Prénom : Louis-Kotra
Nom : UREGEIProvince : Province des îles Loyauté
Parti politique : Parti Travailliste
Groupe politique : UC-FLNKS et Nationalistes
Pour LKU, « l’éducation détermine beaucoup la conception des relations »
LKU
 est né le 4 février 1951 à Nouméa où il a grandi mais dans un contexte 
coutumier car il a été élevé par sa grand-mère (dans une cabane en 
hauteur de la Vallée du Génie dont la porte arrière ouvrait sur un 
poulailler) , avec toute la famille au sens large du terme, et il 
faisait également des séjours réguliers à la tribu. Avoir reçu, à 
Nouméa, une éducation familiale et tribale a influencé sa façon de se 
comporter en ville tout en respectant les relations aux autres. LKU a 
fait ses études primaires et secondaires à Nouméa et à Poindimié. « 
Avoir pour copains les petits caldoches, avoir côtoyé, sur les bancs de 
l’école et du collège, ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir ou à des 
postes de responsabilités, explique l’assurance que j’ai toujours eu ».
«
 Très tôt, j’ai touché du doigt les besoins sociaux, les besoins des 
familles nombreuses avec un très faible revenu à la maison ».
Sa
 maman, femme de ménage, a beaucoup travaillé pour élever ses 4 enfants 
(le 5ème ayant été donné coutumièrement dans la famille HANOU à Petit 
Couli), plus ceux de ses frères, de ses cousins… La « tribu » comptait 
en permanence une vingtaine de personnes. Son parcours prend ses racines
 dans la prise de conscience des difficultés à faire vivre une grande 
famille à Nouméa. Puis un jour il a décidé d’arrêter l’école pour 
s’acheter une moto que sa mère n’avait pas les moyens de lui payer. « Le
 seul moyen d’arriver à mes fins, c’était d’arrêter l’école et 
d’attaquer le travail ». Déjà, à cette époque, LKU savait ce qu’il 
voulait et surtout savait passer aux actes pour l’obtenir.
« J’étais assez rebelle déjà et surtout j’avais besoin de me prendre en charge ».
En
 1969, LKU entre à la SLN, comme élève géomètre. Il y reste 9 mois, puis
 démissionne quand il s’aperçoit qu’un collègue entré en même temps que 
lui pour le même travail est mieux payé que lui. Il part à Enercal mais 
n’y reste pas car son travail ne l’intéresse pas. Il entre alors à la 
Poste, comme simple employé non encadré, en janvier 1970 pour n’en 
sortir qu’à la retraite, 31 ans plus tard en tant qu’Inspecteur 
Principal des Postes, après avoir passé de nombreux concours internes. 
Après son service militaire, il revient à la Poste et fait partie de la 
brigade de réserve, emploi très intéressant financièrement. Puis, en 
1978, il prend la responsabilité du bureau de Tontouta et le gère 
pendant 11 ans. En 1988, il est nommé au Comité Consultatif, auprès du 
Haut Commissaire, après les accords de Matignon-Oudinot durant la 
période d’administration directe d’un an en préparation de la mise en 
place des provinces. Ce poste lui impose de revenir, en 1989, sur Nouméa
 où, à l’issue de ce mandat, il devient permanent syndical jusqu’à sa 
retraite en février 2001.
« Mon engagement politique pour l’indépendance a été permanent depuis l’engagement dans les Foulards Rouges »
LKU,
 l’homme politique, s’affirme dès 1969 avec sa participation aux « 
Foulards Rouges », mouvement identitaire de la jeunesse Kanak à cette 
époque. Ce mouvement a démarré spontanément quand un jeune lycéen kanak 
(Mr Fote Trolu, actuellement encore seul magistrat Kanak de la Nouvelle 
Calédonie) s’est vu refusé l’entrée d’un restaurant alors que ses amis 
européens étaient acceptés. Les foulards rouges ont revendiqué 
l’affirmation de l’identité Kanak et son respect. A l’époque, le foulard
 était un attribut très porté par les jeunes kanak qui ont aussi 
toujours aimé le rouge. Ensuite le lien a été fait avec le rouge, 
couleur révolutionnaire.
