1. Le triomphe du néocolonialisme au travers des interventions militaires françaises au Mali et en Centrafrique
A n’en pas douter, l’action de François Hollande en Afrique, loin de
constituer une rupture avec son prédécesseur, n’en est que la
continuation avec une intensification des méthodes d’appropriation du
pouvoir politique par des fins militaires dans le pré-carré francophone
d’Afrique. Aucune rupture avec ce qu’il est communément appelé
“Françafrique” mais un renforcement tous azimuts avec l’appui de l’armée
française. En l’espace d’un an, le “chef de guerre” Hollande (tel qu’il
a été communément nommé par les journalistes de l’AFP lors de son
action guerrière au Mali[2,3,4]) en est à sa deuxième guerre en Afrique.
Après le Mali en janvier 2013, c’est au tour du Centrafrique en
décembre 2013 d’être à nouveau la proie des actions militaires du
Président français. Le prétexte, relayé par des médias complaisants, en
est la lutte contre l’islamo-terrorisme, alors qu’en réalité la France
dans les deux pays cités précédemment a sa part de responsabilité dans
l’extension du terrorisme islamiste en Afrique subsaharienne. Elle a
sous le règne de Nicolas Sarkozy armé, soutenu et porté les terroristes
islamistes en Libye pour abattre le régime de Kadhafi. Ces mêmes
terroristes en ont profité ensuite pour essaimer au Mali.
Au Mali, le projet d’opération militaire Serval a été conçu en 2009,
ce plan avait été déjà envisagé par l’Etat-major français et refusé par
Nicolas Sarkozy à deux reprises [5]. Parvenu au pouvoir, le “chef de
guerre” Hollande sous la pression du lobby militaro-industriel et de son
Etat-major, dans un contexte d’avancée des rebelles au Mali et en
dehors de tout contrôle parlementaire français à priori (c’est à dire en
l’absence de consultation de la représentation nationale avant toute
entrée en guerre), a choisi de mettre à exécution ce plan militaire au
détriment d’une solution politique qui aurait pu être envisagée
antérieurement. L’ancienne ministre malienne, Aminata Traoré, qui
défendait cette solution politique fut interdite de séjour en France et
dans toute l’Europe. Les autorités françaises lui ont refusé de lui
accorder un visa dans l’espace Schlengen [6].
« C’est le 12 avril au moment de me rendre à Berlin à
l’invitation de la gauche allemande (Die Linke) et à Paris à celle du
Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) que j’ai appris que j’étais devenue
persona non grata en Europe à la demande de la France », raconte
Aminata Traoré dans un essai intitulé Le naufrage et l’offense daté du 3
mai 2013 [6]. L’ancienne ministre malienne de la Culture et du Tourisme
et actuelle militante altermondialiste Aminata Traoré dénonçait
vigoureusement toute intervention étrangère dans une tribune intitulée « Femmes du Mali : Disons “NON !” à la guerre par procuration ».
En l’absence de tout contradicteur sérieux et grâce à une presse
marchant au pas, le prétexte islamo-terroriste a permis à la France de
renforcer ses troupes dans cette région du Sahel et de contrôler les
frontières avec l’Algérie et les richesses minières du Mali et du riche
voisin nigérien (uranium, pétrole,..). Et nous ne reviendrons pas sur
les liens troubles entre Aqmi et les services secrets occidentaux qu’ils
soient français ou états-uniens, ni sur le GSPC algérien et ses
succédanés d’Aqmi dont on connaît l’instrumentalisation par la junte
militaire algérienne et les liens tissés par la suite avec les services
de renseignements occidentaux.
“Radio France International a diffusé la photo prise à Gao, Mali,
de deux ressortissants français à qui elle attribue la qualité de
«djihadistes». Les deux hommes, des Français de souche, armés de
kalachnikovs, sont assis à l’arrière d’un pick-up à côté d’un membre
d’un des groupes armés qui sévissent à Gao où les sept diplomates
algériens sont détenus. Selon une source informée du site
Algeriepatriotique, les deux Français appartiendraient aux services du
renseignement extérieur français et auraient été dépêchés au Mali, par
la caserne Mortier, siège de la DGSE, pour prêter main-forte aux
terroristes et justifier ainsi la nécessité d’une intervention étrangère
dans ce pays. Cette thèse est d’autant plus plausible que les
«djihadistes» français ont tous des origines maghrébines ou africaines.
