Le système capitaliste repose sur des médias de plus en plus omniprésents car parfaitement adaptés aux évolutions technologiques du XXIème siècle. Journaux et chaînes télévisées représentent aujourd’hui une arme redoutable pour ceux qui tirent les manettes de l’économie globale. Et ne parlons pas de liberté de la presse ! Tout récemment, les mésaventures de Libération, affrontant une des plus graves crises de son histoire, ont nécessité d’avoir recours à des hommes d’affaires fortunés prêts à renflouer les caisses, moyennant forcément une emprise plus ou moins directe sur l’entreprise et partant, la ligne éditoriale. On ne mord pas la main qui vous nourrit…
Malgré
 ceci, de nombreuses voix se font entendre pour critiquer ce système qui
 nous pousse inexorablement vers une crise, économique et morale, de 
grande ampleur. Certains, tel l’éditorialiste du New York Times Roger Cohen,
 estiment même que les tensions qui agitent l’Ukraine, la guerre 
syrienne et les conflits territoriaux en mer de Chine sont autant 
d’éléments qui pourraient déclencher un nouveau conflit mondial. 
Plus que jamais l’Occident, qui continue à être à la traîne de ce système en n’acceptant pas de céder le témoin aux BRICS,
 met le feu aux poudres en alimentant les guerres et autres entreprises 
de déstabilisation. Et là encore, l’appareil médiatique n’a jamais 
autant joué son rôle de propagandiste que depuis la chute du Mur. Le 
principe du « deux poids et deux mesures » est à ce petit jeu-là un 
véritable atout dans la manche des États-Unis et de leurs alliés, une 
arme dévastatrice utilisée au fil des ans pour hypnotiser et tromper une
 opinion publique de plus en plus privée de sens critique et de 
profondeur culturelle. Les États-Unis ont même rendu systématique ce 
« deux poids et deux mesures » en trouvant le terrain d’entraînement 
idéal avec la Guerre froide qu’elle a menée contre l’Union soviétique au
 cours du XXème siècle.
Mais comment diable s’y sont-ils pris ? 
C’est très simple : en accusant le pays des soviets de ne pas respecter 
les droits humains et d’arrêter injustement les dissidents politiques. 
Dans le même temps, le maccarthysme battait pourtant son plein au pays 
des soi-disant libertés, et des
 milliers d’Américains suspectés d’avoir de simples sympathies pour le 
socialisme ont connu les foudres de la « chasse aux sorcières ». Certains, à l’image des époux Rosenberg,
 ont même connu la chaise électrique. Et lorsque les chancelleries dites
 démocratiques mettaient en cause le bloc socialiste pour son 
intervention en Hongrie et en Tchécoslovaquie, les États-Unis et leurs 
alliés écrasaient les revendications populaires en Corée, au Vietnam, en
 Angola, au Congo ou en Amérique du sud sans que personne n’osât alors 
remettre en doute la supériorité morale de l’Empire. Et peu importe si, à
 la même période, les États-Unis étaient en train de dépasser l’URSS en termes de taille relative de sa population carcérale… Les médias avaient déjà fait le tri.
On ne parlera même pas de la politique 
intérieure des États-Unis, marquée durant les années cinquante et 
soixante par un racisme quasi institutionnel à l’encontre des Noirs et 
des Hispaniques. Un racisme impensable pour un pays se faisant le 
chantre de la liberté. Rappelons que l’ancien président sud-africain Nelson
 Mandela figurait sur la liste des terroristes établis par l’Empire, et 
ce depuis la présidence de Ronald Reagan jusqu’en 2008. Son parti, 
l’ANC (Congrès national africain), était alors considéré par les 
autorités américaines comme une organisation terroriste en raison de son
 engagement contre l’apartheid. Ces éléments n’ont pourtant jamais 
entamé la confiance aveugle des pays d’Europe de l’ouest vis-à-vis de 
son allié d’Outre-Atlantique. Cela pouvait encore se comprendre tant que
 l’URSS était debout ; il s’agissait alors d’une guerre idéologique 
entre l’Ouest et l’Est, et l’Occident se retrouvait, bon gré mal gré, 
sous le parapluie de l’OTAN.
Avec la chute de son ennemi soviétique, 
les États-Unis ont perdu toute excuse. N’ayant plus d’Empire du mal à 
défier, la « reine des démocraties » aurait dû tenir ses promesses et 
délivrer au monde entier la prospérité que la présence du monstre 
soviétique empêchait jusque-là d’offrir. Force est de constater que la 
chute de l’URSS n’a pas conduit à une amélioration des conditions 
sociales. Pis, les droits des travailleurs ont commencé à être malmenés 
et le bien-être ne s’est pas propagé si ce n’est par le développement de
 nouveaux biens technologiques, mais au prix d’un processus de 
fragmentation de la richesse aboutissant à la capitalisation par 
quelques-uns de sommes considérables d’argent au détriment du plus grand
 nombre.
Quant aux guerres, elles sont loin 
d’avoir disparu. L’Iraq, la Yougoslavie, le 11 Septembre, l’Afghanistan,
 les Printemps arabes et l’Ukraine nous rappellent que le monde entier 
verse chaque jour un peu plus dans le chaos. Le « deux poids et deux 
mesures » figure toujours en pointe de la propagande de guerre que les 
médias ont mise en place pour apporter un soutien diplomatique et moral 
aux interventions militaires de l’Occident. De la Libye de Kadhafi à la 
Syrie d’Assad, les médias ont orchestré sans discontinuer un gigantesque
 martèlement visant à identifier l’ennemi de la liberté et de la 
démocratie, le méchant pourrait-on dire, pour le jeter en pâture à 
l’opinion publique et justifier du même coup leurs prétentions 
impérialistes.
Ces manipulations, grossières au 
demeurant, sont d’autant plus possibles que les masses sont 
littéralement gavées par la propagande d’État. Il est facile dans ces 
conditions pour les dirigeants occidentaux de ne présenter qu’une 
analyse sommaire et manichéenne des faits,  une analyse n’appelant 
aucune réflexion. Pourtant, les militants djihadistes qui combattent 
Assad après avoir combattu contre Kadhafi sont présentés par les médias 
comme des combattants de la liberté, alors que les moudjahiddines qui 
luttent contre les États-Unis en Afghanistan deviennent subitement des 
terroristes. Plus près de nous, Hollande affirme que le président Assad 
n’est pas un partenaire fiable contre le terrorisme, alors que ces mêmes
 terroristes étaient les interlocuteurs de l’Élysée dans ses velléités 
de destitution des dirigeants syrien et libyen.
En Ukraine, le mouvement de contestation, baptisé « Euromaïdan », montre comment un coup d’État contre un gouvernement démocratiquement élu peut
 être fomenté avec succès avec un appui étranger et sans intervention 
militaire. Il dévoile, une fois de plus, la partialité des médias 
occidentaux qui, avec une argumentation fallacieuse, appuient 
aveuglément l’interventionnisme occidental et, avec une vision 
dichotomique, qualifient là aussi les uns de bons et les autres de 
méchants. Parmi ceux-ci, les séparatistes de la République populaire du Donetsk… comme si cette appellation suffisait à faire d’eux des terroristes.
L’Occident n’a eu de cesse de rendre ces
 ennemis inaudibles, pratiquant la désinformation par une perte de 
repères due à la surinformation en vue de créer non des illettrés ou des
 incultes, mais des êtres en phase de « désorientation », 
psychologiquement conditionné et réorienté dans le sens souhaité. Pour 
enchaîner les peuples, on commence par les endormir…