Ce qui devait arriver est arrivé : alors que la journée avait
commencé sur l'air relativement léger du jeu du chat et de la souris
auquel procédait un Puigdemont esquivant de répondre à l'injonction du
gouvernement central de clarifier s'il avait proclamé l'indépendance
lors de sa récente comparution devant le Parlement catalan, les choses
se sont sérieusement tendues en fin d'après midi. La comparution du
"major" des policiers catalans et des deux dirigeants des mouvements de
masse que sont l'ANC et l'Omnium a tourné vinaigre. Le premier s'est vu
assigné à un sévère contrôle judiciaire qui pourrait préfigurer sa
prochaine mise en détention mais c'est surtout l'arrestation des deux
derniers qui provoque un tollé en Catalogne.
La justice aux
ordres que la Audiencia Nacional symbolise depuis toujours, et
particulièrement pendant la lutte contre l'ETA, a donc frappé fort : il
est imputé à Jordi Sànchez et à Jordi Cuixart d'avoir organisé les
manifestations des 20 et 21 septembre à Barcelone devant le Conseil
Economique de la Généralité pour protester contre l'intrusion de la
Garde Civile dans le bâtiment pour y procéder à une perquisition et à
des réquisitions de documents et d'ordinateurs. Assiégés par les
manifestant-es, les pandores avaient dû passer la nuit dans les lieux,
la police catalane n'ayant pas répondu aux demandes de les libérer...
Plus au fond, la juge en charge du dossier retient l'argumentation du
Procureur, donc de l'Etat espagnol, selon laquelle ces deux
représentants de la société civile catalane mobilisée pour
l'indépendance, participent d'une sédition, une des infractions à la loi
et à l'ordre constitutionnel parmi les plus graves. Par là, la
"justice" espagnole poursuit, en auxiliaire zélé du Parti Populaire, la
guerre qu'elle a déclarée au mouvement national catalan et cherche par
les pires moyens d'arbitraire à casser la dynamique que pourrait
enclencher la victoire référendaire du 1er octobre.
Ce faisant, l'Etat espagnol, dans la nudité de ses ressorts les plus
répressifs, prend un grand risque, celui de donner à une mobilisation
restée depuis plusieurs jours l'arme au pied, les martyrs lui
permettant de se relancer en s'élargissant, comme lors du référendum, à
ceux et celles, non indépendantistes, qu'insupporte la violence exercée
par Madrid : les premières réactions dans la population catalane sont
vives. Une première casserolade a été immédiatement organisée, en
avant-première de l'appel à se mobiliser "pacifiquement et civiquement",
lancé par l'Omnium et l'ANC, demain à midi mais surtout à 19 heures
devant les Délégations du Gouvernement espagnol à Barcelone, Girona,
Lleida et Tarragone.
Du côté des politiques, les protestations fusent de partout, enfin, à l'exception d'un PP et de ses complices de Ciudadanos : même le PSC s'adonne à l'indignation, sans renoncer à réclamer avec ces derniers, suite à la déclaration matinale de Puigdemont, que soit activé jeudi le "155" ! Du PDeCat à Podem en passant par Catalunya en Comú et la CUP, l'heure est à pointer du doigt, avec de nombreuses personnalités catalanes, le rôle de pyromane que tient, dans une fuite en avant sans fin, le gouvernement de Rajoy et à réclamer que soient libérés les deux Jordis.
Mais tout le monde est conscient que le gouvernement, fort de l'appui des instances européennes, ira jusqu'au bout de sa logique répressive et nationaliste. De quoi mettre à mal les appels au dialogue lancés ici ou là, entre autres par Puigdemont lui-même dans sa missive du matin adressée à Rajoy. La réponse de celui-ci est sans appel et résonne comme un ultimatum : en rester à la proposition du President de se donner un mois pour avancer vers...l'indépendance de la Catalogne, cela donnera la "mano dura" du "155" que votera sans problème, conformément à ce que dispose la Constitution espagnole, un Sénat où le PP dispose de la majorité absolue.
