Louis Kotra Uregei, président du Parti Travailliste a été reçu dans
les studios de radio Djiido dans l'émission " L'invité du jeudi " le 31
mars dernier. Interrogé par Romain Hmeun, journaliste à Kanal K. Nous
vous livrons l'intégralité de l'entretien accordé au leader du P.T.
Romain Hmeun : Vous le savez donc, Louis
Kotra Uregei est le président du Parti Travailliste. Il était intervenu
sur nos ondes il y a pratiquement un mois, au lendemain du Comité des
Signataires qui s’est tenu du côté de Paris. Il a notamment réagi par
rapport à cette actualité-là. Le PT a tenu un directoire politique le 19
mars dernier du côté de la tribu de Témala-Ouélisse, du côté de Voh. Mr
Uregei, tenir un directoire politique loin de Nouméa, à Voh à
Témala-Ouélisse était important pour vous ?
LKU : Oui absolument. Le nationalisme Kanak couvre la totalité du pays, et il est très important que les militants indépendantistes, là où ils sont, soient pris en compte. Donc, dans notre calendrier de réunion tout au long de l’année, depuis la création du parti d’ailleurs ça a toujours été comme ça, on se déplace. Mais je crois qu’on n’est pas le seul parti indépendantiste à faire ça. Il y a beaucoup de partis politiques indépendantistes qui se déplacent au niveau de la Grande Terre et des Îles et c’est ce que nous faisons aussi.
RH : Il est important aussi d’être à Voh parce que c’est une manière d’être présent près de vos militants parce que vous n’avez pas eu d’élus provinciaux dans le Nord ?
LKU : Absolument et puis effectivement comme vous l’avez dit, aux dernières provinciales alors qu’auparavant nous avions eu 3 élus, n’avons pas eu d’élus en 2014. Juste une parenthèse pour dire que c’est plus pour des problèmes d’ordre interne que de véritables pertes d’audience, parce que notre potentiel est toujours là et j’aurais l’occasion d’y revenir un peu plus tard dans cette émission, pour expliquer que nous ne sommes pas des faire-valoir, donc, effectivement, ça a été une rencontre très importante avec nos militants du Nord, et nous sommes très attachés à partager avec nos militants de l’intérieur et des îles. Après ce directoire politique à Témala-Ouélisse nous allons tenir un autre directoire politique à Poum le 16 avril, toujours pour partager avec nos militants du Nord, puis surtout redynamiser les structures du Parti après un certain temps, peut-être de relaxation, après les mobilisations des échéances électorales. Pour nous Ouélisse a effectivement été l’occasion d’évoquer le récent Comité des Signataires et surtout le relevé de conclusion final du « politiquement clos » à savoir que la question des listes électorales était politiquement close. Donc après en avoir longuement débattu, le PT, dans le communiqué que nous avons sorti après ce directoire politique, a tenu à apporter un certain nombre de clarifications et notamment sur cette question du « litige ». Je le mets entre guillemets car pour nous c’est n’est pas un litige mais, pour reprendre la rédaction des conclusions du relevé du Comité Des Signataires indiquant que ce dossier était « politiquement clos » nous avons indiqué, que nous nous y opposons catégoriquement. Pour nous, il n’y a pas de dossier politiquement clos. Si certains l’ont décidé, ils n’ont pas décidé pour l’ensemble du mouvement indépendantiste parce que pour nous ce n’est d’abord pas un litige, c’est une fraude électorale, organisée, institutionnalisée et légalisée par les commissions de contrôle derrière. Je suivais l’émission hier à la télé au niveau du journal justement sur les listes électorales et il y avait donc le représentant du Haussariat et un ancien maître de conférences, qui intervient d’ailleurs souvent sur cette question-là a dit quelque chose de très important à la fin et ça, ça résume tout le problème dans lequel on se trouve depuis. Il a indiqué qu’il était beaucoup plus difficile de se faire radier que de se faire inscrire. C’est exactement ce qui s’est passé depuis des années et des années. Pour inscrire ce n’est pas un problème et les mairies du Grand Nouméa ont inscrit à volonté les gens qui sont arrivés. Ils n’ont pas cherché à comprendre. Vous savez, je vais très loin dans ce que je dis. J’accuse. J’accuse ces municipalités d’avoir sciemment inscris des électeurs sans avoir essayé de chercher s’ils pouvaient être inscris ou pas, parce que politiquement c’était très important pour eux de faire en sorte qu’il y ait le plus de gens qui puissent voter et donc, ils sont inscrit. Ils savaient qu’au moment des contrôles par les commissions administratives, ils auraient la majorité et c’est d’ailleurs ce qu’ils ont reconnu hier. C’est une majorité qui décide de la validation ou pas. Une fois que l’inscription est faite et qu’il y a contestation, s’il y a contestation, il a fallu que ce soit les indépendantistes qui contestent. S’il n’y avait pas eu de contestation c’’était validé. Donc on a contesté. Nos représentants qui sont dans la CPC qu’on avait mis en place avec la DUS et le FLNKS et le PT, lorsqu’ils portaient des recours, le contrôle était effectué par la commission et c’est à ce moment-là, quand il y a litige que la commission se prononce et elle se prononce toujours à la majorité. Il y a le juge qui représente l’Etat, qui préside. Il y a un représentant de la marie, un représentant des indépendantistes, et un représentant des non-indépendantistes. Sur 5, il y en a 4 en leur faveur. Les voix sont déjà acquises pour valider tous les litiges. A ce niveau-là, pour un cas par exemple, on peut parler de litige mais quand c’est institutionnalisé et que c’est une fréquence aussi soutenue depuis des années, c’est une fraude organisée. C’est pour ça, nous on le dit mais même le président de l’UC dans son intervention télévisée dernièrement, il l’a reconnu. Tout le monde a reconnu qu’il y avait une fraude. La différence qu’il y a entre nous, c’est que tout le monde reconnaît qu’il y a fraude mais il y en a qui sont d’accord pour dire que le dossier est « politiquement clos ». Et ça c’est inadmissible !!! C’est inadmissible qu’on puisse faire les choses comme ça, qu’on puisse dire les choses comme ça. La raison invoquée, c’est que ce n’est pas la peine de se différencier sur 2 à 3000 mais ce n’est pas 2 à 3 000 mais c’est 7 à 8000 si ce n’est pas plus de gens qui ont été inscris frauduleusement. Alors on nous dit qu’il ne faut pas débattre là-dessus, qu’il faut être pragmatique et qu’il faut allez chercher les 30 à 40 000 abstentionnistes. Je répondrais, mais attention, « un tu le tiens vaut mieux que deux tu l’auras », là on sait, même l’Etat l’a reconnu. Sur les 1000 qui sont inscris on ne sait pas, ils sortent de nulle part. Nous le chiffre il va plus loin, mais tout le monde reconnait ça, c’est qu’on dit, c’est ce qu’on tient. Mais il y en a qui disent que ce n’est pas grave, que ce n’est pas un problème, qu’il faut aller chercher les autres. Ça aussi c’est un autre débat : Pourquoi il y a tant d’abstentionnistes chez les Kanak ? donc j’espère qu’on y reviendra tout à l’heure.
