Politique.
Les militants du RIN, de l’UC et d’autres formations indépendantistes
ont manifesté à nouveau hier pour demander l’inscription automatique de
tous les Kanak sur la liste du référendum.
C’est la troisième manifestation organisée en faveur du
vote sans condition de tous les Kanak. Comme à chaque fois, de
nombreuses prises de parole se sont succédé, devant le haussariat ou
encore sur la place des Cocotiers
Le
Mwa Ka, la mairie de Nouméa et enfin le haut-commissariat où une
délégation de manifestants a remis un cahier de doléances aux
représentants de l’Etat.
Comme en octobre 2016 et comme en juillet 2017, le RIN (
Rassemblement des Indépendantistes et Nationalistes) a organisé une
manifestation pour demander à l’Etat l’inscription automatique de tous
les Kanak sur la liste électorale du référendum, et de ne pas procéder à
l’inscription automatique des autres natifs, ce que réclament les
partis non-indépendantistes.
Question ultrasensible
L’argumentaire n’est pas nouveau. La manifestation a d’ailleurs sans
doute moins mobilisé que les précédentes (entre 1 000 et 2 000 personnes
selon certains participants, 500 selon la police). Mais le moment est
stratégique puisqu’il intervient à une semaine du Comité des signataires
qui va précisément traiter de cette question ultrasensible.
D’ailleurs, c’est d’abord et avant tout aux responsables
indépendantistes qui participeront au Comité que s’adressaient les
manifestants. « Nous avons voté pour vous afin que vous défendiez la
cause des Kanak, pas pour que vous fassiez des compromis. Sinon, c’est
vous qui en porterez les conséquences individuellement » a averti une
mère de famille au micro devant la mairie.
Droit inné
L’Etat aussi en a pris pour son grade. Certes, les manifestants du
RIN reconnaissent que des initiatives de sensibilisation ont été prises
pour inciter les non-inscrits à faire les démarches nécessaires.
Mais les militants du RIN ne veulent pas entendre parler d’arguties juridiques.
« Le peuple colonisé, c’est nous. C’est nous qui avons un droit inné à
dire ce que nous voulons pour notre pays. Ce droit, en 1988 et en 1998,
nous avons accepté de permettre à d’autres populations de l’exercer
aussi » a fait valoir Yvon Faua « mais pas n’importe comment et pas sans
la moindre condition. »
Dans cette logique, et compte tenu du caractère très particulier de
ce scrutin, l’idée a été avancée que les Kanak privés de leurs droits
civiques puissent aussi participer au référendum. Un bureau de vote au
Camp-Est ?
En somme, si l’ensemble des natifs a vocation à être inscrit sur la
liste du référendum, ceux qui ne sont pas Kanak doivent démontrer qu’ils
vivent en Calédonie et qu’ils y détiennent le centre de leurs intérêts
matériels et moraux.
La semaine prochaine, au Comité des signataires, les partis
non-indépendantistes vont précisément tenter d’obtenir que tous les
natifs puissent être inscrits automatiquement dès lors que les fichiers
Cafat ou Isee indiquent qu’ils sont résidents depuis une certaine durée.
C’est exactement ce que refusent les membres du RIN.