Recoloniser, Révangéliser, Réconcilier, Redominer
Les mots sont le moyen par lequel nous
configurons et créons notre réalité. Quand nous changeons les mots, nous
changeons notre réalité. Les mots que nous utilisons dans notre vie
quotidienne, dans notre interaction avec les autres, constituent une
réalité à part entière. Le changement d’un seul mot, parfois même d’une
lettre de l’alphabet, peut avoir pour résultat un renversement complet
de la réalité. Prenez par exemple (en anglais) la différence entre les
mots “people” sans “s” et le mot “peoples” (avec un “s”). Le premier mot
indique des individus (NdT: les gens en français), le second indique
des peuples entiers (NdT: les peuples, les nations..)
Le préfice “re” veut dire “faire de
nouveau”. R(e)-évangéliser par exemple, veut dire refaire ces actions
impliquées dans l’expansion et la divulgation de l’évangélisation
chrétienne, un processus par lequel de la combinaison des mots et de
l’attitude, résulta une somme énorme de terre, de pouvoir, de richesse,
se retrouvant sous la domination du monde (empire) chrétien, de l’église
catholique (NdT: et des églises réformées également par la suite), des
monarchies chrétiennes européennes et des états.
“Re-coloniser” veut dire, refaire, ou
renforcer, les schémas comportementaux de colonisation et de domination
(pensée et attitude), qui furent appliqués pendant des siècles.
Initialement, pacifier des autochtones en colère impliqua le besoin de
se les “concilier”, ce qui veut dire “calmer quelqu’un, faire en sorte
qu’il ne soit plus en colère” ou “pacifier quelqu’un ou un groupe de
personnes qui ont un ressentiment en faisant en sorte qu’ils abandonnent
leur ressentiment”.
L’effort d’une nation pour s’engager
dans la conquête physique d’une autre nation implique que la nation qui
agresse entre violemment ou envahisse la terre natale d’une autre nation
; ceci est plus correctement appelé “invasion de la patrie ou terre
ancestrale”. Dans cette démarche, quelle type de réalité se constitue
t’elle dans un processus de “conquête spirituelle” au nom de
l’évangélisation ? La conquête spitituelle se fait en envahissant
physiquement une nation libre et indépendante et en envahissant,
colonisant l’esprit même de la nation et du peuple qui sont envahis, en
utilisant des techniques de guerre psychologique contre la nation
envahie.
L’évangélisme, d’après l’écrit du théologien Walter Brueggemann dans son Biblical Perspectives on Evangelism (1993), est un “conte narratif” qui a “trois scènes”. “Dans
la première scène, dit-il, il y a combat, lutte et conflit entre de
puissantes forces qui bataillent pour le contrôle de l’endroit, le
contrôle des récompenses, le contrôle du futur.” Il va même plus loin et déclare : “L’évangélisation
n’a aucun sens à moins que l’on ait une perception et une compréhension
du drame qui se joue… dans sa fonction de combat et de lutte.”
L’évangélisation chrétienne était vue comme partie de la lutte cosmique
entre le bien et le mal sur Terre. Brueggemann dit que dans la tradition
évangéliste “des évènements qui se sont produits dans un endroit ont une grande importance dans un autre endroit”, et que “les victoires remportées à une époque continuent de compter de manière décisive dans une autre époque.” (p.17)
Les prêtres catholiques qui vinrent dans
notre partie de l’Île de la Grande Tortue/Abaya Yala (ou “hémisphère
occidental”) dirent de manière explicite que l’objectif de leur
évangélisation était “la conquête spirituelle” de nos ancêtres qu’ils
dénommaient “les gentils”. Ceci veut dire que les prêtres étaient
activement engagés dans une bataille pour la chrétienté ou l’empire
chrétien afin de contrôler le futur, incluant le futur de nos nations.
Les évangélisateurs dominant amenèrent avec eux l’image de la “mère
Marie”, qu’ils appelaient “La Conquistadora” ou la conquérante
(dominatrice) qui s’engage dans la “conquête”. Re-évangéliser est
s’engager dans une nouvelle évangélisation ou s’engager dans des
activités de “conquête spirituelle” (domination), au nom de la
“réconciliation”.
Le ré-conciliation mode XXIème siècle
est, de mon point de vue, un effort moderne pour renouveler le processus
d’évangélisation initial en persuadant nos nations et nos peuples
d’accepter volontairement un statut politique diminué afin que nous ne
restions plus le contrôle exercé sur nos existences par “l’État”. Je le
vois comme une extension des mêmes schémas de pensée et d’attitude qui
émanèrent des bulles pontificales de l’église catholique et du pape
Alexandre VI (Rodrigo Borgia) et de son plan d’extension de la
domination chrétienne par “l’empire chrétien”, colportée hors des
frontières européennes sous le nom d’évangélisation.
La définition acceptée de
l’ONU pour les “peuples indigènes” suit la tradition des bulles
pontificales en utilisant l’idée que le mot “indigène” veut dire peuples
existant de manière permanente sous la domination de “l’État”.
Une fois que vous avez appris à voir et reconnaître ce schéma, l’image
devient très claire: il y a des siècles, il y avait des nations
originelles, distinctes et libres vivant sur la planète. Puis nos
nations furent soudainement envahies par les monarchies de la chrétienté
occidentale.
