PARTI TRAVAILLISTE

KANAKY

mercredi 17 février 2016

LKU : "Le peuple Kanak aura vu ses droits à l'autodétermination dilués par les flux migratoires."



Suite au XIVe Comité des signataires tenu à Paris début février, le Parti Travailliste n’est pas du tout satisfait et rejette  les relevés de conclusion. Le bras politique de l'USTKE dénonce notamment la constitution des listes électorales pour les élections provinciales et le corps électoral du référendum de sortie. Très remonté contre les responsables indépendantistes, le leader du P.T ne mâche pas ses mots. Autres sujets abordés hier (*) lors de leur point presse : les dérives de la jeunesse Kanak, le dossier mine, et la nomination du nouveau vice-recteur.


Les listes électorales pour les élections provinciales
« Selon ce qui est rapporté de ce comité des signataires : le dossier serait politiquement clos ! Nous avons été très surpris d’entendre ce genre de choses ! A supposer que les partis indépendantistes ont accepté que l’on déclare que ce dossier soit politiquement clos. Dans les conditions dans lesquelles elles ont été déterminées la composition des listes électorales, le Parti Travailliste n’est absolument pas d’accord ! Le P.T rejette les conclusions du comité des signataires. Nous ne sommes pas d’accord que certains (parce qu’ils sont signataires de l’ADN **) se croient autoriser à engager le peuple Kanak dans cette situation là ! Personne n’a été mandaté pour ça ! Les gens ont peut-être signé l’ADN et de ce fait, ils sont devenus les signataires de l’accord. A ce titre, ils sont régulièrement appelés à faire un bilan de la mise en place de l’ADN. Mais ça ne veut pas dire qu’ils ont été habiletés à abandonner la position des indépendantistes sur la question des listes électorales provinciales et la question de la liste électorale pour le référendum de sortie. », soulève Louis Kotra Uregei. 