RH : Que faut-il faire aujourd’hui avec ce que vous dénoncez, sur ce qui a été décidé, sur ce qui a été écrit et signé. Qu’est-ce qu’il faut faire aujourd’hui ?
LKU : La tendance aujourd’hui, comme je viens de le dire, c’est d’affirmer que le dossier est « politiquement clos ». Pour nous, non il ne l’est pas. On va continuer à dénoncer. Hier on a fait un meeting à la place des Cocotiers et de plus en plus, on va continuer à le dire parce que c’est très important. Si on prend simplement les 3 900 dont il était question, les 3 900 qui n’auraient pas voté pour les autres et bien nous les indépendantistes, on aurait eu la majorité en 2014 au Congrès et la majorité au Gouvernement. Les indépendantistes dirigeraient le pays. C’est justement à cause de ses perspectives là, parce qu’il y a eu le gel du corps électoral en 2007 il ne faut pas l’oublier, et à cause de ça justement, pour éviter que les indépendantistes électoralement, démocratiquement, gagnent les élections et dirigent le pays. C’est pour ça que cette fraude a continué et donc nous on dénonce. Après il y a un autre travail effectivement à faire, c’est d’aller chercher les abstentionnistes, d’aller leur expliquer qu’il ne faut pas laisser faire. Il y a eu cette fraude pour qu’on ne gagne pas le référendum, c’est ça qu’on va aller expliquer mais il faut qu’on ait des arguments.
RH : Les abstentionnistes, c’est toujours le même travail, le travail de ceux qui sont au sein des partis, d’aller chercher les citoyens pour participer aux élections ?
LKU : Vous savez, la question, elle est simple. Pourquoi les gens ne vont pas voter ? La question elle est là. Pourquoi ils ne vont pas voter ? Compte tenu de tous les problèmes que les gens ont tous les jours ; problèmes d’emploi, problèmes de logement, problèmes de transport, problèmes des enfants à la rentrée des classes, il y a toujours des centaines d’enfants Kanak, bacheliers ou pas, qui n’ont pas de place en BTS, dans les internats, qui sont mis de côté et cela fait des années que ça dure. Cela fait des années que les responsables qui ont signé l’Accord de Nouméa, on ne les entend pas, ils sont silencieux sur ces questions-là. Ça c’est le quotidien des gens. Les jeunes qui reviennent de France, qui sont diplômés, et n’ont pas de travail. Avant on n’avait pas de diplômés, c’est pour ça qu’au moment des accords de 88, on a demandé à ce qu’il y ait la formation 400 cadres. C’est pour que nos jeunes soient diplômés. Mais après on a exigé quoi ? Parce que ceux qui sont là, qui ont des entreprises, ce qu’ils ne veulent pas, c’est embaucher les Kanak ! Cela procède d’une politique générale ! Ici, il faut faire croire qu’on est en France, pas en Mélanésie. Il ne faut surtout pas embaucher les Kanak. Après on a dit qu’ils n’ont pas d’expérience professionnelle et maintenant il y a un nouvel argument, c’est que les Kanak ils sont trop jeunes. Ils sont diplômes, ils ont de l’expérience mais ils sont trop jeunes ! On nous prend vraiment pour des imbéciles ! Et on voudrait que nos jeunes, ils aillent, comme ça, voter. Il y a les problèmes qui sont là. Si on entendait un peu plus ces dirigeants politiques qui clament haut et fort qu’ils sont à la tête de partis importants, si on les entendait un peu plus sur ces questions de la vie de tous les jours et en particulier des Kanak parce que les Kanak sont vraiment dans la difficulté. Je voudrai rappeler une chose. En 81, on a créée l’USTKE, vous savez pourquoi ? A cause de cette absence des Kanak dans le monde du travail. En 81, et on avait pour principale revendication : priorité de l’emploi aux Kanak. Aujourd’hui, 35 ans plus tard, les Kanak sont toujours absents malgré tout ce qui s’est passé, malgré les Evènements, malgré les accords sur le rééquilibrage. Et puis on va continuer, nous, à rassurer, on va dire qu’il ne faut surtout pas évoquer les dossiers qui concernent 2 à 3 000 personnes là parce que cela va faire peur. Il ne faut pas faire peur, mais on ne fait pas peur. Nous on parle de notre Droit. Nous, on est les colonisés de ce pays et il nous appartient à nous de nous prononcer, à nous d’abord, je n’ai pas dit à nous seulement parce que ça devrait être à nous seulement. Mais il nous appartient à nous d’abord de nous prononcer en cas d’autodétermination sur le pays. Là avec les Comités Des Signataires successifs, ils ont laissé s’inscrire n’importe, et encore là à Paris ils se sont mis d’accord. Je vais vous lire une position qu’on vient de nous faire connaître aujourd’hui sur la question du litige électoral : Au 13ème comité des signataires du 14 février 2016, les partenaires ont reconnu qu’aucun droit électoral n’a pu être acquis après le 8 novembre 1998 et toutes les fautes et irrégularités constatées ne seront pas corrigées. Vous vous rendez compte un peu ? Ce n’est pas la peine de corriger, mais cela est absolument inadmissible.
