PARTI TRAVAILLISTE

KANAKY

samedi 17 novembre 2018

DISCOURS D’OUVERTURE PDT 9ème CONGRÈS PT 16/17/18 NOVEMBRE 2018 RÔ NENGONE


 
Bozu ne waiam pene nengone
Salutations fraternelles, militantes et chaleureuses avec humilité et respect :
·         A la Grande Chefferie de Guahma et au GC.
·         Aux Grands chefs et petits Chefs de Nengoné
·         A tous les clans de Nengoné
·         A toutes les vieilles et les vieux, les femmes et  les hommes
·         Les jeunes de Nengoné et de Kanaky
·         A vous les responsables et les militants du PT

Nous voici réunis à l’occasion de notre 9ème Congrès ici à Nengone à la tribu de Rô, District de Guahma de la Grande Chefferie HNAISSILINENGO.
Ce 9ème Congrès arrive dans un contexte particulier, vers la fin de la période de l’ADN et après une consultation référendaire qui a focalisé l’attention de tout le pays.
Cette période de l’ADN aura été l’une des plus néfastes au plan politique pour le PK dont la représentation institutionnelle et en particulier par ceux estampillés « Signataire de l’ADN », n’aura eu de cesse de brader ses intérêts notamment par :
·        Le silence sur les flux migratoires
·        Le silence sur la discrimination anti-kanak générale
·        Le silence sur l’absence de citoyenneté réelle
·        Le silence sur les transferts de compétence bidons
·        La complicité avec Calédonie Ensemble dans pratiquement tous les domaines dont le bénéfice politique sera quasi exclusivement acquis à CE laissant de menus prébendes au FLNKS.

Je vais tâcher d’en partager l’analyse avec vous.


1)   Sur la consultation du 4 novembre

Durant plusieurs jours après la proclamation des résultats du référendum du 04 Novembre 2018, entendu et vu les nombreux commentaires négatifs voire insultants vis à vis du Parti Travailliste et de ma personne, il est temps aujourd’hui d’y consacrer la réponse du parti à l’ouverture de notre 9ème Congrès..
J’ai remarqué que ces marques d’hostilité s’étaient déclenchés après les post d’un anonyme au pseudo de « Knky Knky » d’abord en disant « Merci au parti travailliste de nous avoir abandonné » et le second « N’aurait-on pas payé à coups de millions KOTRA L.K.U. pour empêcher la victoire du oui ?..... ».
Sur ce pseudo Knky Knky qui a ciblé ses 2 posts sur le PT et moi-même déclenchant une cascade de réactions, notre analyse nous donne à penser que la manipulation de l’État colonial à travers ses officines directes ou indirectes a vite fonctionné et porté ses fruits compte tenu des réactions.
Ces professionnels de la manipulation qui se sont déjà à maintes reprises distingués dans tous les continents selon les besoins de la mère patrie, ont bien étudié la psychologie kanak et ont compris comment déchaîner des réactions hystériques pouvant entraîner des dommages importants tant physiques que politiques.
L’abandon au plan politique : ainsi donc le PT aurait abandonné les autres ? En dehors du fait que le PT n’a jamais abandonné qui que ce soit dans la lutte, mais qui aurait été abandonné ?
Le PT a été le seul parti, suivi par l’USTKE à avoir convoqué un congrès extraordinaire, interrogé ses militants dans un questionnaire et voté démocratiquement une position de non-participation compte tenu des conditions d’organisation de ce référendum soi-disant d’autodétermination.
Les millions que j’aurais perçu pour faire échouer le oui : Nombre de nos frères et sœurs kanak se sont engouffrés dans cette manipulation grossière mais ô combien efficace, les réactions l’ont montré. La facilité avec laquelle les kanak sont tombés dans ce genre de piège doit interpeller l’ensemble des responsables indépendantistes. Chacun doit faire attention et laisser libre cours à ça parce-que cela concerne un autre que soi est porteur de danger, on l’a vu dans le passé.
Attention aussi à cette manipulation qui assimile le combat politique mené dans l’économie à de l’affairisme, connotation péjorative qui négativise un combat dans un domaine abandonné aux non-kanak.
Le combat de l’économie est nécessaire et doit aboutir pour préparer une indépendance où les kanak non seulement doivent être représentés partout mais aussi assurer dès maintenant les moyens de vivre de nombre de familles. Dans le cas de nos initiatives économiques, c’est plus de 200 familles dont plus de 80% étaient chômeurs, à qui nous assurons les moyens de vivre tous les mois et cela sans aide de l’état et du gouvernement, bien au contraire.
Pour terminer, laissez-moi vous dire que nous n’avons ni complexe, ni sentiment de culpabilisation, mais au contraire nous sommes fiers de ce que nous faisons tous les jours et nous incitons tous les donneurs de leçons et les aigris à moins parler et plus travailler.
Quant aux révolutionnaires menaçants du web ou du texto, si la velléité militante sérieuse et responsable pouvait égaler cette verve stérile, la lutte pourrait être déjà gagnée depuis longtemps !

