La réhabilitation a commencé à pas
feutrés, dans les cimetières. Mais désormais, les noms des chefs de
l'OAS, auteurs de crimes en Algérie et en métropole, trônent dans les
centres-villes du littoral méditerranéen. Pourquoi les responsables
politiques (de gauche comme de droite) du Sud-Est sont-ils aussi
attentifs aux revendications des associations de rapatriés les plus
nostalgiques de l'Algérie française ? Mediapart explore les
manifestations de plus en plus prégnantes de ce retour de la guerre
d'Algérie, au cœur de l’inconscient politique national.
Le 1er mai 2014, le maire de Nice Christian Estrosi participait à l'inauguration du mémorial de Notre-Dame d'Afrique
à Théoule-sur-Mer (Alpes-Maritimes), dédié à la mémoire de l'Algérie
française. Pourtant, ce mémorial était là depuis plus d'une décennie et
donnait lieu chaque 1er mai à des pèlerinages. Et chaque 1er novembre à des hommages au drapeau, qui ne visaient en rien à célébrer l'anniversaire du
début de l'insurrection algérienne. Qu'allait donc faire l'ancien
ministre, et actuel président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur,
dans cette fausse inauguration ? Courtiser l'électorat pied-noir,
présumé si influent sur le littoral méditerranéen, certes. Mais pourquoi
les édiles (de gauche comme de droite) du Sud-Est sont-ils aussi
attentifs aux revendications des associations de rapatriés les plus
nostalgiques de l'Algérie française ? L'accession manquée – du seul fait
du retrait de la liste de gauche – du Front national à la tête de la
région PACA a donné envie à Mediapart d'aller explorer les
manifestations de plus en plus prégnantes de cette “nostalgérie” sur le
littoral méditerranéen. Et de plonger dans les conflits de mémoire
auxquels donne lieu la guerre d'Algérie, encore et toujours au cœur de
l'inconscient politique national. Enquête en cinq volets. ...