Tribune. Sur l’archipel que certains appellent
« Kanaky » et d’autres « Nouvelle-Calédonie », un référendum prévu pour
le dimanche 4 novembre appelle ses habitants à se prononcer sur le
devenir de ce territoire français d’outre-mer inscrit sur la liste des
territoires non autonomes, c’est-à-dire non décolonisés, de l’ONU. Le
référendum est présenté par les pouvoirs politiques et nombre de
commentateurs comme un processus inédit de décolonisation. Cependant,
une analyse plus poussée du processus politique révèle que la
décolonisation telle qu’elle est menée aujourd’hui n’en est pas une.
La consultation référendaire entérine la minorisation politique du
peuple kanak. Les critères pour pouvoir figurer sur la liste électorale
spéciale pour la consultation (LESC) et pouvoir ainsi voter au
référendum ont fait l’objet de longues discussions entre
indépendantistes et loyalistes. La publication de la liste définitive et
les analyses récentes montrent que, malgré les efforts du peuple kanak
pour que le résultat de cette consultation reflète au mieux ses
volontés, le droit à l’autodétermination prévu à l’article 3 de la
Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones
(2007) n’est pas respecté.
Le flou qui demeure quant à la représentativité réelle des Kanak dans
ce scrutin révèle le manque de considération donné à leur droit
d’autodétermination. Les estimations sur la proportion de Kanak parmi
les inscrits oscillent entre 43 % selon Pierre-Christophe Pantz, docteur
en géopolitique, et 63 % selon le FLNKS (Front de libération nationale
kanak et socialiste). Le haussariat [haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie]
estime le nombre de votants de statut coutumier à 46 % (ce qui inclut
aussi ceux qui étaient de statut coutumier et ont opté depuis pour le
statut de droit commun) mais ne fournit aucun chiffre précis sur la
proportion de votants kanak.
A quelques heures du référendum, il semble...