RH : Dans ce communiqué à la suite de cette réunion à Ouélisse, il y a une phrase qui me semble être assez importante : « Conscient que derrière les options et les stratégies obscures orchestrées par l’Etat français se dessine un troisième accord politique » donc pas d’accord avec un 3ème accord politique et derrière tout ce qui se passe ici dans le pays, l’Etat n’est pas très très loin ?
LKU : Bien entendu, c’est l’Etat qui pilote tout et depuis le début. Vous savez, l’Accord de Nouméa, c’est 98, avec le recul quand on analyse la mise en œuvre de cet accord, avec le bilan de ces années d’application et d’exercice de l’accord, on s’aperçoit que depuis le départ les dés ont été pipés. Cet accord-là, il a été écrit par l’Etat. Nos représentants ils ont accompagné, ils ont lu, ils ont fait des corrections mais la trame c’est l’Etat qui a écrit ça. Regardez par l’exemple la question sur le corps électoral qui est appelé sur le référendum. Regardez tous les considérants qu’il y a, il y en a au moins 8 ou 9 sur l’article 188, c’est incroyable. En y réfléchissant, c’est là que je me suis dit que ça été écris par l’Etat. Les indépendantistes, eux, ont envie qu’à un moment donné, au bout de l’accord, on se prononce par référendum sur l’indépendance. Le corps électoral, qu’on avait arrêté ensemble, pour le référendum d’autodétermination de 88, c’est celui qui devait se prononcer en 98. En 98, il y a eu un nouvel accord, pas de référendum sauf pour approuver le nouvel accord celui de Nouméa mais le corps électoral de sortie il devrait être prolongé d’autant de 88 et 98 puis 2018. Or, quand vous reprenez les dispositions de l’Accord de Nouméa et surtout de la loi organique, avec tous les alinéas qui y figurent, avec toutes les catégories de gens possibles jusqu’aux intérêts matériels et moraux, tout a été pipé dès le départ. Aujourd’hui, au dernier Comité Des Signataires, il y avait d’abord 6 000, après on est arrivé à 3 900, après c’est tombé à 1062 et là dans la presse dernièrement, il semblerait que nous sommes plus qu’à 300, 400. J’ai entendu à l’émission d’hier, qu’il suffisait qu’un ancien instit fasse une attestation que la personne avait été dans sa classe. Vous vous rendez compte un peu ? N’importe qui peut faire une attestation pour n’importe quelle personne. Aujourd’hui cette fameuse fraude électorale qui porte sur des milliers, aujourd’hui, on tombe à 300. Mais c’est incroyable !!!
RH : Vous dénoncez tout cela, ce qu’il se passe aujourd’hui, on se souvient qu’il y a plus d’une semaine de cela, le président de l’UC a émis un communiqué pour que les militants de l’UC ne participent pas à une réunion au Haussariat sur l’avenir institutionnel. Que pensez-vous des différentes déclarations du président de l’UC mais aussi de cette posture-là.
LKU : Ecoutez, d’abord sur le format des réunions, le président de l’UC s’exprime sur le format et évidemment il invite ses militants à ne pas participer avec derrière l’incident sur le groupe. Le groupe, lui était habilité à participer mais lui a refusé de participer. La raison, c’est que, dans le format qui était proposé, le président de l’UC n’était pas là tel quel. Moi je dirai que c’est normal dans le cadre de sa responsabilité. Maintenant dans le même article des Nouvelles, il y a quand même un certain nombre de choses où nous on est interpellé.
RH : Vous avez d’ailleurs évoqué le front du refus il y a un mois sur nos ondes par rapport au Comité des Signataires du mois de février. LKU : Evidement, dès la fin du Comité des Signataires, justement, par rapport à ce qui a été déclaré, que le dossier électoral est « politiquement clos », nous on a dit, on n’est pas d’accord. On refuse, on sait aussi qu’il y a d’autres qui refusent. A partir de là, pour bien montrer qu’il n’y a pas que la pensée unique, pour taire, déterminer, on a toute confiance en l’Etat, on a toute confiance aux signataires. On dit non, il y a un front du refus. Alors ceux qui veulent s’associer au front de refus qu’ils viennent avec nous. Ceux qui ne veulent pas, ils ne viennent pas. Nous on est fustigé en tant que PT et la DUS par le président de l’UC qui nous traite de faire valoir. Moi en tant que président du PT, je n’accepte pas. Moi je ne suis pas d’accord, moi je représente un parti politique si petit soit-il mais c’est un parti politique qui se bat pour l’indépendance du pays. Et nous n’avons besoin de la permission de personne pour parler. Nous, on a notre histoire, notre expérience. Je veux rappeler ici qu’on a créée l’USTKE en 1981 pour porter les questions de l’indépendance dans le monde du travail. Aucun syndicat ne le faisait jusque-là et aucun syndicat ne le fait toujours juste l’USTKE car c’est important de porter le combat de l’indépendance dans le monde du travail. En 1984, avec les dirigeants de l’UC de l’époque, Eloi Machoro, Jean Marie Tjibaou, Yéwéné Yéwéné, on a créé le FLNKS. Je fais partie de ceux qui ont décidé la création du FLNKS et c’est d’ailleurs moi qui ai signé le courrier en tant que président de l’USTKE, préparé et envoyé par l’USTKE, pour proposer qu’il y ait la réunion autour d’une charte des partis politiques avec le Comité de Revendication de Terres de la Côte Ouest, avec le vieux Fessard Wabealo et René Guiart à l’époque, le GFKEL de Suzanne Ounei, l’USTKE et tous les partis politiques, on devenait des groupes de pression au niveau des Comités de Lutte du FLNKS. Nous, on l’a fait en 84.