Le fait que nos nations étaient déjà
libres et indépendantes avant l’invasion de nos territoires par les
puissances politiques chrétiennes est la base pour la définition de
l’ONU en référence de nos nations originelles libres avant l’invasion ou
“pré-invasion”. Le préfixe “pré” reconnaît l’existence originellement
libre de nos nations avant que nos ancêtres, nations et territoires ne
fussent envahis par les monarchies de la chrétienté occidentale.
Aujourd’hui, certains d’entre nous continuent de souscrire au point de
vue que nos nations originellement libres ont le droit de vivre libres
de toute domination parce que le système de domination qui nous a envahi
n’a jamais été valide ni acceptable.
Nos nations vivent maintenant sous une affirmation de droit de domination post-invasion. Une invasion est définie comme “une armée ennemie envahissant un territoire”. Envahir est le fait “d’entrer de force ou de manière hostile, venir en tant qu’ennemi… pénétrer et s’étendre…” L’invasion fait partie de la colonisation, que l’historien Samuel Morison a défini comme “une forme de conquête (domination) dans laquelle une nation prend possession d’un territoire lointain.” Il ajoute que la nation envahissante “amène ses propres personnes” et “contrôle ou élimine les habitants autochtones.” (The Oxford History of the American People, 1965, p. 34).
La définition des Nations-Unies des
peuples indigènes utilise implicitement l’imagerie de l’invasion de nos
terres et de nos territoires pour illustrer les sociétés dominantes
émergeant graduellement de cette histoire et existant jusqu’à
aujourd’hui. L’ONU appelle ces sociétés dominantes “prévalentes
aujourd’hui” ou “maintenant prévalentes” (c’est à dire dominantes
aujourd’hui) en relation avec nos nations originelles libres. Ceci
suggère que les sociétés “maintenant prévalentes” dominent activement nos peuples et nations caractérisés comme “indigènes”, c’est à dire nations et peuples dominés.
Au vu de ce qui précède, une
question se pose: Pourquoi tant de gens considèrent-ils la Déclaration
des Droits des Peuples Indigènes (DDPI) de l’ONU être la base d’une
réforme fondamentale alors qu’elle ne contient aucune provision pour
mettre fin au système de domination qui a été établi et imposé à nos
nations par des états aussi variés que le Canada, les Etats-Unis et
d’autres pays ?
Une fois que nous réalisons pleinement
que la DDPI de l’ONU ne fut jamais écrite avec les mots nécessaires pour
mettre fin au système de domination établi dans la réalité et maintenu
par les états, nous nous trouvons alors face à face avec un point
particulier auquel on ne peut échapper: Lorsque, par exemple, le
gouvernement canadien dit, comme il l’a récemment fait, qu’il va
s’engager dans un processus de “réconciliation” en mettant en
application les mots de la DDPI de l’ONU de manière consistante avec la
constitution canadienne, ceci nous dit que nous pouvons nous attendre à
toujours plus dans ce jeu de la domination, simplement cela porte un
autre nom.
Steven Newcomb
Note de Résistance 71: Au sujet de la “constitution” canadienne, elle est inexistante. La “constitution” canadienne est en fait une charte commerciale
plus connue sous le nom de British North America Act de 1867 (BNAA
1867). Le “Canada” fut enregistré en 1867 en tant qu’entreprise
coloniale de la “couronne” c’est à dire de la City de Londres dont la
vitrine politique est la “couronne” représentée par la dynastie royale
britannique. Le BNAA fut voté par le parlement britannique et est à cet
égard une décision coloniale de dominion britannique. Le Constitution
Act of Canada de 1982 est une fraude (clause dérogatoire de la section
33 et non ratification par le peuple).
Il est aussi à noter que la nationalité “canadienne” n’existe que depuis 1947, auparavant les “Canadiens” vivant dans le dominion du Canada était sujet britannique avec un statut spécial. Aujourd’hui, la reine d’Angleterre est toujours souveraine du Canada et nomme un gouverneur général qui ne répond qu’au souverain britannique. Le chef de l’état du “Canada” est la reine Elisabeth II d’Angleterre et ses héritiers. Tous les passeports canadiens sont émis au nom de la reine d’Angleterre. Le gouverneur général du Canada nomme au nom de la reine les sénateurs, les juges de la cour suprême etc…
Pas plus d’indépendance “canadienne” que de beurre en branche donc. Les Etats-Unis d’Amérique et le Canada ne sont que des créations de la “couronne”/City de Londres et du monde de la haute finance transnationale.
Il est aussi à noter que la nationalité “canadienne” n’existe que depuis 1947, auparavant les “Canadiens” vivant dans le dominion du Canada était sujet britannique avec un statut spécial. Aujourd’hui, la reine d’Angleterre est toujours souveraine du Canada et nomme un gouverneur général qui ne répond qu’au souverain britannique. Le chef de l’état du “Canada” est la reine Elisabeth II d’Angleterre et ses héritiers. Tous les passeports canadiens sont émis au nom de la reine d’Angleterre. Le gouverneur général du Canada nomme au nom de la reine les sénateurs, les juges de la cour suprême etc…
Pas plus d’indépendance “canadienne” que de beurre en branche donc. Les Etats-Unis d’Amérique et le Canada ne sont que des créations de la “couronne”/City de Londres et du monde de la haute finance transnationale.
url de l’article original: http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2016/05/29/re-colonize-re-evangelize-re-conciliate-re-dominate
Traduit de l’anglais par Résistance 71