Ce
 jeudi, Edouard Philippe recevait les partis politiques de Kanaky à 
Matignon. Le but étant de préparer le second référendum sur 
l’indépendance du Caillou prévu par les accords de Nouméa. Il aura lieu 
le 30 août ou le 6 septembre et les non kanak nouvellement majeurs ayant
 plus de trois ans de résidence ne seront pas inscrits d’office sur les 
listes électorales.
Edouard Philippe a reçu ce jeudi à Matignon les leaders 
« loyalistes » et indépendantistes kanaks afin de se mettre d’accord sur
 la date et le corps électoral pour le prochain référendum sur 
l’indépendance de la Kanaky. Selon les accords de Nouméa de 1988, trois 
consultations sont prévues en cas de victoire du « non » aux deux 
premiers exercices.
Le premier ministre a obtenu un accord après de longues heures de négociations.
La réunion à Matignon a débuté par des discussions sur l’économie de la Kanaky en l’absence d’une partie des indépendantistes, qui ont estimé que cela ne rentrait pas dans le cadre de l’accord de Nouméa. Le gouvernement a annoncé « près de 75,5 millions d’euros supplémentaires aux contrats de développement des collectivités calédoniennes, ainsi que près de 125 millions d’euros de liquidités pour refinancer les banques calédoniennes, en manque d’épargne », selon L’Express. Un joli petit chèque pour faire croire que la France est généreuse et soucieuse du bien être des habitants du Caillou. Mais il ne faut pas se faire d’illusion. Cet argent ira pour le Sud de l’île où se concentrent les élites et à forte majorité Caldoches (population issue essentiellement de l’immigration européenne). Au nord où les Kanaks sont majoritaires, le chômage est massif, le nombre de non-diplômés dépasse les 50% de la population. Les Kanaks sont en minorité sur leur propre sol et n’occupent pas de postes clefs. Le premier Kanak à devenir avocat a prêté serment en… 2016. C’est-à-dire 163 ans après le début de la colonisation.
La réunion à Matignon a débuté par des discussions sur l’économie de la Kanaky en l’absence d’une partie des indépendantistes, qui ont estimé que cela ne rentrait pas dans le cadre de l’accord de Nouméa. Le gouvernement a annoncé « près de 75,5 millions d’euros supplémentaires aux contrats de développement des collectivités calédoniennes, ainsi que près de 125 millions d’euros de liquidités pour refinancer les banques calédoniennes, en manque d’épargne », selon L’Express. Un joli petit chèque pour faire croire que la France est généreuse et soucieuse du bien être des habitants du Caillou. Mais il ne faut pas se faire d’illusion. Cet argent ira pour le Sud de l’île où se concentrent les élites et à forte majorité Caldoches (population issue essentiellement de l’immigration européenne). Au nord où les Kanaks sont majoritaires, le chômage est massif, le nombre de non-diplômés dépasse les 50% de la population. Les Kanaks sont en minorité sur leur propre sol et n’occupent pas de postes clefs. Le premier Kanak à devenir avocat a prêté serment en… 2016. C’est-à-dire 163 ans après le début de la colonisation.
La deuxième partie des négociations de ce jeudi portée sur la date et
 le corps électoral. Le deuxièeme référendum se tiendra donc soit le 30 
août soit le 6 septembre. Edouard Philippe a annoncé que la date 
définitive sera fixée « dans les quinze jours ».
Des discussions qui s’annonçaient difficiles pour le pouvoir français
Lors du premier référendum, le « oui » à l’indépendance a recueilli 
43,3 % des voix. Cela a été une grande surprise puisqu’il était crédité 
de 20 à 30 % dans les sondages.
Prévu normalement fin 2020, les Caldoches (population issue 
essentiellement de l’immigration européenne) cherchaient à avancer le 
plus possible le deuxième référendum afin de restreindre la campagne 
pour l’indépendance et de reproduire le résultat de novembre 2018.
Edouard Philippe avait exprimé son souhait que cette deuxième consultation « soit aussi irréprochable que la première ».
Edouard Philippe avait exprimé son souhait que cette deuxième consultation « soit aussi irréprochable que la première ».
C’est une question de point de vue. Le premier référendum a vu bon 
nombre d’irrégularités. Tout d’abord, le gouvernement n’a pas permis à 
de nombreux Kanaks de faire leur procuration en ne dotant pas les 
gendarmeries et commissariats de police du matériel nécessaire. Les 
forces de l’ordre renvoyant chez eux les Kanaks venus exercer leur droit
 démocratique.