RH : Le contexte a changé aujourd’hui. LKU : Je vais rester d’abord là-dessus Romain. En 84, avec ce qui s’en est suivi avec le boycott actif le 18 novembre, etc. Goa, il était où lui ? Lui, je l’ai rencontré à Moscou en 1985 au Festival Mondial de la Jeunesse. Il était dans les Jeunesses Communistes de France. Ce n’est pas lui qui va venir nous faire la leçon. Nous, l’indépendance, c’est notre vie. Nos familles, nos militants, ont donné leur vie pour ça. Nous, l’indépendance, ce n’est pas un slogan, ce n’est pas une posture. Je dénonce ces propos-là. J’ai déjà eu l’occasion de le dire. Nous, on a été engagé dans des choses importantes avec d’autres présidents de l’UC. Nous, c’est Charly PIDJOT qui nous a engagés lorsque Gomès a refusé le drapeau pour faire chuter le Gouvernement Gomès. Depuis, nous, Calédonie Ensemble, on l’a dans le collimateur. Gomès est un malin donc il a su mettre dans sa poche un certain nombre d’indépendantistes. Je vois dans les positions qui apparaissent aujourd’hui, des positions qui sont proches de Calédonie Ensemble. Pour nous, Calédonie Ensemble, c’est le parti le plus raciste. Gomès, d’abord, ce n’est pas quelqu’un du pays. Gomès, c’est un étranger à ce pays. Moi, ce n’est pas Gomès qui va venir nous dire ce qu’on doit faire pour l’avenir du pays. Non. Il appartient à nous-même de le faire. Nous, nos militants, ils ont donné leur vie depuis les vieux avant. Ils ont sacrifié leurs familles. Nous, Tonton Yann, pendant des années, il a fait le tour du monde pour faire du lobbying jusqu’à réussir à faire inscrire le cas de la Nouvelle-Calédonie sur la liste des pays à décoloniser à l’ONU. Nous, l’indépendance, ce n’est pas un slogan ni une posture. Nous, on a donné notre vie. Voilà ce que je voulais dire en réponse et il faut respecter les militants. Il faut respecter les partenaires. Je vais parler d’une expérience que j’ai eue à Tahiti. Quand il y a eu le changement à Tahiti, il y avait un certain type de comportements, comme cela, condescendants de la part de notre parti frère là-bas. Je leur disais à ce moment-là, il faut respecter les autres partenaires. Aujourd’hui, le mouvement indépendantiste a perdu le pouvoir et je ne sais pas quand ils vont le réacquérir à nouveau. Moi je crois qu’il faut faire attention. Je ne sais pas qui conseille Mr Goa mais nous, nous sommes des partenaires qui avons apporté notre contribution dans la Lutte. Nous devons être respectés comme nous respectons l’UC et d’ailleurs, on n’a pas de preuves à faire valoir à ce niveau-là, comme on respecte les dirigeants de l’UC mais il ne faut pas traiter les autres de faire valoir.
LKU : Oui absolument. Le nationalisme Kanak couvre la totalité du pays, et il est très important que les militants indépendantistes, là où ils sont, soient pris en compte. Donc, dans notre calendrier de réunion tout au long de l’année, depuis la création du parti d’ailleurs ça a toujours été comme ça, on se déplace. Mais je crois qu’on n’est pas le seul parti indépendantiste à faire ça. Il y a beaucoup de partis politiques indépendantistes qui se déplacent au niveau de la Grande Terre et des Îles et c’est ce que nous faisons aussi.
RH : Il est important aussi d’être à Voh parce que c’est une manière d’être présent près de vos militants parce que vous n’avez pas eu d’élus provinciaux dans le Nord ?