Comme le PT l’avait déjà annoncé :
 -cette consultation ne peut être considérée comme un  référendum d’autodétermination,
-les résultats étaient connus à l’avance du fait  de l’immigration exponentielle et des inscriptions sur les listes électorales qui ont été conçues pour mettre le peuple kanak en minorité, sans compter toute la fraude électorale massive.
Dès lors, les résultats 56, 7 % pour le non et 43, 3% pour le oui ne sont pas vraiment une surprise. 
Si le oui a mobilisé davantage que prévu et le non moins que ne l’annonçaient les sondages, les grands équilibres connus depuis trente ans n’ont pas véritablement évolués.
Il convient donc de relativiser la « victoire » du non et l’échec du oui, puisque plus de 33 000 électeurs ne sont pas prononcés.
Si tous n’ont évidemment pas suivi le mot d’ordre de non-participation du Parti travailliste, force est de constater que la mobilisation est loin d’avoir été aussi forte que certains se disent.
Il en résulte  d’une part ; que le Parti travailliste peut raisonnablement se prévaloir d’un quart de ce que  l’Etat appelle des abstentions et d’autre part ; la consultation  auraient été perdu même si ce quart (8250 voix ) s’était exprimé avec le FLNKS.
De plus le PT ne sera pas le bouc émissaire d’un échec annoncé que seuls, les gens de mauvaise foi voulaient ignorer, faisant croire aux militants que la lumière du grand soir allait briller le 04 Novembre, entendez l’indépendance serait au RV du OUI ! Tout observateur averti ne pouvait annoncer le oui vainqueur ne serait-ce qu’à cause de la liste électorale référendaire comprenant plus de non colonisés – 95.000 – que de kanak colonisés – 80.000 ! De plus le petit PT serait responsable de l’échec du grand FLNKS (UC/PLK/UPM/RDO), associé à la DUS, au LKS, au Comité 150 Ans, à RHE BUHNU, au Sénat Coutumier, aux aires coutumières, etc. Etc.. C’est vraiment nous reconnaître une représentativité imaginaire mais qui sait !
Mais le FLNKS entend néanmoins se prévaloir d’une forte mobilisation des jeunes qui lui accorde un « résultat honorable », c’est sans doute le cas dans certains endroits, mais pas partout (exemple : les iles Loyauté…), tant et si bien que le FLNKS, inquiet d’une non-participation relativement forte,  entend examiner les listes électorales pour aller chercher les causes auprès des électeurs qui n’ont pas votés…Une certaine forme d’inquisition qui dénote une réelle inquiétude  chez ceux qui, bien qu’ayant perdu les élections, tentent de se présenter  comme s’ils les avaient gagnées.
Le plus grave serait de ne pas tirer les enseignements de cet échec annoncé et de faire croire qu’en 2020, « c’est toujours possible ».
Il n’est pas possible de gagner les consultations dans la configuration actuelle du corps électoral tel qu’il a été arrêté lors du dernier comité des signataires.
Et tout le monde l’a bien compris, si le FLNKS persiste à faire croire aux électeurs que c’est possible, c’est avant tout de ne pas laisser s’instaurer un sentiment d’échec susceptible de provoquer une démobilisation qui viendrait accroitre les abstentions aux élections provinciales de 2019.
Cela va en effet être difficile d’aller voter pour tous ceux à qui il avait été promis l’indépendance en 2018.
 Comment les convaincre maintenant que les provinciales, c’est possible. Si  le PALIKA et l’UC vont sans doute tenter de constituer une liste et unitaire en province Sud pour ne pas disparaitre du paysage politique comme en 2009, c’est essentiellement leur souci  respectif de conserver leurs pré-carrés qui va prévaloir en provinces nord et iles.
Pour autant les consultations de 2020 et 2022 sont loin d’être gagnées.
Nous entendons çà et là des   déclarations qui s’apparentent à des incantations selon lesquelles il n’y aura pas de compromis, que rien n’est négociable…. Attendons de voir les résultats du prochain comité des signataires ce ne serait pas la première fois que le FLNKS y entre avec ses idées et en ressort avec celles de l’Etat.
Ceci étant dit les élections provinciales ne sont pas les consultations référendaires et il faut faire preuve de réalisme ;
Il faut se maintenir dans les institutions afin d’avoir accès aux informations sur les affaires publiques qui nous intéressent et faire barrage aux décisions  qui iraient à l’encontre des intérêts du peuple kanak. Il faut aussi finaliser les transferts de compétences puisque ceux prévus par l’article 27 ne sont tours pas effectués. Ils sont pourtant indispensable a une bonne préparation de l’accès a l’indépendance.
C’est pourquoi en province Sud le Parti travailliste considère qu’il est absolument nécessaire de constituer une liste unitaire   pour ne pas laisser les mains libres a la droite.   Il faut donc espérer que le FLNKS aura assez de discernement pour ne pas  confondre les enjeux de la consultation  référendaire et ceux des élections provinciales. 
Mais si l’enjeu est primordial pour tous, le PT n’ira pas quémander quoi que ce soit à ceux qui font croire à la démarche unitaire au PK et ont passé leur temps à cadenasser et à instrumentaliser le FLNKS sans doute parce que certains étaient défavorables à sa création.
Cela me conduit à évoquer brièvement la mandature qui s’achève.

