Louis Kotra Uregei a annoncé hier matin (*) sa démission de ses mandats électifs des institutions du pays, notamment en tant que membre du congrès de la Nouvelle-Calédonie et de la province des Iles Loyauté. Il laisse aussi son mandat d’élu à la mairie de Lifou par contre il ne quitte pas la vie politique.
Pourquoi une telle décision de la part du leader du Parti Travailliste ? Cette démission se fait dans la sérénité et en accord avec les responsables du mouvement. Les résultats à la province des Iles n’étaient pas ceux escomptés. Il faut aussi tirer le bilan des élections provinciales de mai dernier.
Place à la jeunesse
« Il est temps que le relais soit passé à la jeunesse de notre Parti. Cela permettra à un jeune militant d’accéder à l’institution provinciale », donc Faysen Wéa, jeune originaire de Gossanah lui succèdera à la province des Iles. Présenté comme le président du comité communal de Iaaï, c’est un jeune responsable, l’une des figure montante du Parti Travailliste aux Iles », affirme le chef de file du Parti. « C’est une certaine reconnaissance aux gens de Gossanah, aux militants de Iaaï pour tout ce qu’ils ont apporté dans la lutte, pour tout ce qu’ils ont subi ». Kadrilé Wright occupera sa place au Congrès de la Nouvelle-Calédonie.
Les concessions, les compromis des partis indépendantistes
Deuxième raison. « Il est difficile pour moi de rester dans les institutions avec des partis politiques qui ont trahi la cause kanak. Les partis ont cadenassé le FLNKS, ils l’ont empêché de s’ouvrir aux autres structures ... Donc, ils ont instrumentalisé le FLNKS … Il est devenu un fond de commerce électoral. Ils agissent pour les partis qui sont à l’intérieur ». Il a donné l’exemple de la course à la vice-présidence du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. « Quel spectacle, quelle tristesse vis-à-vis de ceux qui au nom du FLNKS ont donné leur vie pour que le peuple kanak devienne un jour indépendant dans son propre pays », a-t-il soulevé et agacé par le comportement des indépendantistes. Toute cette gesticulation, cette dispute publique pour un poste à la vice-présidence du gouvernement ! « Conformément à l’esprit du FLNKS, si l’unité avait prévalu dans le Sud pour une stratégie unitaire au moment de l’élection provinciale, le mouvement indépendantiste aurait gagné la majorité au congrès et au gouvernement », a regretté Louis Kotra Uregei. « Certains Partis du FLNKS dont le Palika en particulier, ont préféré sacrifier l’intérêt du peuple kanak pour leur intérêt partisan. Ce qui s’est passé pour la vice-présidence du gouvernement à révéler le blocage de la possibilité du mouvement d’unité des indépendantistes dans le Sud et au Congrès », a-t-il ajouté. Durant ces deux dernières mandatures aux Iles et au Congrès, le président du P.T a remarqué les compromis, les reniements du Palika, « les concessions faites par Paul Néaouytine dans l’Accord de Nouméa et dans tous les Comités des Signataires. Il n’est pas question de laisser les choses en l’état », a-t-il soulevé publiquement. « Entendre le Palika dénoncer la collusion entre l’U.C et l’Avenir En Confiance », alors que pendant toute la mandature précédente le Palika s’est frotté aux côtés de Calédonie Ensemble. Un épisode politique en quelque sorte. Mais, la réalité est là. « A deux reprises, il y a eu la prise de position du FLNKS pour installer Phillipe Germain à la présidence du gouvernement durant la précédente mandature, et bien le Palika a tout fait pour que ça se passe comme ça », a-t-il indiqué.
« Plus on a fait des concessions, plus le mouvement indépendantiste a reculé, plus les gens n’ont plus respecté les mouvements indépendantistes », a-t-il rajouté. « Ces responsables politiques, ce sont les signataires du dernier Accord, et bien ils se sont tus notamment sur les flux migratoires. Il y a 42 000 personnes qui sont sur le tableau annexe. C’est le fruit de l’immigration massive. A-t-on entendu un jour, ces soi-disant responsables politiques du FLNKS dénoncer l’immigration massive. Jamais, jamais ! Il ne fallait surtout pas dire des choses qui pouvaient remettre en cause l’Accord de Nouméa », a-t-il constaté amer. Autres faits marquants : « la situation des kanak dans l’emploi a reculé ; ils ont ouvert le corps électoral qui a été figé pour le référendum. On a figé le corps électoral en 88 pour 98. Donc, ils ont accepté de négocier un accord afin d’ouvrir le corps électoral. Dès lors qu’ils ont ouvert ce corps électoral référendaire, on se retrouve en 2018 avec un corps électoral référendaire de 177 000 électeurs dont 97 000 non-kanak et 80 000 kanak. Voilà aussi, le fameux résultat du FLNKS ! », s’est insurgé le leader du P.T en désignant cette stratégie « de faute politique grave ».
Habileté politique de l’Eveil Océanien mais un discours contradictoire
« Il y a une certaine habileté de ce nouveau Parti politique qui est favorisé par un terrain propice. Son jeu varie entre les différentes tendances politiques. Il est un coup avec les indépendantistes et une autre fois avec les non-indépendantistes. C’est une vision pragmatique des choses a soulevé l’un de ses responsables. Ils tirent leur épingle du jeu », constate Louis Kotra Uregei.
Mais selon le dirigeant du P.T, leurs déclarations sont contradictoires : « Entendre le responsable politique de l’Eveil Océanien tenir un discours contradictoire par rapport à l’habileté politique, au comportement de la communauté wallisienne et futunienne qu’elle a eu dans ce pays. Un engagement dans l’économie, dans le social très fort et en même temps une certaine discrétion dans la vie politique. La communauté wallisienne et futunienne a deux fois plus de personnes dans notre pays kanak. C’est une communauté travailleuse. A l’USTKE, on a eu des milliers de camarades wallisiens et futuniens qui ont été des adhérents du syndicat pour qui l’USTKE a fortement lutté. Ils étaient présents dans un syndicat indépendantiste. Donc, aujourd’hui il y a un certain nombre de camarades qui étaient présents à l’USTKE, et bien ils sont aujourd’hui à l’Eveil Océanien. Je suis étonné du discours tenu par leurs responsables. Un discours anti-indépendantiste. Un discours contre l’indépendance. Qu’il faille faire venir encore plus de monde dans ce pays. Il faut un nouvel accord … ».
Une autre couche
« Il peut y avoir des interprétations très fortes susceptibles de créer des tensions entre les différentes communautés de ce pays. Nous demandons plus de retenue, plus de responsabilité , mais aussi plus de recul. Il faut savoir respecter les gens de l’endroit », a indiqué Fidel Malalua, secrétaire général adjoint de la coordination Sud du Parti Travailliste dont ses responsables réclament plus de modération dans les propos tenus par les ténors de l’Eveil Océanien.
(*) : mercredi 17 juilelt 2019
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