LKU : Absolument et puis effectivement comme vous l’avez dit, aux dernières provinciales alors qu’auparavant nous avions eu 3 élus, n’avons pas eu d’élus en 2014. Juste une parenthèse pour dire que c’est plus pour des problèmes d’ordre interne que de véritables pertes d’audience, parce que notre potentiel est toujours là et j’aurais l’occasion d’y revenir un peu plus tard dans cette émission, pour expliquer que nous ne sommes pas des faire-valoir, donc, effectivement, ça a été une rencontre très importante avec nos militants du Nord, et nous sommes très attachés à partager avec nos militants de l’intérieur et des îles. Après ce directoire politique à Témala-Ouélisse nous allons tenir un autre directoire politique à Poum le 16 avril, toujours pour partager avec nos militants du Nord, puis surtout redynamiser les structures du Parti après un certain temps, peut-être de relaxation, après les mobilisations des échéances électorales. Pour nous Ouélisse a effectivement été l’occasion d’évoquer le récent Comité des Signataires et surtout le relevé de conclusion final du « politiquement clos » à savoir que la question des listes électorales était politiquement close. Donc après en avoir longuement débattu, le PT, dans le communiqué que nous avons sorti après ce directoire politique, a tenu à apporter un certain nombre de clarifications et notamment sur cette question du « litige ». Je le mets entre guillemets car pour nous c’est n’est pas un litige mais, pour reprendre la rédaction des conclusions du relevé du Comité Des Signataires indiquant que ce dossier était « politiquement clos » nous avons indiqué, que nous nous y opposons catégoriquement. Pour nous, il n’y a pas de dossier politiquement clos. Si certains l’ont décidé, ils n’ont pas décidé pour l’ensemble du mouvement indépendantiste parce que pour nous ce n’est d’abord pas un litige, c’est une fraude électorale, organisée, institutionnalisée et légalisée par les commissions de contrôle derrière. Je suivais l’émission hier à la télé au niveau du journal justement sur les listes électorales et il y avait donc le représentant du Haussariat et un ancien maître de conférences, qui intervient d’ailleurs souvent sur cette question-là a dit quelque chose de très important à la fin et ça, ça résume tout le problème dans lequel on se trouve depuis. Il a indiqué qu’il était beaucoup plus difficile de se faire radier que de se faire inscrire. C’est exactement ce qui s’est passé depuis des années et des années. Pour inscrire ce n’est pas un problème et les mairies du Grand Nouméa ont inscrit à volonté les gens qui sont arrivés. Ils n’ont pas cherché à comprendre. Vous savez, je vais très loin dans ce que je dis. J’accuse. J’accuse ces municipalités d’avoir sciemment inscris des électeurs sans avoir essayé de chercher s’ils pouvaient être inscris ou pas, parce que politiquement c’était très important pour eux de faire en sorte qu’il y ait le plus de gens qui puissent voter et donc, ils sont inscrit. Ils savaient qu’au moment des contrôles par les commissions administratives, ils auraient la majorité et c’est d’ailleurs ce qu’ils ont reconnu hier. C’est une majorité qui décide de la validation ou pas. Une fois que l’inscription est faite et qu’il y a contestation, s’il y a contestation, il a fallu que ce soit les indépendantistes qui contestent. S’il n’y avait pas eu de contestation c’’était validé. Donc on a contesté. Nos représentants qui sont dans la CPC qu’on avait mis en place avec la DUS et le FLNKS et le PT, lorsqu’ils portaient des recours, le contrôle était effectué par la commission et c’est à ce moment-là, quand il y a litige que la commission se prononce et elle se prononce toujours à la majorité. Il y a le juge qui représente l’Etat, qui préside. Il y a un représentant de la marie, un représentant des indépendantistes, et un représentant des non-indépendantistes. Sur 5, il y en a 4 en leur faveur. Les voix sont déjà acquises pour valider tous les litiges. A ce niveau-là, pour un cas par exemple, on peut parler de litige mais quand c’est institutionnalisé et que c’est une fréquence aussi soutenue depuis des années, c’est une fraude organisée. C’est pour ça, nous on le dit mais même le président de l’UC dans son intervention télévisée dernièrement, il l’a reconnu. Tout le monde a reconnu qu’il y avait une fraude. La différence qu’il y a entre nous, c’est que tout le monde reconnaît qu’il y a fraude mais il y en a qui sont d’accord pour dire que le dossier est « politiquement clos ». Et ça c’est inadmissible !!! C’est inadmissible qu’on puisse faire les choses comme ça, qu’on puisse dire les choses comme ça. La raison invoquée, c’est que ce n’est pas la peine de se différencier sur 2 à 3000 mais ce n’est pas 2 à 3 000 mais c’est 7 à 8000 si ce n’est pas plus de gens qui ont été inscris frauduleusement. Alors on nous dit qu’il ne faut pas débattre là-dessus, qu’il faut être pragmatique et qu’il faut allez chercher les 30 à 40 000 abstentionnistes. Je répondrais, mais attention, « un tu le tiens vaut mieux que deux tu l’auras », là on sait, même l’Etat l’a reconnu. Sur les 1000 qui sont inscris on ne sait pas, ils sortent de nulle part. Nous le chiffre il va plus loin, mais tout le monde reconnait ça, c’est qu’on dit, c’est ce qu’on tient. Mais il y en a qui disent que ce n’est pas grave, que ce n’est pas un problème, qu’il faut aller chercher les autres. Ça aussi c’est un autre débat : Pourquoi il y a tant d’abstentionnistes chez les Kanak ? donc j’espère qu’on y reviendra tout à l’heure.
RH : Que faut-il faire aujourd’hui avec ce que vous dénoncez, sur ce qui a été décidé, sur ce qui a été écrit et signé. Qu’est-ce qu’il faut faire aujourd’hui ?
LKU : La tendance aujourd’hui, comme je viens de le dire, c’est d’affirmer que le dossier est « politiquement clos ». Pour nous, non il ne l’est pas. On va continuer à dénoncer. Hier on a fait un meeting à la place des Cocotiers et de plus en plus, on va continuer à le dire parce que c’est très important. Si on prend simplement les 3 900 dont il était question, les 3 900 qui n’auraient pas voté pour les autres et bien nous les indépendantistes, on aurait eu la majorité en 2014 au Congrès et la majorité au Gouvernement. Les indépendantistes dirigeraient le pays. C’est justement à cause de ses perspectives là, parce qu’il y a eu le gel du corps électoral en 2007 il ne faut pas l’oublier, et à cause de ça justement, pour éviter que les indépendantistes électoralement, démocratiquement, gagnent les élections et dirigent le pays. C’est pour ça que cette fraude a continué et donc nous on dénonce. Après il y a un autre travail effectivement à faire, c’est d’aller chercher les abstentionnistes, d’aller leur expliquer qu’il ne faut pas laisser faire. Il y a eu cette fraude pour qu’on ne gagne pas le référendum, c’est ça qu’on va aller expliquer mais il faut qu’on ait des arguments.
RH : Les abstentionnistes, c’est toujours le même travail, le travail de ceux qui sont au sein des partis, d’aller chercher les citoyens pour participer aux élections ?