En outre, il y a un autre ressortissant français, un certain Abdel
Jelil, de son vrai nom Gilles Le Guen, qui était un membre depuis
plusieurs mois d’Aqmi dans le nord du Mali et qui a été arrêté et
emprisonné en novembre 2012 par ce groupe qui le suspecte d’être un
espion français.” (FRANCE/MALI : INGÉRENCE HUMANITAIRE OU NOUVEAU SAHELISTAN ? (Le Soir d’Alger) ).
Actuellement, l’armée française est installée au Mali et cette
installation selon le ministre de la Défense Le Drian devrait se
poursuivre et s’étendre dans la durée toujours au nom de la menace
islamiste :
” «Nous resterons au côté de l’armée malienne le temps qu’il
faudra, au côté aussi de la Minusma», a affirmé à la presse M. Le Drian
avant de quitter Gao pour Bamako. «Tous, forces armées maliennes,
Minusma, Serval, nous nous préparons à évoluer vers une logique
régionale. La menace de déstabilisation est partout, il y a aussi des
risques en Centrafrique». Déclaration du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, 20 janvier 2014 [7].
Le Mali est redevenu une colonie française de par la perte de toute
indépendance militaire et donc politique. Les autorités politiques du
pays disent ne pas avoir de contrôle sur ce qui se passe dans le nord du
Mali contrôlé par les militaires français et en particulier à Kidal où
l’armée française règne en maître (IBK : « A Kidal, la France a bloqué les Maliens, pourquoi ? » (Le Monde) ).
Ainsi, militaires français et autorités politiques devisent déjà à
Saint-Cyr dans le cadre de l’OTAN d’un Mali fédéral [8]. La tutelle
exercée par les militaires français sur les troupes maliennes sera
pérennisée puisque des détachements français encadreront l’armée
nationale, mais qu’en plus Serval pourra jouer le rôle de « « force de réaction rapide » pour l’armée malienne. En
vertu d’un accord de coopération militaire avec le Mali, la France sera
de fait toute puissante sur le territoire malien, reléguant le Mali au
rang de simple département comme au temps de la colonisation [9].
En Centrafrique, la situation est encore plus paradigmatique, dans la
mesure où l’action militaire française s’est déroulée en deux actes
sous le même Président et sous le même mandat en l’espace de 9 mois. Au
premier acte, le “chef de guerre” Hollande décide de ne pas faire
intervenir l’armée française lors de l’arrivée au pouvoir en RCA de la
Séléka. Il s’agit d’une milice islamiste hétéroclite dont les services
français connaissent les liens avec la secte Boko Haram qui oeuvre du
Nigeria jusqu’au Cameroun. Cette milice est composée de rebelles issus
des troupes tchadiennes, de forces rebelles soudanaises, de Djihadistes
libyens soutenus par le meilleur allié des stratégies guerrière
élyséennes dans la région à savoir le dictateur Idriss Déby. Ce
dictateur a été maintenu au pouvoir au Tchad en 2008 grâce à
l’intervention des militaires français face aux rebelles armés par le
Soudan. L’arrivée au pouvoir de la Séléka a donc été grandement facilité
par la France en donnant un blanc seing aux troupes soutenus par le
dictateur Idriss Déby principal allié régional des troupes françaises
[10]. Selon Mgr Nestor Désiré Nongo Aziagbia, évêque du diocèse de
Bossangoa (nordouest), la rébellion est composée à « 70% de Tchadiens, à 20% de Soudanais et à 10% de Centrafricains »
(RFI, 25/09). Le “chef de guerre” Hollande a donc lâché le dictateur
Bozizé pourtant porté au pouvoir par les troupes françaises en 2006-2007
lors de la pacification du pays (Comment la France a fait et défait les dictatures en Centrafrique : de Bokassa à Djotodia en passant par Bozizé ).
