Le leader de l’USTKE et président du Parti travailliste revient sur les fondamentaux de la lutte indépendantiste. « Le peuple kanak colonisé » doit retrouver sa dignité par l’indépendance, préalable nécessaire au destin commun.
Que
vous suggère le compromis voire le consensus autour de l’organisation
de la consultation sur l’accession à la pleine souveraineté ?
Je
suis en complet désaccord avec ce qui serait un consensus. Les
indépendantistes ont failli. Depuis des années, certains de ceux qui
vont à Paris prennent des décisions qui n’émanent que d’euxmêmes mais
qui engagent pourtant le peuple kanak.
J’ai
gardé un certain silence parce que j’espérais que la raison l’emporte,
que certains soient plus rigoureux dans leur engagement politique. Ils
ont tout lâché sans contrepartie. Il est question d’un référendum
d’auto-détermination et un référendum d’auto-détermination est encadré
par des principes. Compte tenu des ouvertures, je dis que ce n’est plus
un référendum d’auto-détermination. C’est un consensus trompeur qui
s’est passé ces dernières années, en défaveur des kanaks.
Depuis les accords de Matignon, les responsables indépendantistes et non indépendantistes ont choisi de renoncer au fait majoritaire pour travailler ensemble, de faire des pas les uns vers les autres. Pour vous, il faut que chacun continue à tenir ses positions ?
Je
suis un signataire de l’accord d’Oudinot. Il a bien fallu enrichir le
1er accord de mesures de décolonisation, de rééquilibrage qui ont permis
de faire vivre le 1er accord. Mais pas pour abandonner nos positions,
pas pour que les flux migratoires continuent et que les kanak aient de
moins en moins accès à l’emploi. Finalement, il n’y a pas eu de
compromis. Quelles concessions ont fait les autres ? Aucune. Il y a eu
une fraude électorale dans les mairies du grand Nouméa, entérinée par le
« politiquement clos » du comité des signataires de février 2016. Ni
Néaoutyine, ni Goa, ni Wamytan, personne n’a été mandaté par le peuple
kanak pour valider cette fraude électorale. Depuis, c’est du n’importe
quoi.
A l’instar du président de la Province nord qui entend continuer le combat jusqu’à l’accession à la pleine souveraineté, vous parlez de l’indépendance comme seul exutoire pour les jeunes kanak…
L’indépendance
est l’exutoire pour la situation coloniale. Tant qu’on n’a pas réglé le
contentieux colonial, on peut faire tous les plans, prendre toutes les
mesures, le mal est là. Le ressenti difficile est là en permanence.
Après, on travaillera pour bâtir un destin commun avec ceux qui veulent
rester avec nous dans un pays indépendant. Aujourd’hui il n’y a pas de
destin commun, c’est un leurre. Tout est permis pour minoriser encore
davantage le peuple kanak.
(Retrouvez la suite chez votre marchand de journaux). N°213
Marine Fouquet