Willie Jimmy s'est exprimé suite à la torture et à la pendaison de 
deux hommes sur l'île d'Akam à la mi-novembre. Songi Samuel et Simion 
Bahvaus étaient soupçonnés d'avoir tué des villageois en pratiquant la 
magie noire. L'exécution publique aurait été menée par des pasteurs 
présbytériens et les chefs coutumiers de l'île.
En
 tout, une quarantaine de personnes ont participé au supplice. Elles ont
 été placées en garde à vue après le crime, mais on ne sait pas encore 
qui a été mis en examen. 
Selon Willie Jimmy, la sorcellerie est un fléau que le système juridique actuel ne permet pas de combattre. : 
« Je suis même prêt à soutenir une loi qui prévoierait la peine de mort pour les criminels qui utilisent la magie noire. » 
Au
 Vanuatu, le système juridique est basé sur les système britannique et 
français. Pour condamner quelqu'un, il faut des preuves tangibles. 
«
 Le problème que nous avons, nous qui croyons en la magie noire, c'est 
que le système légal inspiré de l'occident impose d'apporter des preuves
 concrètes, or c'est très difficile de prouver un cas de magie noire. » 
Voilà
 peut-être pourquoi aucune loi punissant la sorcellerie n'a jamais pu 
être adoptée dans le pays, alors que le débat resurgit presque 
systématiquement à chaque nouveau fait divers dont des sorciers présumés
 sont les victimes. D'autre part, la communauté internationale ne 
verrait pas d'un bon oeil le rétablissement de la peine de mort pour des
 crimes extrêmement difficiles à prouver. Willie Jimmy:
«
 La communauté internationale n'a pas les mêmes traditions que nous. 
Notre Constitution stipule que le Vanuatu est fondé avant toute chose 
sur les valeurs mélanésiennes traditionnelles, avant les principes 
chrétiens. Donc nos valeurs mélanésiennes sont bien vivantes, les bonnes
 comme les mauvaises. » 
Les
 expéditions punitives contre des sorciers présumés sont assez 
fréquentes au Vanuatu. En début d'année, la police a sauvé in extremis 
un homme soupçonné d'avoir pratiqué la magie noire dans un village de 
l'est d'Efate. Les villageois s'apprêtaient à le noyer.