Les accords de coopérations militaires entre l’ancien dictateur Bozizé
mis en place par la France n’ont pas été honorés pas plus que les
accords de paix de Libreville imposés par la CEEAO signés le 11 janvier
qui avaient débouché sur la formation d’un gouvernement d’union
nationale composé du camp Bozizé, de l’opposition et de la rébellion. La
Séléka a violé cet accord et décidé de faire tomber le dictateur
françafricain Bozizé avec l’aval implicite de Paris. Mais le soutien à
la Séléka ne s’est pas arrêté là. Selon un ancien officier centrafricain
: «La France a offert notre pays à Idriss Deby (le président
tchadien) en contrepartie de son engagement au Mali… Le Premier ministre
sortant devrait être reconduit. L’enjeu, c’est le partage du pétrole du
bloc A découvert à la frontière avec le Tchad, convoité par les
Français et les Tchadiens, mais promis aux Chinois par Bozizé. Les
rebelles sont venus par la même route du nord que Bozizé il y a 10 ans
aidé par la France et le Tchad. Les populations sont désabusées en
regardant ces gens jouer avec leur avenir», dira-t-il. Notre informateur
a souligné que tous les magasins ont été pillés dans la capitale, à
l’exception des entreprises françaises. Certains points de ces
informations concordent bien avec les comptes rendus des envoyés
spéciaux des différents média présents sur place qui ont parlé de
combats très violents à Bangui. On le sait, 13 soldats sud-africains ont
été tués dans les affrontements. La rébellion armée a donc dû
bénéficier du coup de pouce des soldats tchadiens qui, comme on le sait,
sont rompus aux combats.”[12]
De sources concordantes, des mercenaires français sont venus
sécuriser le pouvoir du nouveau dictateur Djotodia porté par l’armée
tchadienne principale alliée de Paris dans la région. “ Autre figure
emblématique, Jean-Christophe Mitterrand, condamné dans l’affaire de
l’Angolagate, venu le 17 juillet pour proposer ses services en matière
de sécurité (JA, 25/07). Une vingtaine de mercenaires français l’ont
précédé, emmenés par Jérôme Gomboc, un ancien du 3e régiment de
parachutistes d’infanterie de marine (3e RPIMa) assureront désormais la
sécurité du président Djotodia (JA, 17/07). Un classique en Centrafrique
: Bozizé était déjà conseillé sur les questions militaires par la
société EHC, enregistrée dans un paradis fiscal, le Delaware
(EtatsUnis), et dirigée par le général français JeanPierre Perez (qui
avait déjà servi au même poste… pour le compte du Ministère des Affaires
Etrangères). A Bangui, les opérations du groupe étaient sous
la conduite de Francis Fauchard, un ancien commando-marine, connu pour
avoir été le patron de l’unité de protection rapprochée du Président
Omar Bongo à la Garde Républicaine gabonaise. Un changement de régime ne
change pas les habitudes.“[13]. Pour un certain nombre
d’observateurs, ce sont les enjeux pétroliers qui sont au coeur de ce
lâchage du dictateur Bozizé par l’Etat français. Ainsi selon WWS[14],
François Bozizé aurait eu le tort de négocier avec les Chinois dans
l’attribution du fameux bloc pétrolier cité plus haut. “Plus de 500
soldats français sont déployés à Bangui, en République Centrafricaine,
pour soutenir le nouveau régime dirigé par Michel Djotodia, chef de la
coalition rebelle Séléka qui a évincé dernièrement le président de la
RCA, François Bozizé. Djotodia a annoncé vouloir dissoudre le parlement
et suspendre la constitution de 2004. « Nous nous engageons à conduire
désormais la destinée du peuple centrafricain pendant cette période de
transition consensuelle de trois ans… Pendant cette période de
transition qui nous conduira à des élections libres, crédibles et
transparentes, je vais légiférer par ordonnances, » a-t-il dit. Djotodia
a déjà annoncé vouloir revoir les contrats miniers et pétroliers
conclus entre la RCA et la Chine et signés par le gouvernement Bozizé,
pour voir « si les choses ont été mal faites et essayer d’y mettre de
l’ordre. » De plus, Djotodia a déclaré qu’il inviterait
en RCA la France, son ancienne puissance coloniale, aux côtés des
Etats-Unis, afin de former à nouveau l’armée officielle qui a été
vaincue par la Séléka le week-end dernier...”[14]. Alors pourquoi
le “chef de guerre” et son aéropage militaire échappant à tout contrôle