II) Sur la mandature qui s’achève :

Objectivement celle-ci ne peut être considérée comme un succès du point de vue de la marche vers l’indépendance.
Si les transferts  de compétences ont été effectués, il s’agit de transferts en trompe l’œil. L’Etat transfert la compétence au point de vue purement juridique mais en conserve  l’exercice par le biais de conventions avec le maintien de ses fonctionnaires et des textes nationaux. Aucun cadre Kanak n’a été formé dans la perspective d’exercer les nouvelles responsabilités, contrairement à ce qui est prévu par l’accord de Nouméa. 
Ainsi, bien que les compétences sont théoriquement exercées par la Nouvelle Calédonie, c’est en réalité l’Etat qui est toujours aux commandes  (Exemples enseignement secondaire avec le très puissant vice-recteur qui fait la pluie et le beau temps face à un membre du gouvernement reléguée au second plan, idem pour la police et la sécurité de la navigation maritime et aérienne mais aussi sécurité civile  …)
Les compétences soient disant « partagées » ne le sont absolument pas il suffit de regarder comment fonctionne la coopération régionale pour s’en convaincre.
La protection de l’emploi local- dont il est impossible d’obtenir un bilan précis et pour cause- est un échec total.
L’identité kanak proclamé comme étant au centre du dispositif s’apparente a une coquille vide qui ne trouvé aucune traduction concrète, tout particulièrement dans les relations du Sénat coutumier ave le congrès et le gouvernement ;
Le principe de collégialité qui devrait faire prévaloir le consensus au gouvernement se révèle en fait une véritable mise en scène puisque si d’aventure les élus indépendantistes ne sont pas d’accord sur un projet -ce qui est rare- le président applique la règle de la majorité.  
Je n’évoquerai que pour mémoire la question cruciale du foncier que la Nouvelle-Calédonie refuse obstinément de traiter en  ne récupérant pas l’ADRAF qui pourtant doit être transférée.
Autant de sujets qui traduisent un échec patent du bilan de ce mandat, qui ne fait que refléter l’échec de l’accord e Nouméa et de son pseudo destin commun.

III) Les dérives colonialistes  

Mais bien que l’échec du FLNKS face à l’Etat et aux partis conservateurs soit une réalité, les adversaires de l’indépendance n’entendent pas en rester là.
Il leur faut maintenant pousser l’avantage  et profiter d’un rapport de force qui leur est favorable pour réduire encore l’influence du mouvement indépendantiste qui, il faut bien le reconnaitre s’est fourvoyé dans une voie sans issue en  s’appropriant le discours sur le destin commun et le peuple calédonien.
La droite veut maintenant anéantir la résistance kanak :
- en modifiant la clé de répartition des dotations aux provinces au profit du Sud,
-en  refusant les deux autres référendum,
-en ouvrant le corps électoral aux 35 ou 40 milles personnes installés en Nouvelle Calédonie mais non électeur en raison du cors électoral restreint. 
Or nous le savons, ces restrictions n’ont été admises par le comité des droits de l’homme des Nations-Unies et le conseil constitutionnel qu’a titre dérogatoire pour la durée de l’accord de Nouméa.
 Le risque est donc grand que sur la pression des partis de droite, qui s’organisent en ce sens, l’Etat français ne consente à modifier la constitution au détour d’un comité de suivi ou le FLNKS se laisserait endormir moyennant quelques compensations.
Dans cette hypothèse, c’est la colonisation de peuplement qui se poursuit et s’en est fini du peuple kanak qui deviendrait ultra minoritaire et n’aurait donc plus aucune chance de faire valoir son droit à l’autodétermination.  
Il faut donc être très vigilant et faire preuve d’une résistance à toute épreuve.
Voilà le nouveau défi qui nous attend autour de ces grands enjeux politiques dont dépend l’avenir du Peuple Kanak.
Le mouvement indépendantiste saura-t-il y faire face ? Les interlocuteurs privilégiés de l’état colonial depuis la signature de l’ADN qui n’ont cessé de brader les intérêts du PK seront-ils encore en charge de cette responsabilité ?
Ce sont des questions auxquelles il faudra apporter la meilleure réponse et ce 9ème Congrès de notre parti devra y consacrer toute l’attention requise.

Je déclare ouvert notre Congrès !
Vive le 9ème Congrès du Parti Travailliste !
Vive KANAKY !