Son engagement politique passe au travers
 de différents partis : L’Union Calédonienne d’abord, le Parti initial 
de tous les kanaks. Puis, après la scission en 1971 par l’action des 
jeunes Foulards Rouges, LKU se rapproche de l’Union Multiraciale et 
ensuite il reste dans la mouvance autonomiste. En 1975, la revendication
 politique de l’indépendance est déclarée. En 1977 l’Union Calédonienne 
opte pour l’indépendance au congrès de Bourail. En 1979, c’est la 
plate-forme minimale commune pour les élections et la naissance du Front
 Indépendantiste, première coalition des différents mouvements 
indépendantistes. « Les foulards rouges ont fait prendre conscience à 
beaucoup de kanaks qu’il fallait se battre pour faire changer les choses
 ». Ils diffusaient leurs idées et leurs actions à travers leur journal «
 le réveil Kanak ».
« Mon engagement syndical est le reflet, la continuité de mon engagement politique »
LKU
 s’est d’abord engagé syndicalement dans la fédération des 
fonctionnaires puis, pour être plus libre de défendre ses points de vue,
 il fonde le STKE (Syndicat des Travailleurs Kanak et des Exploités) en 
1981 qui deviendra un an plus tard l’USTKE (Union des Syndicats des 
Travailleurs Kanak et des exploités) et en 1986 au Congrès de Nekoue à 
Houaïlou jusqu’au aujourd’hui, l’Union Syndicale des Travailleurs Kanak 
et des Exploités. C’est devenu l’un des syndicats les plus 
représentatifs du territoire aujourd’hui. Il passe la présidence en l’an
 2000 à son premier vice-président, Gérard Jodar. Le syndicalisme est 
pour lui le moyen de défendre les plus démunis et de permettre aux 
travailleurs et en particulie rkanak, de toucher la juste valeur de leur
 travail.
« Ma démarche n’était pas de devenir patron, ma 
démarche était de relever le défi de remettre un navire sur la desserte 
des loyautés ».
LKU n’attend pas d’être à la retraite pour devenir patron. En 1996, l’arrêt du ferry Yéwéné, qui faisait la liaison avec les îles,
 l’affecte beaucoup. C’était un acquis des évènements et des accords qui
 ont suivis. Il prend alors l’engagement de remettre un bateau. Et la 
Stîles naîtra en 1997. C’est le début de son engagement économique, de 
son entrée dans le domaine de l’Economie de Marché, alors qu’il est 
encore président de l’USTKE. En 1997, il part à Paris pour négocier avec
 la CGM pour assurer la manutention portuaire de leurs navires. Ils 
acceptent et il fonde la SAT (Société d’acconage et de transport). Dans 
la foulée, en 2002, par la reprise de Transcal, il crée Manutrans qui a 
aujourd’hui 3 divisions : manutention portuaire, transports par camions 
et transports par barges. Puis il reprend ou ouvre des magasins aux 
Îles. A Lifou : Centrale Hniminang (Ex Impac/Vival) avec la station 
d’essence, Central Sport et un petit magasin de tribu àNathalo. A Maré :
 Centrale Euromaré et une station d’essence.
Il y a une cohérence 
dans son parcours. Tous ces magasins créés ou repris permettent en effet
 de conforter la continuité de la compagnie maritime STILES. « Mes 
magasins des îles assurent le fret de ma compagnie maritime et, en 
retour, ma compagnie maritime a permis de faire baisser les prix sur les
 îles ».
« Ce dont je suis fier, c’est que, parti de rien,
 aujourd’hui j’ai réussi à créer environ 170 emplois en 10 ans et 
beaucoup sont des emplois de chômeurs »
LKU a encore 
beaucoup de projets en tête. Le fait d’avoir été créateur et président 
de l’USTKE influence sa façon de gérer les salariés de ses entreprises. 