parlementaire a-t-il décidé de lancer les troupes françaises dans la
bataille centrafricaine qui constitue le porte-avions français dans la
région. En effet les troupes françaises y sont installées depuis plus
d’un siècle. Tout simplement parce que les exactions de la Séléka sur
les civils étaient de plus en plus décriés notamment par la CPI et
mettaient la France et son allié tchadien dans une situation intenable
dans son propre pré-carré. Mais encore une fois, plutôt que de
privilégier un règlement politique du conflit ou de mettre les forces
militaires au service de cette solution politique, le “chef de guerre”
s’est lancé dans la bataille sans crier gare et sans avoir songé aux
effets dévastateurs de l’intervention militaire française. En
intervenant en désarmant unilatéralement les Sélékas, Paris ne
s’attendait pas à une offensive des anti-Balakas poussés par les affidés
de Bozizé et les civils qui voulaient en découdre avec leurs agresseurs
Sélékistes. La France a donc déclenché un cycle de représailles sans
précédents dans son pré-carré centrafricain sans en avoir pesé les
conséquences immédiates. En l’espace de deux jours, date de
l’intervention française, le 5 et 6 décembre, Bangui escomptait un
millier de morts victimes d’un cycle de représailles terribles dans la
capitale et qui entraînera ensuite dans tout le pays un tourbillon de
violence non estimé et un million de déplacés (Centrafrique.
Depuis l’intervention militaire française, la situation à Bangui
s’aggrave et les enfants sont directement pris pour cible ; Centrafrique.
L’annonce de l’intervention militaire française a-t-elle attisé les
conflits interreligieux ? Au moins 1000 morts le 5 et le 6 décembre
selon Amnesty ; AFP 6 décembre L’armée française lance son opération en Centrafrique, massacre à Bangui (AFP) ).
Paris n’ayant déployé que 1600 soldats dans un pays grand comme une
fois et demie la France, on imagine bien l’ampleur de la catastrophe.
Ajoutons que l’Etat français après avoir organisé la destitution de
Bozizé et les conditions de venue au pouvoir de Djotodia en s’appuyant
sur la marionnette Idriss Déby a destitué le nouveau dictateur Djotodia
avec le même appui françafricain en provenance du Tchad et en profite au
passage pour renforcer sa présence militaire en Centrafrique où la
France fait la pluie et le beau temps depuis un siècle dans un silence
médiatique complice. (Bangui:
des chars français ont pris position près du palais présidentiel. Paris
souhaite un remplacement rapide de Djotodia et des élections avant la
fin de l’année. (AFP) ;Centrafrique. Comment La France a défait Djotodia ).
2. La France cheval de Troie de l’Europe et des Etats-Unis pour la reconquête coloniale de l’Afrique.
L’action française ne s’est pas faite seule mais en partenariat avec
les Etats-Unis qui fournissent leur logistique et leurs tirailleurs
(rwandais en Centrafrique[15], ougandais au Sud-Soudan et en Somalie,
kenyans en Somalie, éthiopiens en Somalie…) tandis que la France outre
ses tirailleurs marocains, congolais, tchadiens a réussi à mobiliser
l’Europe et à faire déployer des troupes belges en Centrafrique [16] et
allemandes au Mali[17-18]. De plus, l’Allemagne vient d’autoriser le
déploiement militaire européen en RCA [17-18]. L’Afrique représente des
enjeux stratégiques pour les grandes puissances actuellement en crise
sur le plan économique. Et depuis l’arrivée de Sarkozy au pouvoir en
2007, la France défend son pré-carré tout en sous-traitant les guerres
de l’Africom comme en LIbye en 2011 par exemple. Il y a une synergie
forte entre les forces armées françaises et états-uniennes dans le cadre
de l’OTAN en Afrique. Les guerres menées par la France en Côte
d’Ivoire, en Libye et plus récemment au Mali et en Centrafrique peuvent
se lire comme une volonté hégémonique de ces puissances de contrôler les
ressources minières de l’Afrique et d’en barrer l’accès aux puissances
émergentes que représentent la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil…Ainsi
les anciennes puissances coloniales (Belgique, Allemagne,
Grande-Bretagne) sont amenées à se partager une petite part du gâteau
africain de l’empire colonial français sous l’égide des Etats-Unis.
