaires assassins de la 
grotte d’Ouvéa en 1988. En serviteur de l’État obéissant, porteur de 
fallacieuses promesses et en adepte du « divisez pour régner », il a 
largement contribué à rendre possible cette situation, bien loin de 
l’image d’ami des peuples sans État qu’on lui prête jusque dans notre 
pays par exemple.
Le Plan de
 Rattrapage en kanaky et le P.E.I en Corse ont ceci de commun qu’ils ont
 largement contribué à une frénésie immobilière au profit d’une 
population européenne intéressée par des avantages fiscaux ou des 
placements spéculatifs. C’est cette même politique qui a fait voler en 
éclat les sociétés autochtones dans les deux pays .
 Les inégalités sociales entre les Kanak 
et les Caldoches et Métros continuent d’exploser: c’est par exemple le 
cas avec la discrimination à l’embauche, la répression policière et 
judiciaire ciblée sur les Kanaks, la concentration des moyens de 
production dans les mains des intérêts français et des 
non-indépendantistes (les entreprises étant pour la plupart des filiales
 de multinationales françaises), ainsi que la forte présence militaire …
        
L’État français s’est uniquement assuré que, quel que soit le résultat 
des votes à venir, ses intérêts économiques et politiques dans la région
 soient préservés. 
 Le « non » devrait de toute façon 
largement l’emporter. En effet, ce que l’on peut qualifier de pacte 
faussant complètement la composition de la liste référendaire a été 
conclu à Matignon en novembre dernier entre d’un côté, les formations 
« modérées » du FLNKS , partisanes d’un État associé à la France et de 
l’autre, les partis loyalistes et le gouvernement français.
Le peuple Kanak, pourtant seul légitime à se prononcer au sujet de ce processus de décolonisation y est minoritaire.
 Ce referendum à venir est donc un piège 
qui n’a d’autodétermination que le nom et qui ne peut que conduire la 
Kanaky vers de nouveaux drames. C’est ce qui amène aujourd’hui la gauche
 indépendantiste, en particulier le « Parti travailliste » et « l’Union 
syndicale des travailleurs Kanak et des exploités » (USTKE) à appeler le
 peuple kanak à une « non-participation massive » le 4 novembre 2018.
        A 
Manca qui s’est toujours battue pour le droit des peuples à 
l’autodétermination soutient cet appel et demande la plus grande 
vigilance à tous les anticolonialistes. 
 Seule une forte mobilisation pourra 
empêcher les manipulations de l’État français qui fera tout à l’avenir 
pour installer dans l’archipel un système néocolonial de type 
« Françafrique ».
A MANCA