Le deuxième problème du premier référendum a été le corps électoral. En effet, les Kanaks ont obtenu l’inscription d’environ 7 000 des leurs sur les listes électorales lors de l’accord de 2017. Il restait encore 12 100 Kanaks non-inscrits, soit 6% du corps électoral du premier référendum. En échange de cette concession, les Caldoches ont eu le droit d’inscrire sur les listes plus de 3 000 des leurs.
Le deuxième problème du premier référendum a été le corps électoral. En effet, les Kanaks ont obtenu l’inscription d’environ 7 000 des leurs sur les listes électorales lors de l’accord de 2017. Il restait encore 12 100 Kanaks non-inscrits, soit 6% du corps électoral du premier référendum. En échange de cette concession, les Caldoches ont eu le droit d’inscrire sur les listes plus de 3 000 des leurs.
Ces manœuvres ont pour but d’empêcher sous une pseudo-légalité les 
Kanaks de se prononcer pour leur autodétermination. Ils sont en minorité
 sur leur propre terre suite aux vagues de colonisations notamment 
celles de la fin des années 70, une immigration censée « blanchir » 
l’archipel encouragé par les gouvernements français.
La date retenue pour le référendum aura un fort impact
L’Avenir en Confiance, alliance des partis de droite 
anti-indépendantiste, souhaitait aller très vite. Dirigé par un courant 
radical opposé à « toute nouvelle concession aux indépendantistes », ils
 avaient remporté les élections de mai dernier en faisant campagne pour 
accélérer le processus de consultation afin d’ancrer définitivement la 
Kanaky dans la République française. Si possible sous Macron. Le but 
étant également d’empêcher les indépendantistes de faire campagne et 
mobiliser massivement les Kanaks.
Calédonie Ensemble (UDI) souhaitait au contraire prendre son temps 
afin que le troisième référendum soit organisé après les 
présidentielles. Philippe Dunoyer, porte-parole de Calédonie Ensemble, 
explique à La 1ère.franceinfo qu’ « Il
 faut prendre toutes les mesures, y compris en matière d’inscription sur
 les listes électorales, notamment avec une révision complémentaire, 
pour que le référendum se passe le mieux possible » craignant « une instrumentalisation politique au plan national ».
Par le passé, les élections présidentielles en France ont eu de grave conséquence pour les Kanaks. Le massacre de la grotte d’Ouvéa s’est déroulé à l’occasion de l’entre-deux tours des élections de 1988 entre Mitterrand et Chirac. Le président socialiste sortant a laissé à Chirac la responsabilité du massacre qui lui de son côté voulait montrer sa fermeté.Les enjeux politiques de cette période ont accéléré la prise de décision du massacre qui a coûté la vie à 19 Kanaks.
Par le passé, les élections présidentielles en France ont eu de grave conséquence pour les Kanaks. Le massacre de la grotte d’Ouvéa s’est déroulé à l’occasion de l’entre-deux tours des élections de 1988 entre Mitterrand et Chirac. Le président socialiste sortant a laissé à Chirac la responsabilité du massacre qui lui de son côté voulait montrer sa fermeté.Les enjeux politiques de cette période ont accéléré la prise de décision du massacre qui a coûté la vie à 19 Kanaks.
De son côté le FLNKS voulait un référendum organisé la première 
semaine de novembre 2020, c’est à dire le délai maximum. Ils voulaient 
un maximum de temps pour faire campagne et tenter de faire aussi bien 
que lors du premier référendum. Pierre Chanel Tutugoro du FLNKS, 
explique à La 1ère.franceinfo qu’il faut « Donner
 le temps à l’état et à ses services de pouvoir amener les mesures 
collectives pour que les dysfonctionnements qui avaient été pointés au 
moment de la première consultation, puissent mettre en place des mesures
 collectives ».
Edouard Philippe a décidé d’avancer le référendum. Relevé par Le Monde,
 le relevé de conclusions de la réunion justifie le choix du 30 août ou 
du 6 septembre 2020. Ces dates « permettent de conserver l’ensemble des 
alternatives possibles visant à éviter la concomitance des échéances 
électorales nationales du printemps 2022, à préparer la sortie de 
l’accord de Nouméa et à envisager une éventuelle troisième consultation 
en 2021 ou en 2022 ». C’est surtout une concession aux Caldoches comme 
le montre les déclarations de la chef de fil de l’AEC, Sonia Backès. 