Le litige électoral. « En juin 2015, ils se sont accordés sur la notion quantitative. C’est-à-dire environ 3900 personnes qui effectivement étaient à vérifier si ils figurent ou pas sur les listes électorales. La commission politique et citoyenneté a travaillé sur ce dossier et elle a  été relayée avec force par le Parti Travailliste. On a toujours dénoncé la fraude électorale ! Les élections provinciales passées ont été entachées de fraude électorale et le comité des signataires reconnaît qu’il y a des gens qui ont été indûment inscrits. On veut nous faire croire que ça se limite à 3900 personnes. Ça c’est le comité des signataires de 2015. Mais toutes les contestations qu’il y eu depuis 1998 ont été validés par la commission administrative. Ces gens-là n’auraient jamais dû figurer sur les listes, et bien ils ont été validés. Ils ont tous voté aux élections provinciales, donc ils ont faussé ces élections ! C’est de la responsabilité  de ceux qui gouvernent les mairies du Grand-Nouméa avec la complicité de l’Etat français. Il y a eu des procédures juridiques. Et l’Etat français est très fort en la matière ! Ce sont eux qui exercent la compétence régalienne notamment la justice. Les moyens ont été multipliés contre les indépendantistes. A chaque fois pour faire échouer les recours intentés par les indépendantistes. Y compris pour condamner les indépendantistes pour avoir former ces recours. Non, mais vous vous rendez compte ! Même les gens ont été condamnés parce qu’ils ont formulé des recours. En juin 2015, on reconnaît qu’il y a un litige électoral. Alors si certains responsables indépendantistes acceptent cela, nous, on le refuse, on le dénonce, et on dit que sur les élections provinciales, il y a eu une fraude électorale organisée depuis plusieurs échéances. », poursuit-il.  Le référendum de sortie. « Aujourd’hui, on est arrivé à ce que quasiment tout le monde soit inscrit automatiquement ! Je suis signataire de l’accord de 1988. Il était prévu dans l’Accord Matignon-Oudinot une période de 10 ans au bout de laquelle il y aurait un référendum d’autodétermination. Le corps électoral du référendum de 1998 devrait être celui qui s’est prononcé au référendum de novembre 1988. Cela a été acté par tout le monde. C’était justement pour répondre à la préoccupation des indépendantistes et par rapport aux flux migratoires dans le pays. A l’époque, il n’y avait pas le gel du corps électoral. Il n’y a pas de référendum en 98 mais il y a un nouvel accord d’une période de 20 ans et à l’issue de laquelle sera organisée trois référendums dont le premier en 2018 avec la possibilité si une majorité requise se prononce au congrès, et bien le référendum peut se faire à partir de 2014. C’est prévu par l’ADN. Si la logique de 88 devait se faire, le corps électoral de 88 devrait être celui qui se prononce en 2018. Ce n’est plus du tout le cas ! Avec toutes les validations frauduleuses des élections provinciales, de facto on a élargi le corps électoral qui doit se prononcer au référendum de sortie. Aujourd’hui, on a élargi l’inscription automatique quasiment à tous ceux qui sont arrivés avant 1998, en plus ils ont validé le fait que les natifs devaient être inscrits automatiquement. On est allé très loin ! On n’accepte pas ça ! … On va arriver dans une situation très très grave ! Le peuple Kanak aura vu ses droits à l’autodétermination dilués dans une masse qui aura été augmentée par les flux migratoires ! La situation des Kanak est pire qu’en 1988 à cause des flux migratoires ! Les Kanak sont absents partout ! Que ce soit dans l’administration, dans le secteur privé ! … », déclare-t-il très remonté.  Les listes électorales provinciales truquées, les élections tronquées, le corps électoral pour le référendum de sortie est complètement contraire à celui qui avait été prévu en 88. « C’est inacceptable ! Le dossier doit continuer à alimenter le comité de décolonisation de l’ONU contrairement à ce que j’ai entendu déclarer ! Le Parti Travailliste s’engage avec ceux qui accepteront de former un front de refus ! », souligne le leader du P.T à nouveau.  Conséquence : la jeunesse kanak en détresse. « Le problème de notre jeunesse,  elle n’a plus de repère ! Elle n’a plus d’espoir ! Notre jeunesse est plongée dans le désespoir, dans la délinquance, dans la violence ! Mais ça, c’est une réaction tout à fait normale ! Cette société pour laquelle on s’était battue pour changer les choses, on leur avait dit voilà ce qui se passer ! On va signer les accords, il va y avoir de la formation de cadres, vous allez avoir du travail etc. … On est tout le temps entrain de dénoncer les méfaits mais on oublie les causes ! Regardez toute cette jeunesse qui arrivent barder de diplômes … Quand ils reviennent, ils n’ont pas de travail ! On refuse de leur donner du travail, on refuse les Kanak dans leur pays ! Et on veut nous faire croire au destin commun ! Mais ça, on le refuse ! On le dénonce ! … Et maintenant, il y a nouvel argument. On les renvoie car ils sont trop jeunes pour travailler ! Et, il faudrait que l’on accepte ça ! Je dénonce les responsables  indépendantistes qui continuent à accepter ça ! On ne les entend jamais !  Ils sont capables d’aller au comité des signataires pour renier sur les droits des Kanak. On ne les entend jamais dénoncer les flux migratoires, de parler de rééquilibrage ! De quel droit, ils engagent le reniement sur les droits du peuple Kanak », regrette LKU.  Le dossier mine. « Le Parti Travailliste s’étonne de la position de ces partis qui prônent la doctrine minière et qui acceptent le rapport Colin. Ils se sont opposés pendant des semaines voire des mois à trouver une solution au conflit des rouleurs. Le rapport Colin va complètement à contre-pied de cette position-là ! Ils prennent seulement acte ! J’entendais Victor Tutugoro dire qu’il prenait acte du rapport Colin ! Pourquoi, il ne le dénonce pas ? Ils étaient prêts à lancer des militants à eux contre d’autres militants qui étaient en grève pendant le conflit des rouleurs ! Et là, ils prennent seulement acte de ce rapport ! …», observe-t-il avec étonnement.  La nomination du nouveau vice-recteur. « Le gouvernement dans sa totalité prend une position pour dénoncer cette nomination unilatérale. On arrive au Comité des signataires, c’est terminé ! Il n’y pas de problème, tout rentre dans l’ordre etc. Mais, elle est où la capacité de décision de la Nouvelle-Calédonie ? On nous a mis en avant les transferts de compétence, la prise de responsabilité, la marche vers plus de souveraineté du pays… Et là, comme ça l’Etat dit que c’est lui qui décide ! Nous, on le dénonce, et on n’est pas surpris ! », regrette-t-il.  Pas d’unité au sein du FLNKS. « Je dénonce les politiques qui sont entrain de saborder le mouvement indépendantiste. Le FLNKS est devenu une machine à saborder le mouvement indépendantiste. Je prends l’exemple des récentes élections. Sur ce qui s’est passé à Poya. Le Palika saborde les élections pour permettre l’élection de Calédonie Ensemble ! Qu’est-ce qui s’est passé à l’Ile-des-Pins. Il n’y pas d’entente du FLNKS !... A travers ces élections, on montre la réalité du FLNKS ! Depuis des années, on fait croire à l’unité alors qu’il n’y a pas d’unité ! », remarque-t-il d'autant plus qu'il sera difficile de changer la donne. 

(*) : Mardi 16 février 2016
(**) : ADN = Accord de Nouméa