Si quelques cas médiatiques frappent les esprits, le
phénomène de la « fraude au CV » se révèle bien plus répandu qu’on ne le
croit.
Selon un livre à paraître ce jeudi, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, aurait usurpé une partie de ses diplômes
avant de présenter sa thèse. L’intéressé dément, mais la situation met
en lumière un phénomène bien plus courant qu’on ne le croit: la fraude
au CV, allant de la simple amélioration de la description d’une mission à
la mention d’un diplôme jamais décroché. Quelques cas célèbres - comme
l’usurpation du titre d’agrégé de philosophie par le grand rabbin Gilles
Bernheim ou le flou entourant les doctorats de la garde des sceaux
Christine Taubira - ont frappé les esprits. Mais à tous les niveaux, les
exemples ne manquent pas.
C’est en tout cas ce que souligne une
étude réalisée en février 2013 par le cabinet de recrutement Florian
Mantione Institut. Les 352 entreprises et directeurs de ressources
humaines interrogés avaient alors répondu que 33% des candidats
s’attribuaient «souvent» ou «toujours» un faux diplôme.
Et plus largement, près de la moitié des recruteurs français (46%)
estiment que les candidats gonflent leur CV. Des chiffres
impressionnants qui s’expliquent en partie par le fait que nombre de
recruteurs reconnaissent ne pas vérifier le parcours déclaré par les
candidats. Et pourtant, lorsqu’ils le font, la surprise est au
rendez-vous dans plus d’un quart des cas. Sur la base de ce constat,
Emmanuel Chomarat a créé en 2011 une structure de vérification des
diplômes, baptisée Verifdiploma. Pour lui, «quels qu’ils soient» et
«dans toutes les strates de la société», les individus mentent sur leurs diplômes.
Sur les 4553 diplômes que ses entreprises clientes lui ont confié pour
vérification entre 2010 et 2012, 1192, soit 26 %, étaient inexacts.
Si les postulants trichent le plus souvent sur les responsabilités
occupées précédemment (75 %), les compétences linguistiques (73 %) ou
encore la rémunération (50 %), l’enjeu du diplôme est de taille,
notamment pour les écoles qui souhaitent protéger leur «marque». Une
jeune société, CVTrust, s’est positionnée sur ce créneau, en proposant
la certification de diplômes et tout autre document académique, en
version numérique. HEC et Sciences Po.
ont déjà adopté cet outil, permettant notamment d’intégrer son diplôme
numérique à son profil sur les réseaux sociaux professionnels.
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