PARTI TRAVAILLISTE

KANAKY

mardi 9 septembre 2014

Peuple en Lutte

Les sources du Parti : 


Ne pas oublier  :  http://ustke.org/archives/table-ronde-goro-nickel-du-14-juin-2006_art_209.html

puis : http://www.palestine-solidarite.org/analyses.Alter-Echos.030212.htm

et  : http://www.greenetvert.fr/2012/01/16/trois-pays-et-un-meme-probleme-la-compagnie-vale/44172

La route de Saint-Louis, zone "rebelle" de Nouvelle-Calédonie


Des invidivus cagoulés attaquent un bus sur la route de Saint-Louis fin juin. Photo publiée sur le groupe Facebook Info Route Mont-Dore.
Les habitants du Mont-Dore n’en peuvent plus. La seule route qui relie leur ville à la capitale Nouméa est à la merci de membres d’une tribu mélanésienne vivant à proximité de la voie. Caillassage, voitures brûlées, tirs de fusil rendent impossible la circulation et terrorisent les riverains.

La ville du Mont-Dore, située en banlieue de Nouméa, n’est desservie que par une route bordée par des villages habités par différentes tribus mélanésiennes autochtones, dont la tribu de Saint-Louis. Depuis le mois de mai, résidents et usagers de cette route se plaignent d’attaques régulières perpétrées par des membres de cette communauté, souvent armés de pierres, gourdins ou armes à feu. La circulation sur cette route devient périlleuse voire souvent impossible.


Des véhicules incendiés par des membres de la tribu de Saint-Louis évacués sur le bas-côté par la gendarmerie. Photo prise par un habitant le 16 aout et postée sur le groupe Info Route Mont-Dore.

Contributeurs

"Emmener les enfants à l’école devient une sortie dangereuse"

Pour tenter de s’informer en temps réel de la situation, les habitants de la zone ont décidé d’utiliser les réseaux sociaux. Via plusieurs pages Facebook, ces derniers postent régulièrement des informations sur l’état du trafic pour alerter les autres usagers. Jean-Michel Jaeger est un des animateurs de ces groupes Facebook.


"Depuis plus de quatre mois, il est rare qu’une journée passe sans qu’on recense un incident. Le plus souvent, ce sont des voitures caillassées par des jets de pierre venant du côté de la tribu de Saint-Louis [nom donné à la localité où vit la tribu]. Certains des habitants ont même déjà reçu des boules de pétanques sur leur véhicule. D’autres fois, ce sont des véhicules ou des feux qui sont allumés en plein milieu de la route pour forcer les automobilistes à ralentir afin de mieux les "caillasser". Sans parler des coups de feu qui résonnent régulièrement [certains médias locaux parlent également d’agressions de conducteurs au gourdin, NDLR].


Un nouveau véhicule incendié, photo postée le 6 septembre sur la même page Facebook.


Les plus petites actions du quotidien comme emmener les enfants à l’école ou aller faire ses courses deviennent une sortie dangereuse. Nos amis ne voulaient plus emprunter cette route pour venir nous voir. J’ai toujours vécu au Mont-Dore mais il y a peu, j’ai décidé contre mon gré de déménager à Nouméa car nous craignions pour les enfants.
Les gendarmes arrivent souvent après les faits pour déblayer la zone afin de rétablir la circulation. Parfois, ils parviennent à arrêter quelques personnes sur le fait. Mais le problème, c’est qu’une intervention au sein même de la tribu est très compliquée : il faut de très gros moyens logistiques pour assurer la sécurité [la police a récemment fait une descente dans la tribu avec le soutien d’hélicoptères de la gendarmerie nationale].



Le 27 aout, un habitant du Mont-Dore filme une course poursuite en pleine journée entre un véhicule des habitants de la tribu et un véhicule de police. Les deux véhicules zigzaguent au milieu de la circulation.


La localité de Saint-Louis est une zone de non droit. Pour l’instant, il y a eu "seulement "quelques blessés et des vols de voitures recensés. Mais au Mont-Dore, malgré plusieurs manifestations et une pétition adressée au haut-commissariat de l’île, on se demande si on attend qu’il y ait des morts pour réagir.