L'emprisonnement des deux dirigeants indépendantistes sonne l'heure de vérité du mouvement pour l'indépendance et la république catalanes : continuer à biaiser, dans le sillage des Puigdemont et Junqueras, avec un gouvernement central, qui a maîtrisé jusque là, le calendrier de son offensive anticatalane, c'est participer de la chronique d'une défaite annoncée. Il convient en revanche de profiter de ce qui pourrait s'apparenter à la grossière erreur stratégique du jour : comme le 1er octobre, la politique de la peur pourrait se retourner en audace et défi populaires massifs. Mais il sera décisif que les politiques, particulièrement ceux et celles qui se réclament de l'alternative démocratique au système, y compris sur les plans sociaux et économiques, soient à la hauteur des circonstances et misent sur les capacités d'auto-organisation de la population... A cet effet c'est la rue qui est appelée à reprendre ses droits !
Enfin il est incontournable que la solidarité la plus vive se manifeste dans le reste de l'Etat espagnol et de l'Europe. Voilà l'un des leviers qui feront reculer les liberticides de Madrid et leurs appuis à Bruxelles et Strasbourg : que la rébellion catalane fasse tache d'huile et démultiplie y compris les dynamiques de contestation anticapitaliste depuis ce qui pourrait s'avérer l'épicentre du séisme politique qu'appellent l'exploitation et les oppressions subies par les populations de la zone ... et, qui sait, au-delà !
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Du côté des politiques, les protestations fusent de partout, enfin, à l'exception d'un PP et de ses complices de Ciudadanos : même le PSC s'adonne à l'indignation, sans renoncer à réclamer avec ces derniers, suite à la déclaration matinale de Puigdemont, que soit activé jeudi le "155" ! Du PDeCat à Podem en passant par Catalunya en Comú et la CUP, l'heure est à pointer du doigt, avec de nombreuses personnalités catalanes, le rôle de pyromane que tient, dans une fuite en avant sans fin, le gouvernement de Rajoy et à réclamer que soient libérés les deux Jordis.
Mais tout le monde est conscient que le gouvernement, fort de l'appui des instances européennes, ira jusqu'au bout de sa logique répressive et nationaliste. De quoi mettre à mal les appels au dialogue lancés ici ou là, entre autres par Puigdemont lui-même dans sa missive du matin adressée à Rajoy. La réponse de celui-ci est sans appel et résonne comme un ultimatum : en rester à la proposition du President de se donner un mois pour avancer vers...l'indépendance de la Catalogne, cela donnera la "mano dura" du "155" que votera sans problème, conformément à ce que dispose la Constitution espagnole, un Sénat où le PP dispose de la majorité absolue.
L'emprisonnement des deux dirigeants indépendantistes sonne l'heure de vérité du mouvement pour l'indépendance et la république catalanes : continuer à biaiser, dans le sillage des Puigdemont et Junqueras, avec un gouvernement central, qui a maîtrisé jusque là, le calendrier de son offensive anticatalane, c'est participer de la chronique d'une défaite annoncée. Il convient en revanche de profiter de ce qui pourrait s'apparenter à la grossière erreur stratégique du jour : comme le 1er octobre, la politique de la peur pourrait se retourner en audace et défi populaires massifs. Mais il sera décisif que les politiques, particulièrement ceux et celles qui se réclament de l'alternative démocratique au système, y compris sur les plans sociaux et économiques, soient à la hauteur des circonstances et misent sur les capacités d'auto-organisation de la population... A cet effet c'est la rue qui est appelée à reprendre ses droits !
Enfin il est incontournable que la solidarité la plus vive se manifeste dans le reste de l'Etat espagnol et de l'Europe. Voilà l'un des leviers qui feront reculer les liberticides de Madrid et leurs appuis à Bruxelles et Strasbourg : que la rébellion catalane fasse tache d'huile et démultiplie y compris les dynamiques de contestation anticapitaliste depuis ce qui pourrait s'avérer l'épicentre du séisme politique qu'appellent l'exploitation et les oppressions subies par les populations de la zone ... et, qui sait, au-delà !