« Nous avons obtenu que la date soit avancée, et la possibilité de mener
 le processus à son terme avant la fin de la mandature peut être 
envisagée », jugeant le bilan « positif ». De plus cela fait 2 mois de 
campagne en moins pour les Kanaks. En échange, le gouvernement a décidé 
de ne pas inscrire automatiquement sur les listes électorales les non 
kanak nouvellement majeurs ayant plus de trois ans de résidence continue
 sur l’archipel.
La question du corps électoral, ou qui décide de l’indépendance du peuple Kanak
Comme lors du premier référendum la question de qui votera est 
centrale. Si les partis Caldoches semblent être en désaccord sur le 
calendrier, ils se retrouvent sur ce point. Ils voulaient ouvrir les 
listes électorales aux « natifs » justifiant de 3 ans de résidence 
continue à la date du vote pour les référendums de 2020 et 2022. 
Augmentant ainsi leur capacité de vote et de mettre encore plus en 
minorité le vote kanak.
Du côté du FLNKS, il n’en était pas question. S’ils souhaitaient le 
maintien de dispositifs mis en place pour le 4 novembre 2018, comme le 
vote des détenus par correspondance, ils refusent l’inscription 
automatique des « natifs », considérant que les accords de 2018 étaient 
exceptionnels.
D’après Le Monde,
 il aurait fallu une loi organique pour changer la liste électorale, ce 
que refusaient les indépendantistes. Mais Edouard Philippe l’a assuré, 
ils « seront identifiés et contactés personnellement » afin 
qu’ils fassent la démarche de s’inscrire sur cette liste. Par contre il 
n’y aucune annonce sur les Kanaks non inscrit sur les listes 
électorales.
Le corps électoral de 2018 avantageait déjà les Caldoches. Il fallait
 habiter en Kanaky depuis 1993 et être né sur le Caillou et vivre 3 ans 
en résidence continue sur le sol kanak avant la date du vote. Une forte 
population d’origine européenne pouvaient donc voter pour savoir si les 
Kanaks, les véritables natifs, pouvaient accéder à leur indépendance. 
Les européens n’ont pas voté lors du référendum sur l’indépendance de 
l’Algérie. Ici, les colons ont le droit de vote et on constate que cela a
 une importance non négligeable sur le résultat.
Un premier référendum où les Kanaks avaient voté oui !
Pour constater l’effet que peut avoir le vote des européens sur l’issu du référendum, il suffit de regarder les résultats de la dernière consultation.
 Ce serait entre 80 et 90% des Kanaks qui auraient voté pour 
l’indépendance en 2018. Le Nord de l’archipel est 4 fois moins peuplé 
que le Sud et les Kanaks y représentent 70,5% de la population contre 
26.1% dans le Sud. Dans la province Nord de la Grande Terre, le « oui » à
 l’indépendance l’a emporté avec 76,98%  des voix. Le territoire des 
îles Loyauté au Nord est peuplé à 94% de Kanaks. Il est composé des îles
 Maré, Lifou et Ouvéa. Le « oui » l’a emporté respectivement à 84,8%, 
79,92% et 84,18% sur ces îles. Dans le Sud, majoritairement composé de 
Caldoches et beaucoup plus peuplés, c’est le « non » qui l’emporte avec 
73,7% des voix.
Avec ces résultats on constate que la question du corps électoral est
 centrale pour le référendum à venir. Edouard Philippe avant la réunion 
de ce jeudi avait déjà donné le ton : « réussir cette deuxième 
consultation, ça veut dire que nous devons nous reposer sur ce qui a 
déjà été fait ». C’est à dire ouvrir aux non-kanaks la possibilité de 
voter. Si finalement il n’est pas allé jusque-là en changeant la loi, il
 a annoncé que l’État allait faire des démarches pour les contacter 
individuellement afin qu’ils s’inscrivent eux même sur les listes. Par 
contre, il ne semble pas que l’État fasse de même avec les Kanaks non 
inscrit.
Une fois encore, les Kanaks se voient déposséder de leur droit à l’autodétermination.
Pour que ce référendum soit juste, il faudrait que seulement les vrais Kanaks puissent voter ainsi que les descendants des bagnards, leurs gardiens et les agriculteurs des premières colonies de peuplement et les descendants de la main d’œuvre importé par les colons, c’est à dire les victimes de l’histoire, les victimes de l’impérialisme français.
Pour que ce référendum soit juste, il faudrait que seulement les vrais Kanaks puissent voter ainsi que les descendants des bagnards, leurs gardiens et les agriculteurs des premières colonies de peuplement et les descendants de la main d’œuvre importé par les colons, c’est à dire les victimes de l’histoire, les victimes de l’impérialisme français.
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