LKU : Vous savez, la question, elle est simple. Pourquoi les gens ne vont pas voter ? La question elle est là. Pourquoi ils ne vont pas voter ? Compte tenu de tous les problèmes que les gens ont tous les jours ; problèmes d’emploi, problèmes de logement, problèmes de transport, problèmes des enfants à la rentrée des classes, il y a toujours des centaines d’enfants Kanak, bacheliers ou pas, qui n’ont pas de place en BTS, dans les internats, qui sont mis de côté et cela fait des années que ça dure. Cela fait des années que les responsables qui ont signé l’Accord de Nouméa, on ne les entend pas, ils sont silencieux sur ces questions-là. Ça c’est le quotidien des gens. Les jeunes qui reviennent de France, qui sont diplômés, et n’ont pas de travail. Avant on n’avait pas de diplômés, c’est pour ça qu’au moment des accords de 88, on a demandé à ce qu’il y ait la formation 400 cadres. C’est pour que nos jeunes soient diplômés. Mais après on a exigé quoi ? Parce que ceux qui sont là, qui ont des entreprises, ce qu’ils ne veulent pas, c’est embaucher les Kanak ! Cela procède d’une politique générale ! Ici, il faut faire croire qu’on est en France, pas en Mélanésie. Il ne faut surtout pas embaucher les Kanak. Après on a dit qu’ils n’ont pas d’expérience professionnelle et maintenant il y a un nouvel argument, c’est que les Kanak ils sont trop jeunes. Ils sont diplômes, ils ont de l’expérience mais ils sont trop jeunes ! On nous prend vraiment pour des imbéciles ! Et on voudrait que nos jeunes, ils aillent, comme ça, voter. Il y a les problèmes qui sont là. Si on entendait un peu plus ces dirigeants politiques qui clament haut et fort qu’ils sont à la tête de partis importants, si on les entendait un peu plus sur ces questions de la vie de tous les jours et en particulier des Kanak parce que les Kanak sont vraiment dans la difficulté. Je voudrai rappeler une chose. En 81, on a créée l’USTKE, vous savez pourquoi ? A cause de cette absence des Kanak dans le monde du travail. En 81, et on avait pour principale revendication : priorité de l’emploi aux Kanak. Aujourd’hui, 35 ans plus tard, les Kanak sont toujours absents malgré tout ce qui s’est passé, malgré les Evènements, malgré les accords sur le rééquilibrage. Et puis on va continuer, nous, à rassurer, on va dire qu’il ne faut surtout pas évoquer les dossiers qui concernent 2 à 3 000 personnes là parce que cela va faire peur. Il ne faut pas faire peur, mais on ne fait pas peur. Nous on parle de notre Droit. Nous, on est les colonisés de ce pays et il nous appartient à nous de nous prononcer, à nous d’abord, je n’ai pas dit à nous seulement parce que ça devrait être à nous seulement. Mais il nous appartient à nous d’abord de nous prononcer en cas d’autodétermination sur le pays. Là avec les Comités Des Signataires successifs, ils ont laissé s’inscrire n’importe, et encore là à Paris ils se sont mis d’accord. Je vais vous lire une position qu’on vient de nous faire connaître aujourd’hui sur la question du litige électoral : Au 13ème comité des signataires du 14 février 2016, les partenaires ont reconnu qu’aucun droit électoral n’a pu être acquis après le 8 novembre 1998 et toutes les fautes et irrégularités constatées ne seront pas corrigées. Vous vous rendez compte un peu ? Ce n’est pas la peine de corriger, mais cela est absolument inadmissible.
RH : Dans ce communiqué à la suite de cette réunion à Ouélisse, il y a une phrase qui me semble être assez importante : « Conscient que derrière les options et les stratégies obscures orchestrées par l’Etat français se dessine un troisième accord politique » donc pas d’accord avec un 3ème accord politique et derrière tout ce qui se passe ici dans le pays, l’Etat n’est pas très très loin ?
LKU : Bien entendu, c’est l’Etat qui pilote tout et depuis le début. Vous savez, l’Accord de Nouméa, c’est 98, avec le recul quand on analyse la mise en œuvre de cet accord, avec le bilan de ces années d’application et d’exercice de l’accord, on s’aperçoit que depuis le départ les dés ont été pipés. Cet accord-là, il a été écrit par l’Etat. Nos représentants ils ont accompagné, ils ont lu, ils ont fait des corrections mais la trame c’est l’Etat qui a écrit ça. Regardez par l’exemple la question sur le corps électoral qui est appelé sur le référendum. Regardez tous les considérants qu’il y a, il y en a au moins 8 ou 9 sur l’article 188, c’est incroyable. En y réfléchissant, c’est là que je me suis dit que ça été écris par l’Etat. Les indépendantistes, eux, ont envie qu’à un moment donné, au bout de l’accord, on se prononce par référendum sur l’indépendance. Le corps électoral, qu’on avait arrêté ensemble, pour le référendum d’autodétermination de 88, c’est celui qui devait se prononcer en 98. En 98, il y a eu un nouvel accord, pas de référendum sauf pour approuver le nouvel accord celui de Nouméa mais le corps électoral de sortie il devrait être prolongé d’autant de 88 et 98 puis 2018. Or, quand vous reprenez les dispositions de l’Accord de Nouméa et surtout de la loi organique, avec tous les alinéas qui y figurent, avec toutes les catégories de gens possibles jusqu’aux intérêts matériels et moraux, tout a été pipé dès le départ. Aujourd’hui, au dernier Comité Des Signataires, il y avait d’abord 6 000, après on est arrivé à 3 900, après c’est tombé à 1062 et là dans la presse dernièrement, il semblerait que nous sommes plus qu’à 300, 400. J’ai entendu à l’émission d’hier, qu’il suffisait qu’un ancien instit fasse une attestation que la personne avait été dans sa classe. Vous vous rendez compte un peu ? N’importe qui peut faire une attestation pour n’importe quelle personne. Aujourd’hui cette fameuse fraude électorale qui porte sur des milliers, aujourd’hui, on tombe à 300. Mais c’est incroyable !!!
