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KANAKY

samedi 1 novembre 2014

Sauf un : Eramet , très gros producteur de nickel en Nouvelle Calédonie.


Areva

Areva : après le scandale UraMin, l'affaire de la mine géante de nickel de Weda Bay 

Ce devait être l'une des plus belles affaires minières du monde : un gisement géant de nickel, situé en Indonésie sur l'île d'Halmahera, au nord de l'archipel des Moluques. Détenteur des permis d'exploitation, la "junior company" canadienne Weda Bay Minerals Inc, qui ne possédait pas d'autre actif, cherchait en 2006 des partenaires pour pouvoir financer les coûteux travaux (plusieurs milliards de dollars) nécessaires à la mise en exploitation du site. Méfiants, les investisseurs internationaux se sont pas bousculés. Sauf un : Eramet , très gros producteur de nickel en Nouvelle Calédonie. 

Séduit par le projet, ce groupe français, dont Areva est alors l'actionnaire de référence avec 26 % du capital, décide de racheter, en mars 2006, la totalité du capital de Weda Bay Minerals, cotée à la Bourse de Toronto. Prix de la transaction entièrement payée en cash : 270 millions de dollars canadiens (soit 189 millions d'euros). Seul maître à bord, Eramet se retrouve ainsi propriétaire de la start up minière Weta Bay Minerals, qui contrôle la société Strand Minerals enregistrée à Singapour, elle même propriétaire de 90 % des parts de la société indonésienne Weta Bay Nickel. Trois ans plus tard, en février 2009, le japonais Mitsubishi Corporation acquiert auprès d'Eramet 33,4 % des parts de Strand Minerals. Les deux associés projettent de produire 65.000 tonnes nickel par an dans leur îles des Moluques, soit l'équivalent de 5 % de la production mondiale occidentale. Mais au fil des ans, il faut se rendre à l'évidence : guère plus de deux millions d'euros ont été investis à ce jour pour aménager des pistes et des baraquements, là où des milliards seraient nécessaires, notamment pour construire une usine de traitement hydrométallurigique. Pourquoi donc le projet si séduisant sur le papier est-il ainsi mis sous cocon ? Marc Eichinger, le consultant en matières premières qui avait déjà réalisé en 2011, à la demande du service de sécurité et d'intelligence économique d'Areva, un rapport alarmant sur UraMin, déclenchant la fameuse affaire , a sans doute la réponse. En effet, ce spécialiste indépendant s'est récemment penché sur la myriade de sociétés qui contrôlaient l'essentiel du capital de Wada Bay Minerals, au moment où Eramet a lancé son OPA. Et il a ainsi découvert que le principal bénéficiaire du rachat n'était autre que le canadien Stephen Dattels, fondateur d'UraMin. C'est en effet deux de ses holdings qui contrôlaient Wada Bay : Polo Resources, enregistrée dans le paradis fiscal des îles vierges britanniques, et Regent Pacific Group, domiciliée aux îles Caïman. A noter que Daniels Wouters, le financier belge qu'Anne Lauvergon avait embauché chez Areva, sur les conseils de son époux Olivier Fric, pour piloter l'OPA sur UraMin, s'était associé avec le sulfureux Stephen Dattels, après avoir dû quitter le groupe nucléaire (lire l'article Le double jeu de Daniel Wouters ). Plutôt que reconnaître s'être fait escroquer, Eramet (dont l'Etat français a repris il y a deux ans, via le Fonds Stratégique d'Investissement (FSI), les 26 % détenus par Areva pour 776 millions d'euros) préfère sans doute faire le gros dos. Dans un communiqué, il a reconnu il y a quelques mois qu'aucun investissement pour développer son site indonésien n'était prévu avant 2017. 

Olivier Drouin 

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