Jean-Michel Jaeger fait régulièrement remonter aux services de polices de Nouvelle-Calédonie des images qu’il repère sur les comptes Facebook de plusieurs membres présumés de la tribu de Saint-Louis. Des comptes Facebook où sont fièrement exhibés des véhicules volés, et qui revendiquent Saint-Louis comme une zone "rebelle".

Exemple de photos postées sur les réseaux sociaux par des membres de la tribu Saint-Louis. Les braqueurs posent avec des motos volées.

Une catastrophe écologique au départ des heurts

La tribu de Saint-Louis a été ces dernières années le lieu de troubles sociaux. Dirigée par Roch Wanytan, socialiste et un des leaders du Front de libération nationale kanak, elle est considérée comme un des fiefs des indépendantistes kanaks. Ses leaders sont souvent en premières lignes concernant l’amélioration des droits des autochtones et soulever des problématiques environnementales.
En mai 2014, c’est justement une catastrophe écologique qui provoque le début d’une nouvelle vague de violences : l’usine de traitement de nickel du groupe brésilien Vale déverse près de 100 000 litres d’acide dans une rivière tuant des milliers de poissons. Des membres de la tribu se joignent à des manifestants écologistes pour réclamer l’arrêt de l’usine. Malgré plusieurs tentatives de négociations avec les chefs coutumiers, le mouvement se radicalise : des membres de la tribu Saint-Louis érigent des barricades et s’en prennent à des policiers faisant un blessé. Depuis les heurts n’ont pas cessé. Le haut-commissaire de la République fraîchement nommé à affirmer que régler les problèmes à Saint-Louis était une priorité.



Le 18 août, Jean-Michel Jaeger rencontre Vincent Bouvier, le haut-commissaire de la République, pour faire part des inquiétudes des Mont-Doriens.

"Ces problèmes à Saint-Louis traduisent une crise identitaire"

 

Jean-Louis Koroma

Jean-Louis Koroma est ancien journaliste et membre de l'UC (l'Union Calédonienne) , un parti politique indépendantiste.

À l’origine, cette revendication écologiste a été un prétexte et ce mouvement a évolué vers des activités de délinquance avec en toile de fond des revendications indépendantistes. Intervenir pour la police est très complexe, la moindre bavure pourrait provoquer des troubles incontrôlés [en 1987, un adolescent avait été tué lors d’une intervention de police provoquant des troubles graves, NDLR]. Ce que je regrette, c'est qu'on passe à la trappe la mobilisation environnementaliste contre l'acide sulfurique, pour ne retenir que ces violences sous prétexte que des évadés de prison compteraient parmi ceux qui qui se mobilisent [quelques jours avant les heurts, plusieurs personnes originaires de la tribu s'étaient évadés de prison ; des soupçons sur leur implication à la tête des mouvements sont régulièrement relayés par des activistes NDLR].
J’ai assisté à une réunion coutumière à Nouméa et il est clair que le dialogue est brouillé entre les représentants de la tribu et les autorités : à Saint-Louis, le sentiment qui domine est que l’État laisse la situation se détériorer sans régler les problèmes de fond, à savoir le fort taux de chômage des jeunes et le fait que les entreprises étrangères emploient assez peu les Mélanésiens. Même si on ne peut tolérer ces violences, elles traduisent un malaise identitaire et une peur de l’avenir.

Le Congrès néo-calédonien doit fixer d’ici 2018 une date pour un référendum d‘autodétermination sur son indépendance. Aucune force politique du pays n’a pour l’heure réussi à remporter la majorité nécessaire pour organiser ce référendum. Faute d’accord d’ici 2018, ce sera à l’État français de fixer une échéance.
En juin, des individus, munis de barres de fer, étaient sortis cagoulés pour attaquer un bus de la compagnie Vale circulant sur la route de Saint-Louis. Photos publiées sur radiococotier.nc.

Source : France 24