RH : Vous dénoncez tout cela, ce qu’il se passe aujourd’hui, on se souvient qu’il y a plus d’une semaine de cela, le président de l’UC a émis un communiqué pour que les militants de l’UC ne participent pas à une réunion au Haussariat sur l’avenir institutionnel. Que pensez-vous des différentes déclarations du président de l’UC mais aussi de cette posture-là.
LKU : Ecoutez, d’abord sur le format des réunions, le président de l’UC s’exprime sur le format et évidemment il invite ses militants à ne pas participer avec derrière l’incident sur le groupe. Le groupe, lui était habilité à participer mais lui a refusé de participer. La raison, c’est que, dans le format qui était proposé, le président de l’UC n’était pas là tel quel. Moi je dirai que c’est normal dans le cadre de sa responsabilité. Maintenant dans le même article des Nouvelles, il y a quand même un certain nombre de choses où nous on est interpellé.
RH : Vous avez d’ailleurs évoqué le front du refus il y a un mois sur nos ondes par rapport au Comité des Signataires du mois de février. LKU : Evidement, dès la fin du Comité des Signataires, justement, par rapport à ce qui a été déclaré, que le dossier électoral est « politiquement clos », nous on a dit, on n’est pas d’accord. On refuse, on sait aussi qu’il y a d’autres qui refusent. A partir de là, pour bien montrer qu’il n’y a pas que la pensée unique, pour taire, déterminer, on a toute confiance en l’Etat, on a toute confiance aux signataires. On dit non, il y a un front du refus. Alors ceux qui veulent s’associer au front de refus qu’ils viennent avec nous. Ceux qui ne veulent pas, ils ne viennent pas. Nous on est fustigé en tant que PT et la DUS par le président de l’UC qui nous traite de faire valoir. Moi en tant que président du PT, je n’accepte pas. Moi je ne suis pas d’accord, moi je représente un parti politique si petit soit-il mais c’est un parti politique qui se bat pour l’indépendance du pays. Et nous n’avons besoin de la permission de personne pour parler. Nous, on a notre histoire, notre expérience. Je veux rappeler ici qu’on a créée l’USTKE en 1981 pour porter les questions de l’indépendance dans le monde du travail. Aucun syndicat ne le faisait jusque-là et aucun syndicat ne le fait toujours juste l’USTKE car c’est important de porter le combat de l’indépendance dans le monde du travail. En 1984, avec les dirigeants de l’UC de l’époque, Eloi Machoro, Jean Marie Tjibaou, Yéwéné Yéwéné, on a créé le FLNKS. Je fais partie de ceux qui ont décidé la création du FLNKS et c’est d’ailleurs moi qui ai signé le courrier en tant que président de l’USTKE, préparé et envoyé par l’USTKE, pour proposer qu’il y ait la réunion autour d’une charte des partis politiques avec le Comité de Revendication de Terres de la Côte Ouest, avec le vieux Fessard Wabealo et René Guiart à l’époque, le GFKEL de Suzanne Ounei, l’USTKE et tous les partis politiques, on devenait des groupes de pression au niveau des Comités de Lutte du FLNKS. Nous, on l’a fait en 84.
RH : Le contexte a changé aujourd’hui. LKU : Je vais rester d’abord là-dessus Romain. En 84, avec ce qui s’en est suivi avec le boycott actif le 18 novembre, etc. Goa, il était où lui ? Lui, je l’ai rencontré à Moscou en 1985 au Festival Mondial de la Jeunesse. Il était dans les Jeunesses Communistes de France. Ce n’est pas lui qui va venir nous faire la leçon. Nous, l’indépendance, c’est notre vie. Nos familles, nos militants, ont donné leur vie pour ça. Nous, l’indépendance, ce n’est pas un slogan, ce n’est pas une posture. Je dénonce ces propos-là. J’ai déjà eu l’occasion de le dire. Nous, on a été engagé dans des choses importantes avec d’autres présidents de l’UC. Nous, c’est Charly PIDJOT qui nous a engagés lorsque Gomès a refusé le drapeau pour faire chuter le Gouvernement Gomès. Depuis, nous, Calédonie Ensemble, on l’a dans le collimateur. Gomès est un malin donc il a su mettre dans sa poche un certain nombre d’indépendantistes. Je vois dans les positions qui apparaissent aujourd’hui, des positions qui sont proches de Calédonie Ensemble. Pour nous, Calédonie Ensemble, c’est le parti le plus raciste. Gomès, d’abord, ce n’est pas quelqu’un du pays. Gomès, c’est un étranger à ce pays. Moi, ce n’est pas Gomès qui va venir nous dire ce qu’on doit faire pour l’avenir du pays. Non. Il appartient à nous-même de le faire. Nous, nos militants, ils ont donné leur vie depuis les vieux avant. Ils ont sacrifié leurs familles. Nous, Tonton Yann, pendant des années, il a fait le tour du monde pour faire du lobbying jusqu’à réussir à faire inscrire le cas de la Nouvelle-Calédonie sur la liste des pays à décoloniser à l’ONU. Nous, l’indépendance, ce n’est pas un slogan ni une posture. Nous, on a donné notre vie. Voilà ce que je voulais dire en réponse et il faut respecter les militants. Il faut respecter les partenaires. Je vais parler d’une expérience que j’ai eue à Tahiti. Quand il y a eu le changement à Tahiti, il y avait un certain type de comportements, comme cela, condescendants de la part de notre parti frère là-bas. Je leur disais à ce moment-là, il faut respecter les autres partenaires. Aujourd’hui, le mouvement indépendantiste a perdu le pouvoir et je ne sais pas quand ils vont le réacquérir à nouveau. Moi je crois qu’il faut faire attention. Je ne sais pas qui conseille Mr Goa mais nous, nous sommes des partenaires qui avons apporté notre contribution dans la Lutte. Nous devons être respectés comme nous respectons l’UC et d’ailleurs, on n’a pas de preuves à faire valoir à ce niveau-là, comme on respecte les dirigeants de l’UC mais il ne faut pas traiter les autres de faire valoir.
