Le conseil d’administration d’Eramet devrait annoncer le 9 décembre l’arrêt de la production de concentré de nickel par la SLN, affirme la chaîne Outremer 1ère. Si cette information se confirme, la filiale calédonienne, ne fournissant plus l’usine de Sandouville, se retrouvera plus isolée du groupe.
Les mattes de nickel de Doniambo n’alimenteront plus la raffinerie de Sandouville-Le Havre, affirme le site de la chaîne Outremer 1ère. Selon la chaîne calédonienne, le conseil d’administration du groupe minier français Eramet devrait annoncer le 9 décembre l’arrêt de la production de concentré de nickel par la Société Le Nickel (SLN).
Selon le site internet de la SLN, les mattes, ces concentrés issus du ferronickel par extraction du fer pour atteindre une concentration en nickel de plus de 70%, représentent 20% de la production de l’usine de Doniambo à Nouméa, sur un total d’environ 55 000 tonnes.
Couper les liens avec Sandouville
Ces mattes étaient destinées exclusivement à la raffinerie Eramet du Havre Sandouville, où elles étaient concassées puis purifiées par hydrométallurgie pour produire de l’hydroxycarbonate de nickel, du chlorure de nickel hexahydrate et du nickel électrolytique haute pureté. Les mattes calédoniennes pourraient être remplacées par des produits venus de Finlande (Talvivaara ou Boliden). Contacté par l’Usine Nouvelle, un porte-parole d’Eramet refuse de commenter ou de confirmer cette information.
Cette suspension de la production de concentrés à Nouméa, si elle se confirme, couperait le lien de dépendance entre l’usine de Sandouville et la SLN. Ce qui ouvre la possibilité d'un désengagement plus important encore d’Eramet de sa filiale calédonienne et, donc, du nickel.
Le groupe minier, qui a annoncé en octobre un plan d’économies, envisage la vente d’actifs industriels non-stratégiques. Dans le cadre de ce plan d'économies, Eramet a annoncé fin novembre le départ du directeur général délégué de la branche nickel du groupe Bertrand Madelin. Son portefeuille a été confié à Philippe Vecten, directeur général délégué de la branche manganèse. Concernant la SLN, une source proche de la direction d'Eramet reconnait qu’en raison de la crise actuelle des cours du nickel et du manganèse, le PDG Patrick Buffet envisage toutes les possibilités afin de "minimiser les dégâts du marché".
La SLN en situation délicate
Mettre un terme à la production de concentré de nickel constitue une petite économie pour la SLN, mais seul un réinvestissement industriel d’envergure - qu’il s’agisse du remplacement de la centrale à charbon, en fin de vie, ou du passage à l’hydrométallurgie sur le site - aurait été à même de restaurer la rentabilité de la filiale calédonienne. Or l'annonce de la réduction des investissements du groupe à la stricte maintenance rend plus qu"improbable ce réinvestissement.
Les débats sur la stratégie à adopter ont été vifs, ces dernières années déjà, entre les proches de la famille Duval (Aubert & Duval, 37% du capital d’Eramet), ceux qui réclamaient un réinvestissement industriel au lieu de la distribution de dividendes (Carlo Tassara, 12,79%) et les partisans d’une hausse de la participation des autorités publiques calédoniennes au capital de la SLN (STCPI, 4%). Didier Julienne, expert du nickel et candidat – non élu - au conseil d’administration d’Eramet, s'interroge : "Si Eramet souhaitait se défaire de la SLN et en offrir le contrôle aux pouvoirs publics calédoniens, agirait-il autrement ?"