Un
 vent de censure a soufflé lors de la venue d'Emmanuel Macron, ce 
vendredi 4 mai 2018, dans le quartier de Pierre Lenquette, à Nouméa, 
capitale de la Kanaky (colonialement appelée Nouvelle-Calédonie). 
Bien
 loin des quartiers aisés et européanisés du sud de la ville, ce 
quartier est le reflet de l'apartheid social et colonial où la dure 
réalité de la vie quotidienne des Kanak est omniprésente : 
discrimination à l'emploi, difficulté à se loger, vie chère, emploi 
local non respecté. Les maires successifs de la droite coloniale ne se 
sont jamais souciés d'améliorer les infrastructures environnantes des 
logements sociaux du quartier de Pierre Lenquette, sauf en ce jour de la
 venue d'Emmanuel Macron pour lequel il vient découvrir la zone pilote 
de la police de sécurité au quotidien : quartier nettoyé, maison de 
quartier repeinte, tags effacés, débroussaillage, élagage. 
Tout y est pour que la communication de Macron y soit resplendissante. 
La
 colère de la population contre sa venue doit rester dans l'ombre. 
L'Histoire tachée de sang depuis la prise illégale de possession du pays
 par la France en 1853 ainsi que le désir d'indépendance à moins de six 
mois du référendum sont censurés : sacs fouillés, banderoles saisies, 
snipers aux derniers étages des bâtiments sociaux. La tension est 
palpable de la part des policiers, du service d'ordre et des RG 
présents. 
Interpellations musclées 
Des 
militants indépendantistes et nationalistes se sont vus dans 
l'obligation d'ouvrir leurs sacs et ont été saisis de leurs banderoles 
sur lesquelles où pouvaient y lire : « France, Paye ta dette coloniale !
 » ou encore « Ici, c'est Kanaky », « Etat français assassin » ; « 
France =  Voleur, restitution des 83% des terres volées ». 
Lors
 du passage de Macron au commissariat pour le plan de promotion de la 
police de sécurité, une militante indépendantiste se fait violemment 
embarquer en sortant sa banderole qui reprend la phrase du président 
français lors de son discours à Alger : « La colonisation est un crime 
contre l'humanité ». Trois autres militants indépendantistes sont 
neutralisés et menottés et placés en garde à vue. 
  Gardes à vue 
Trois
 d'entre eux sont libérés après 22h00 et la quatrième après 42h00 de garde à
 vue suite à ses propos envers le président de la République française :
 « Etat français assassin... Macron assassin... Kanaky Libre ». 
Etrangement, au moment de sa comparution devant le procureur après 23h 
de cellule, l'avocate commis d'office n'apparaît plus. La militante sort
 après 42h avec un rappel à la loi pour outrage à l'état français et au 
président de la République Emmanuel Macron avec aucune suite judiciaire à
 condition qu'elle ne commette pas une autre infraction dans un délai de
 6 ans. La peine serait alors de 6 mois à 1 an de prison ferme. 
Emmanuel
 Macron a donné le ton médiatiquement pendant son séjour dans sa 
lointaine colonie où le maintien de la France est le meilleur chemin 
pour la population en continuant d'occulter les revendications de 
liberté, d'indépendance, de souveraineté du Peuple Autochtone Kanak qui 
n'a jamais cessé de résister depuis le début de la colonisation
Kanaky, le 7 mai 2018  
Une militante emprisonnée 