RH : En tous les cas, ce qu’il se passe aujourd’hui, ne mets pas à mal le groupe UC-FLNKS et Nationalistes au Congrès dont vous appartenez ? LKU : Pas du tout. Je crois que le débat est ouvert. C’est Daniel Goa qui ouvre le débat. Nous, on est prêt à ouvrir le débat. Je vais vous signaler, pourquoi, le groupe est représenté par les gens qui vont, parce que lorsque les décisions se prennent, il y a un certain nombre de personnes qui ne sont pas là. Ils ne sont jamais là alors que pourtant c’est le groupe UC-FLNKS et Nationalistes. Ce n’est pas le groupe PT DUS ou DUS PT et un peu UC, non. Le principal partenaire dans le groupe, c’est l’UC, mais la majorité des élus ne viennent pas. Peut-être, je ne sais pas, ils snobent le groupe. A ce niveau-là, il faut qu’on soit clair. A ce niveau-là, le débat, il est ouvert. S’il y a des gens à l’UC qui veulent remettre en cause le groupe alors il suffit que l’UC le décide. C’est eux le parti majoritaire. En tous cas, nous, nous travaillons avec la direction du groupe, avec le président Wamytan, avec lequel, je voudrai saluer d’ailleurs car il a été un peu interpellé. Mais en ce qui nous concerne au niveau du groupe, c’est quelqu’un qui dirige bien le groupe et avec qui on travaille bien.
RH : Le PT ne veut pas intégrer le FLNKS, il me semble, selon le communiqué mais le travail avec la mouvance nationaliste est de mise. LKU : Nous, la priorité, c’est l’unité. Mais l’unité pour gagner, pas l’unité pour perdre. C’est ça ce qu’on a dit par rapport au FLNKS mais le FLNKS ne s’ouvre pas. Jusqu’à présent le FLNKS n’a pris aucune décision de s’ouvrir. Quand on observe bien, évidemment qu’ils ne vont jamais s’ouvrir. Ils sont trop bien tranquilles, ils prennent les décisions. Et nous, si c’est pour aller dans un mouvement comme ça, qui, aujourd’hui, comme la grande décision qui a été prise l’année dernière de porter le président Calédonie Ensemble à la tête du gouvernement, nous, ça ne nous intéresse pas. Par contre, faire l’unité du peuple Kanak pour construire la dynamique pour faire gagner l’année 2018, oui, on est d’accord. Oui, on est d’accord pour gagner mais pas pour dire que c’est politiquement clos et on la ferme. Ça, il n’en n’est pas question. RH : Nous arrivons pratiquement au terme de cet entretien. On a beaucoup parlé du corps électoral. Maintenant, vous avez aussi bien cité le fait dans le communiqué qu’il n’y ait pas un autre accord, pas de 3ème accord. Les indépendantistes m’ont l’air me semble-il tous à fait d’accord là-dessus ?
LKU : Bien entendu. Vous savez, on en a fait des concessions, on en a fait des ouvertures. Ça a commencé en 83 à Nainville-Les-Roches. Les vieux, ils ont reconnus les victimes de l’Histoire. Ensuite, cela a été l’Accord de 88, cela a été l’Accord de 98. Je rappelle, si il y a eu les évènements de 84, c’est bien parce que les dirigeants avaient bien compris qu’il y avait aucune garantie contre les flux migratoires dans le Statut Lemoine et c’est comme ça qu’on s’est mobilisé contre le Statut Lemoine, avec tous les sacrifices qu’il y a eu et toutes les conséquences de tout ça. Les autres accords, qui ont été signés, ont amené quoi ? Ils ont amené des flux migratoires incessants en particulier après l’Accord de Nouméa. Il n’y avait plus aucun contrôle, plus aucune garantie. Les gens, ils sont entrés, ils sont entrés, ils sont entrés. Aujourd’hui, on va faire quoi ? On signe un nouvel accord pour qu’il y ait encore plus de flux migratoire avec le risque, toujours présent, qu’à la fin de l’Accord de Nouméa, que le corps électoral gelé ne soit plus gelé. Parce que c’était subordonné à la période de l’accord. Ça, c’est la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui la rappelé. Ça été d’ailleurs rappelé par Christnach et Merle, la dernière fois qu’ils sont passés. Ils ont bien précisé que le gel du corps électoral, il est subordonné à l’Accord de Nouméa. A la fin de l’Accord de Nouméa, il n’y a plus de gel du corps électoral. Donc, nous, il faudrait qu’encore qu’on aille vers un nouvel accord ? Il n’en est pas question ! Je crois qu’il est temps que chacun maintenant prenne ses responsabilités. Le Peuple Kanak doit se retrouver. Il doit se retrouver, dans la dignité et dans la mobilisation, mobiliser, pour gagner 2018 !!! Pas pour jouer au 1er de la classe, non. Pour gagner 2018, c’est ça qui est important !!! Il y en a qui disent comment on travaille le projet de société, si on commence par soulever les choses qui font peur ? Mais, on va rassurer qui encore ? On a passé notre temps à rassurer. Je tiens à préciser ce que j’avais déjà dit au groupe. De toute façon, les gens qu’on voudrait rassurer, les Européens ou les Océaniens, mais ils ne vont pas voter pour nous, ils sont bien dans la situation où ils sont. Mais, nous, Peuple Kanak, nous, si on se retrouve et on engage les gens, on va gagner le référendum de 2018.
RH : C’est avec cela, Mr Uregei, qu’on va terminer cet entretien. On vous remercie bien sûr d’être venu intervenir sur nos ondes. Merci aux auditeurs d’avoir voulu bien suivre cette émission qui se termine maintenant. C’était l’invité du Jeudi, Mr Louis Kotra Uregei, le président du PT.