«Panama Papers» : acculé, le Premier ministre islandais démissionne
Un consortium d’investigation international, auquel participent en France le Monde et Cash investigation, divulgue depuis dimanche soir des informations sur un scandale fiscal d’ampleur internationale, désormais connu sous le nom de «Panama Papers». Le point sur ces révélations.
En Islande, le Premier ministre démissionne
Chahuté par la rue, Sigmundur David Gunnlaugsson a démissionné ce
mardi de son poste de chef du gouvernement islandais. De 8 000 à 22 000
manifestants islandais avaient appelé la veille à sa démission,
alors qu'il est soupçonné d’avoir détenu une société offshore. Ces
chiffres sont importants à l’échelle du pays, qui compte moins de
330 000 habitants. «Cette compagnie appartenait à ma femme, et elle a toujours payé des impôts, s'était-il justifié. Ce n’est pas une fraude fiscale.»
Un peu plus tôt, Sigmundur David Gunnlaugsson avait proposé de
dissoudre le Parlement, ce que le président islandais lui a refusé.
Acculé, il a fini par démissionner, mais devrait conserver la tête du
Parti du progrès. Sigurdur Ingi Johannsson, vice-président du parti et
ministre de l’Agriculture, devrait lui succéder à la ête du
gouvernement. Ce mardi soir, des centaines d'Islandais se sont à nouveau
réunis pour manifester à Reykjavik.
Les Balkany et leur villa marocaine
La villa «Dar Gyucy», située dans la Palmeraie de Marrakech, intéresse le fisc français depuis environ deux ans.
La justice tente de prouver qu'elle appartient bien au couple Balkany,
tandis que le maire de Levallois-Perret et son épouse affirment ne
l'avoir qu'occasionnellement louée.
Les documents issus du cabinet panaméen Mossack Fonseca tendent à appuyer les soupçons de la justice. Comme l'explique le Monde, c’est ce cabinet spécialisé dans la création de sociétés offshore qui aurait enregistré au Panama la société propriétaire du riad, en 2007, à la demande de Jean-Pierre Aubry, le bras droit du couple Balkany.
Les pérégrinations du trésor de Cahuzac
L’enquête révèle les montages financiers d’une autre figure politique française : Jérôme Cahuzac. Les documents fournis par le lanceur d’alerte anonyme au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung
permettent de retracer les mouvements du pactole secret de l’ancien
ministre délégué au Budget. Entre le début des années 1990 et 2009, les
économies de Jérôme Cahuzac seront ainsi passées par les Seychelles,
Panama et les îles Samoa… jusqu’à son compte caché à Singapour, selon le Monde.
L’affaire Guérini, de Marseille à Panama
C’est une enquête judiciaire particulièrement révélatrice des liens
entre la classe politique marseillaise et le grand banditisme. Entre
marchés truqués, gestion suspecte des décharges et blanchiment d’argent,
l’affaire Guérini avait déjà dévoilé de nombreux montages financiers
complexes du clan des deux frères, hommes d'affaires et politique.
L’enquête menée par le consortium international d’investigation les confirme, bien que le nom d’Alexandre Guérini n’apparaisse pas directement.
Jean-Marie Le Pen et des proches de sa fille concernés
Le Monde a réussi à mettre en lumière les liens susceptibles de rattacher un compte hébergé à Guernesey à Jean-Marie Le Pen et son épouse.
2,2 millions d’euros en billets de banque, lingots et pièces d’or
auraient ainsi fait l’objet d’optimisation, voire de fraude fiscale. La
justice travaille dans ce sens depuis septembre.
L’enquête dévoile par ailleurs le système financier complexe qu’ont
monté l’homme d’affaires Frédéric Chatillon et l’expert-comptable
Nicolas Crochet, des proches de Marine Le Pen. Selon le Monde, il aurait été conçu entre Hongkong, Singapour, les îles Vierges britanniques et le Panama pour sortir 316 000 euros du territoire français, avec la volonté d’échapper aux services antiblanchiment.