Monsieur le président,
Monsieur le secrétaire général du Haut-commissariat,
Mes chers collègues,
Mesdames et messieurs,
Depuis plusieurs années, le Groupe UC-FLNKS et Nationalistes a milité auprès des Nations
Unies pour davantage d’implication de leur part dans le processus
d’établissement et de révision des listes électorales spéciales pour les
élections provinciales et pour la consultation de sortie, comme dans
l’ensemble du processus de décolonisation en cours en
Nouvelle-Calédonie.
Il y a quelques jours, lorsque nous avons
reçu la convocation pour cette session extraordinaire du Congrès, notre
groupe n’a pas pensé devoir d’une part, refaire l’historique de nos
revendications auprès des Nations Unies, et d’autre part, rappeler les
raisons pour lesquelles il nous a fallu alerter cette instance
internationale.
Néanmoins, au vu du contenu de la deuxième
version de cet arrêté, il paraît indispensable de faire une piqure de
rappel, surtout à notre puissance administrante.
De ce fait, il
nous faut rappeler que ce sont les fraudes électorales constatées et
l’inertie de l’Etat qui nous ont poussés dans un premier temps à nous
rendre à l’ONU pétitionner pour informer de ce problème et demander de
l’aide.
Il nous faut rappeler que la mission du Comité de
décolonisation des Nations Unies en 2014 à relever dans son rapport de
mission que : « La mission est d’avis que le mode de fonctionnement des
commissions administratives spéciales doit être revu compte tenu des problèmes soulevés par de nombreux interlocuteurs, dont les magistrats eux-mêmes. ».
Il
nous faut rappeler que c’est suite au boycott du Comité des signataires
d’octobre 2014 par le Groupe UC-FLNKS et Nationalistes que la puissance
administrante a accepté de mettre à l’ordre du jour ce problème de
fraudes intitulé « litige électoral ».
Il nous faut rappeler
qu’après des pressions exercées par nos partenaires non-indépendantistes
sur l’Etat, ce dernier a convoqué un Comité des signataires
Extraordinaire uniquement sur la question électorale, durant lequel
nous, indépendantistes, avons une nouvelle fois fait des concessions.
Il
nous faut rappeler que les résultats de l’évaluation du litige, actés
par le Comité des signataires, constituent une reconnaissance implicite
des fraudes électorales.
Il nous faut rappeler que les avis du
Congrès du 29 octobre 2015 sur la commission consultative d’experts et
sur les personnalités qualifiées indépendantes ont unanimement demandé à
ce que ces personnalités qualifiées indépendantes, dont il est question
aujourd’hui, soient des observateurs de l’ONU.
Il nous faut
rappeler que nous sommes dans un processus de décolonisation pour lequel
l’Etat s’était engagé à réguler les flux migratoires, ce qui est
préconisé par l’ONU dans des situations de décolonisation, et tant que
la question de l’autodétermination du pays n’est pas réglée.
Il
nous faut rappeler que nous sommes plus que las de cette colonisation de
peuplement orchestrée par la puissance administrante dans notre pays
depuis des décennies.
Pour toutes ces raisons, nous considérons
comme inacceptable, voire outrageant, le fait que la puissance
administrante puisse nous soumettre et nous demander de nous prononcer
sur un arrêté qui contient, à la suite de la liste des observateurs de
l’ONU, une proposition de noms de suppléants français, choisis par
l’Etat, visant à remplacer les observateurs de l’ONU. La puissance
administrante se fait ainsi juge et partie, ce qui est en totale
contradiction avec les principes fondamentaux de la Charte de
décolonisation des Nations Unies.
Bien que nous accueillons très
positivement les observateurs de l’ONU et c’est pour cela que nous avons
voté favorablement les articles 1 et 2 du projet d’arrêté, nous
profitons d’ailleurs pour leur souhaiter la bienvenue dans notre pays,
il ne nous est pas possible de donner un avis favorable sur ce projet
avec une liste d’experts de l’ONU dans laquelle la puissance administrante glisse une fois de
plus ses pions sous prétexte de raisons purement fallacieuses.
En
outre, il y a dans notre région les moyens et les outils nécessaires
qui auraient pu permettre de pallier aux manques. En effet, le Forum des
Iles du Pacifique et le Groupe du fer de Lance Mélanésien disposent de
mécanismes d’observation des élections.
Pour conclure, nous ne
sommes pas dupes des manœuvres de la France de même que les explications
lénifiantes et sans fondement du secrétaire général du
Haut-commissariat et nous le manifestons aujourd’hui en quittant cette
assemblée pour ne pas prendre part à l’avis du Congrès sur ce projet
d’arrêté. Nous souhaitons que ceci soit indiqué dans le procès-verbal de
séance : notre vote favorable sur les articles 1 et 2 tels que
présentés dans le premier projet d’arrêté qui nous a été soumis vendredi
dernier et notre absence pour les votes sur les articles 3, 4 et
l’ensemble du projet.
Merci de votre attention.
Pour le Groupe UC-FLNKS et Nationalistes