Le
mercredi 21 mars se tenait à Paris un meeting de solidarité avec la
lutte du peuple kanak organisé par le Mouvement des jeunes kanak en
France (MJKF), l’Union syndicale des travailleurs kanak et des exploités
(USTKE), le collectif Solidarité Kanaky et l’Association information et
soutien aux droits du peuple kanak (AISDPK), en présence de Daniel Goa,
porte-parole du Front de libération nationale kanak et socialiste
(FLNKS).
Au cours de ce meeting la représentante de l’USTKE, Mina Kherfi a souligné que « l’ensemble
des dispositifs mis en place depuis 1989 a permis de réduire fortement
les inégalités jusqu’en 2009, mais depuis celles-ci stagnent, voire même
augmentent » et elle a notamment cité les chiffres suivants : un
taux de chômage de 26 % chez les Kanak contre 7 % chez les non-Kanak ;
seulement 6 % de diplôméEs de l’enseignement supérieur chez les Kanak ;
85 % des chefs d’entreprise et 75 % des cadres supérieurs sont des
métropolitains, mais 75 % des ouvriers sont kanak. Elle a aussi pointé « les inégalités persistantes dans le système éducatif et sur le marché du travail, l’accès au logement… » Enfin, elle a mis l’accent, comme les intervenants de la délégation des jeunes du FNLKS et du MJKF, sur « un
malaise profond de la jeunesse, qui se traduit par une marginalisation
galopante (90 % de la population carcérale est d’origine kanak, des
faits principalement dus à l’alcool), un taux de suicide inquiétant,
l’échec scolaire, le chômage, les jeunes sont écartelés entre les
valeurs coutumières et le monde occidental et peinent à trouver leur
place dans une société dominée par les Européens et l’argent ».
Responsabilité des anticolonialistes en France
Mehdi Lallaoui,
pour l’AISDPK, a rappelé les crimes de la colonisation (de la
répression de l’insurrection du chef Ataï en 1878 aux Kanak exhibés lors
de l’exposition coloniale de 1931...), la « politique de peuplement de l’État français qui a rendu le peuple premier en minorité dans son propre pays », et enfin le combat pour l’indépendance mené depuis les années 1980.
Daniel
Goa est revenu sur ce combat, qui a conduit aux accords
Matignon-Oudinot puis à l’accord de Nouméa qui prévoit enfin la
possibilité pour le peuple kanak de s’exprimer sur son propre sort, par
un référendum qui se tiendra le 4 novembre 2018, sur l’accession à la
pleine souveraineté de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie.
La veille,
l’Assemblée nationale avait adopté un texte préparé par un accord
politique au sein du Comité des signataires des accords de
décolonisation (représentants des partis indépendantistes, non
indépendantistes et de l’État français) organisant ce référendum, qui
acte l’inscription d’office sur la liste électorale générale qui compte
158 000 personnes, d’environ 10 900 personnes, dont 7 000 Kanak, pas
encore inscrites. C’est la première étape pour accéder à la liste
spéciale pour le référendum.
Un point, et pas des moindres, reste à
résoudre par Comité des signataires : celui de la question posée lors
du référendum. En conformité avec l’accord de Nouméa, elle ne peut être
que celle de la pleine souveraineté... Mais la vigilance est de mise car
on se souvient que Manuel Valls, président de la mission d’information
parlementaire sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, s’est prononcé
contre l’indépendance !
Comme l’a réaffirmé le représentant de l’AISDPK, « la
responsabilité des anticolonialistes en France est énorme. Notre tâche
sera de nous regrouper et de créer partout dans le pays, comme nous
l’avons fait dans les années 1980, des comités de soutien à la lutte du
peuple kanak ».
Christine Poupin