Profitant de son action en Centrafrique, la France en a profité pour
installer une base militaire au Cameroun comme relai et base de soutien
de son action dans son pré-carré centrafricain[19-20].
De même, après avoir semé le chaos en Libye et par extension au Mali
ainsi qu’en Centrafrique où la France a soutenu l’arrivée de la Séléka
au pouvoir puis l’a militairement et politiquement défaite [21-22-23],
les militaires français au plus haut niveau entendent intervenir
militairement en Libye pour y rétablir l’ordre qu’ils ont contribué à
détruire auparavant[24]. “L’idéal serait de pouvoir monter une opération internationale avec l’accord des autorités libyennes“,
a déclaré à la presse l’amiral Edouard Guillaud, qui quittera ses
fonctions le 15 février après quatre années passées à la tête de
l’état-major des armées. “Mais quelles autorités?“, a-t-il ajouté. “Le
problème du sud libyen, c’est qu’il faut d’abord qu’il y ait un Etat
dans le Nord. Ensuite il y a plusieurs sud-libyen, il y a Koufra, à coté
de la frontière égyptienne, et la zone de Sebha“, a-t-il souligné,
évoquant l’existence d’un “trou noir” susceptible de devenir le
“nouveau centre de gravité du terrorisme” [24]. Le prétendu “terrorisme”
apparaît de plus en plus comme un prétexte pour justifier une
occupation militaire et une reconquête coloniale des terres africaines
orchestrées par la France et les USA avec leurs amis otanesques [25]. Il
est fort probable que le “chef de guerre” saura prêter une oreille
attentive à son Etat-major qui en l’absence de débats devant la
représentation nationale peut imposer les guerres qui lui semblent
bonnes pour mettre sous sa coupe de nouveaux territoires africains à
l’aube du XXIème siècle. Fils spirituel de Jules Ferry et de ses guerres
civilisatrices à présent définies comme humanitaires,
l’impérial-socialisme a toujours été un fléau pour les Africains. Il ne
s’agit non pas de socialisme mais d’un impérialisme masqué derrière un
faux discours socialiste mâtiné de racisme colonial. En ce sens,
l’idéologie du nouveau “chef de guerre” français (qualificatif que l’on
pourrait aisément attribué à ses prédécesseurs sous la Vème République),
derrière ses faux semblants “humanitaires” semble branchée directement
sur l’idéologie paternelle. Son père proche de l’extrême droite a
défendu jusqu’au bout une Algérie française. Le déguisement
“socialiste” est le nouveau paravent moral derrière lequel se cache la
bête coloniale acoquinée aux alliances impérialistes transatlantiques.
3. Le couronnement de la Françafrique sous François Hollande
En attendant la France renforce ses troupes militaires dans son
pré-carré où elle a installé de nombreuses dictatures ou kleptocrates
affidés. Les dictateurs françafricains sont reçus comme de coutume dans
la France néocoloniale au palais élyséen dans un rituel avilissant de la
Vème République. Le rituel consiste à faire défiler les sbires
françafricains installés par l’Etat français- pour enrichir ses
multinationales et ses concitoyens – soit à l’Elysée soit au travers de
sommet réunissant le gratin criminel de la francophonie africaine
(Blaise Compaoré dictateur au Burkina Faso depuis 25 ans, Faure
Gnassingbé dictateur au Togo de père en fils sous protection militaire
française, Sassou Nguesso dictateur au Congo depuis près de 20 ans,
Idriss Déby dictateur installé par l’armée et les services français
depuis 25 ans, La dynastie Bongo père et fils depuis un demi-siècle, la
longue saga de dictateurs en Centrafrique de Bokassa à Djotodia en
passant par Bozizé….). Ce triomphe de la Françafrique est illustré par
le retour en grâce du dictateur Idriss Déby devenu le chouchou du “chef
de guerre”, de son ministre de la Défense et du M.A.E Laurent Fabius.