Par exemple, quand il a repris Transcal, le 1er novembre 2002, la 
société était en perte de 80 millions. En décembre 2002, il donnait 80% 
de la prime de fin d’année aux salariés et organisait un Père Noël pour 
les enfants. Ils n’avaient jamais eu ça auparavant. Ils ont eu droit à 
90% en 2003 et le treizième mois complet à partir de 2004.
« Ma manière de manager les hommes, c’est la réunion régulière »
Son
 bureau est toujours ouvert, les salariés peuvent raisonnablement 
emprunter de l’argent, en plus des acomptes tous les 15 du mois. Avant 
chaque Assemblée Générale du personnel, il réunit d’abord l’encadrement.
 Puis tout le monde se retrouve autour d’un casse-croûte et d’une 
boisson, pour discuter, mettre en avant les problèmes et trouver des 
solutions. Il n’a pas de conflit dans ses sociétés. « Aujourd’hui on 
doit être le N° 1 ou 2 en transport de containers et en transport de 
vrac parce que, au lieu de distribuer comme les autres patrons, j’ai 
toujours et beaucoup réinvesti ». C’est un choix qui permet de 
développer l’entreprise, d’embaucher et de payer convenablement les 
salariés. « Après, les gars sont heureux et font bien leur boulot. Quand
 ils voient que je suis là à 6h30 à la prise de travail, ils sont 
motivés. Je dis bonjour à tout le monde, un petit sourire, un petit 
mot…Déjà vous évacuez beaucoup de choses comme ça. Il n’y a pas de 
barrière quand vous allez au devant des salariés. Il faut rester ouvert 
et ne pas les prendre de haut. Je fais confiance aux gars, je les 
valorise, je les responsabilise. Parce-qu’avant tout, je les respecte ».
«Ce
 que je suis aujourd’hui, je le suis devenu par mes convictions, par mon
 travail et par les luttes que j’ai menées tout au long de ma vie »
LKU
 pense que les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas connu les mêmes 
difficultés. Il y en a quand même de plus en plus aujourd’hui qui, grâce
 aux luttes des anciens et aux accords signés, font des études et sont 
cadres. Et c’est ce pourquoi s’est battu la génération précédente. C’est
 ce qu’ils voulaient pour l’avenir du pays. « Il faut d’abord être 
soi-même et en être fier, mais il faut aussi beaucoup travailler. On 
obtient les choses que si l’on travaille, si on a de la rigueur, 
aujourd’hui encore plus qu’hier. Il faut se battre pour tout car la 
société est devenue extrêmement compétitive et si on n’est pas dedans, 
si on ne s’accroche pas, on est largué et on est en marge de la société 
avec tout le lot d’aigreur, de rancœur et d’amertume ».
« 
L’avenir de la Nouvelle Calédonie passe par l’indépendance et ce que je 
fais c’est aussi pour prouver que nous, les kanak, on peut gérer les 
entreprises et on peut aussi gérer notre pays de même ».
LKU
 milite pour l’indépendance. Mais depuis plus de 20 ans des ouvertures 
ont été faites et aujourd’hui « quand on parle d’indépendance c’est avec
 les personnes installées dans ce pays depuis des générations ». Comme 
le dit si bien une historienne calédonienne, « ce pays appartient aux 
Kanak, et nous (les victimes de l’histoire), nous appartenons à ce pays 
». C’est ce qui a été accepté par les responsables indépendantistes à 
Nainvilles Les roches en 1983. Mais pour lui, il faut rester sur le 
corps électoral figé en 1998 voire 1983 car il faut impérativement un 
équilibre. Les Kanak sont un tout petit peuple qui peut être facilement 
noyé par l’apport de populations extérieures.
On l’aura compris, 
LKU est un indépendantiste jusqu’au bout des ongles ou plutôt jusqu’au 
bout de la barbe puisque selon son vœu exprimé le matin de ce jour-là :
 «
 Je ne me suis pas rasé depuis le 18 novembre 1984, jour du boycott 
actif des élections pour empêcher l’application du statut Lemoine, et je
 me raserai à nouveau le jour de l’indépendance ou je ne me raserai plus
 jamais ».
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