l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie s'invite à l'ONU
Dans un an, un
référendum d'autodétermination aura lieu dans le territoire français
d'outre-mer. Les partisans de la «Kanaky Nouvelle-Calédonie» et leurs
adversaires loyalistes vont défendre leurs positions à New York ce
mardi.
L'Écosse, la Catalogne, le Kurdistan...
et la Nouvelle-Calédonie! Les velléités séparatistes existent aussi en
France. Ce mardi, les indépendantistes et les loyalistes calédoniens
s'expriment à la tribune de l'ONU, devant la commission de
décolonisation. Ce grand oral revêt une importance capitale. Dans près
d'un an, en octobre ou novembre 2018, un référendum d'autodétermination
est prévu par les accords de Nouméa. Le destin de ce bout de France dans
le Pacifique va surgir dans le débat national. La proclamation
d'indépendance d'un territoire français serait une première depuis 1980,
année où l'archipel voisin des Nouvelles-Hébrides est devenu le
Vanuatu. En Nouvelle-Calédonie,
l'État a progressivement décentralisé de nombreuses compétences au
gouvernement local. Mais la France conserve les domaines régaliens. Dès
lors, le «caillou» reste inscrit par l'ONU sur la liste des pays et
territoires à décoloniser.
À New York, les indépendantistes vont de nouveau plaider
leur désir de souveraineté. «Le temps de parole n'est que de 4 minutes,
mais ce discours sera important à la veille d'une année capitale. Le
pays a rendez-vous avec son histoire. On veut un référendum
incontestable», plaide Roch Wamytan, leader du FLNKS - Front de
libération nationale kanak et socialiste, joint par Le Figaro.
Les
pro «Kanaky» - le nom que les indépendantistes donnent à leur «pays» -
ne seront pas seuls à la tribune. Leurs adversaires, marqués à droite,
refusent de leur laisser le champ libre à l'ONU, après avoir longtemps
boycotté cet exercice. «Il s'agit de rappeler qu'une très grande
majorité des Calédoniens souhaitent que leur territoire reste dans la
France, explique le loyaliste Gaël Yanno au Figaro. Cet élu,
porte-parole de «la plateforme», le rassemblement des partis favorables
au maintien dans la République française, présente un projet de
«décolonisation sans indépendance», sur la base d'un «statut
particulier». Il compte aussi demander la présence d'observateurs de
l'ONU le jour du scrutin. Le but: «attester de la réussite de la
consultation dans le cas où certains souhaiteraient la remettre en
cause».
La composition des listes électorales, source de tensions
Les
allocutions devraient être convenues... Pas d'éclats de voix. «Nous ne
sommes pas là pour nous crêper le chignon. Le débat entre nous a lieu au
congrès de Nouvelle-Calédonie», rassure Roch Wamytan. Mais la question
de la composition des listes électorale reste sensible. 22.780 Kanaks
n'y sont pas inscrits. Les indépendantistes souhaitent qu'ils le soient
d'office. «On peut examiner cette demande à la condition que cette
mesure bénéficie à tous les natifs néocalédoniens, Kanaks comme non
Kanaks», argue Gaël Yanno.
Si les indépendantistes l'emportent
lors du scrutin de 2018, les discussions s'enclencheront avec la France
pour le transfert des dernières compétences: monnaie, armée, justice,
contrôle des frontières... En cas de victoire du camp loyaliste, les
accords de Nouméa signés par Lionel Jospin en 1998 prévoient deux
nouveaux référendums jusqu'en 2022. Le dossier néocalédonien n'est pas
près de se refermer.
Valls à la tête d'une mission parlementaire sur la Nouvelle-Calédonie
Selon L'Opinion,
Manuel Valls, qui s'était rendu en en Nouvelle-Calédonie fin avril 2016
en tant que premier ministre, va diriger la mission parlementaire sur
l'avenir institutionnel de ce territoire d'outre-mer. «Il faudra être
offensif et imaginatif, car le blocage est aujourd'hui absolu», rapporte
le député apparenté LREM, toujours à nos confrères. Jean-Luc Mélenchon
devrait aussi participer aux travaux.