Ces dictateurs installés par les bonnes grâces de l’armée française tels
que Sassou Nguesso au Congo-Brazzaville sont régulièrement reçus à
l’Elysée dans le silence assourdissant des médias complices (François Hollande a reçu discrètement le dictateur Sassou Nguesso à l’Elysée le 17 janvier 2014 ).
On aura vite compris que derrière le discours racialiste de base de
l’intelligentsia médiatico-politique française, c’est l’enjeu économique
qui est crucial, si l’on en croit les déclarations des plus hauts
représentants de ce système néocolonial prédateur.
«Sans l’Afrique, la France n’aurait pas d’histoire au 21e siècle » ( François Mitterrand , Présence française et abandon, 1957, Paris : Plon).
«Sans l’Afrique, la France serait reléguée au rang d’un pays du tiers-monde». Jacques Chirac. ( Philippe Leymarie , 2008 , Manière de voir, n ° 79 , février -mars 2008) .
Pour exister au XXIème siècle et pour ne pas devenir un pays du
tiers-monde, l’Etat français sous la responsabilité de son “chef de
guerre” va déployer ses troupes militaires en Afrique francophone et
renforcer le pouvoir de ses gouverneurs à peau noire. Une base
opérationnelle en Côte d’Ivoire va être établie sous peu après que le
gouverneur Ouattara ait été porté par les chars français à la Présidence
[26]. Prochainement, le 2ème Régiment d’Infanterie de Marine (RIMa)
devrait projeter ses troupes au Sénégal, au Gabon et en Côte d’Ivoire
pour renforcer les bases militaires françaises déjà implantées dans ce
qu’il convient d’appeler les “néocolonies françaises”[27].
La nouvelle loi de programmation militaire, pour la période 2014-2019, doit traduire budgétairement les priorités mentionnées par le dernier Livre blanc sur la défense. Au nombre de ces dernières, l’engagement prévu des forces françaises dans des « zones prioritaires pour la défense et la sécurité », notamment « le Sahel, de la Mauritanie à la Corne de l’Afrique, ainsi qu’une partie de l’Afrique subsaharienne ».
Tout est dit dans ce projet de loi voté par le Parlement sous égide
“socialiste”. Cette Loi de Programmation militaire 2014 envisage un
déploiement des troupes françaises dans la région d’Afrique
subsaharienne tout en assurant une protection juridique renforcée des
soldats en cas d’exactions sur le terrain [28]. Ce livre blanc est un
livre de l’offense envers les Africains. Une politique prédatrice et
criminelle.
“L’Afrique est l’avenir de la France” disait Jean-Marie
Bockel dans un rapport commandité par le Sénat. Certes, mais la
réciproque est complètement erronée. Accompagnée par d’autres grands
prédateurs impérialistes, la France a bien souvent été le fossoyeur de
l’Afrique. Du Cameroun [29] à la Libye en passant par le Rwanda et le
Biafra (province du Nigéria où la France gaullienne a soutenu la
sécession biafraise). Quant au Centrafrique, il est victime depuis 50
ans d’une politique néocoloniale criminelle.
______________________________
1. Boubacar Diop, Mediapart, “Cette exception française, le refus de décoloniser
13. Billets d’Afrique Centrafrique : retour sur la non intervention française (BdA)
27. Le Maine Libre. 2ème RIMa au Sénégal avant le Gabon et la Côte d’Ivoire
28. Billets d’Afrique Loi de programmation militaire. Permis de tuer pour les militaires en Opex