Publié le vendredi 25 mars 2016 à 10H38
Sa discrétion a étonné depuis le Comité des signataires de
février. Le président de l’UC reprend aujourd’hui la parole, et recadre,
fort. Roch Wamytan, le Parti travailliste, la DUS, ou encore l’Etat.
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Les Nouvelles calédoniennes :
L'Union calédonienne n'a pas participé le 18 mars aux travaux sur
l'avenir institutionnel au haussariat. À la lecture de votre communiqué,
une mésentente interne au parti est suspectée. Est-ce le cas ?
Non,
c'est un recadrage. Le but est un peu de « ramener » tout le monde,
ceux qui s'expriment au nom de l'UC, surtout dans une période importante
comme aujourd'hui où l'on traite de la sortie [de l'accord de Nouméa,
NDLR], où l’on aborde les compétences régaliennes. Il est donc
nécessaire que l'UC soit là et parle d'une seule voix. Tel était le
thème de notre congrès 2015 à Hienghène. Le sens du communiqué, c'est
d'abord un recadrage en interne, et c'est aussi interpeller l'Etat sur
le jeu qu'il mène.
C'est-à-dire ?
Inviter
le président de l'UC à côté du groupe UC-FLNKS [au Congrès, NDLR] au
Comité des signataires, dans nos discussions, jusqu'à 24 heures avant le
lancement des travaux institutionnels, puis m'annoncer que le format «
comité de pilotage » est finalement retenu dans lequel le président de
l'UC n'est pas présent... Il ne faut pas que l'Etat espère que ce soit
Roch Wamytan qui va s'exprimer au titre de chef du groupe UC-FLNKS et
nationalistes au nom de l'Union calédonienne. Ça, ça ne marchera pas.
Vous êtes membre du groupe UC-FLNKS, mais vous voulez être présent en tant que président de l'UC, n'est-ce pas ?
Evidemment.
Je parle au nom des structures de l'Union calédonienne qui sont
présentes sur les trois provinces. Je ne parle pas au nom d'un groupe au
sein duquel il y a des partis indépendantistes qui ont constitué « un
front du refus » au moment où la conclusion du Comité des signataires a
été rendue publique. Surtout que l'Union calédonienne a une
représentativité dont ils bénéficient pour être élus et figurer dans le
groupe dans le Sud.
Un « front du refus » ?
Le
Parti travailliste et la DUS [Dynamik unitaire Sud, NDLR] ont parlé du «
front du refus », parce qu'ils n'étaient pas d'accord avec la
conclusion du Comité des signataires. Un « front du refus » pour
revisiter le corps électoral alors celui-ci a déjà été acté à Paris. Ce
sont donc des faire-valoir, des termes qui permettent aux uns et aux
autres d'exister. L'Union calédonienne n'est pas dans cette démarche de
prouver qu'elle existe, mais dans la démarche de sortir de l'accord de
Nouméa avec les Calédoniens. La sérénité, c'est cela que l'on attend des
gens qui parlent au nom de l'Union calédonienne.
La
commission exécutive (Comex) de l’Union calédonienne, réunie samedi,
aurait rejeté le comité de pilotage sur l'avenir institutionnel. Est-ce
exact ?
La Comex est dans une démarche de
résistance. Elle n'accepte pas la méthode et le calendrier proposés par
l'Etat. Moi, j’ai mis en place le groupe de travail UC avec lequel
l’Etat a conclu un calendrier et une méthode. Nous travaillerons dans ce
format.
Je l’ai dit à la Comex, nous sommes
indépendantistes, mais l’indépendance pour laquelle nous nous sommes
battus, ce n’est pas un slogan avec lequel les uns et les autres font de
la surenchère, ce n’est pas une posture, non. C’est un objectif qui
inspire nos actions. On sort donc du giron français, on discute avec la
France, et ensuite on inscrit l’indépendance que l’on souhaite. En
clair, discutons maintenant avec la France pour sortir indépendants, et
mettons en place des accords avec la France. Avant le référendum. C’est
la démarche que j’ai engagée depuis novembre 2015. Je suis allé voir le
Premier ministre, et nous avons discuté de l’après-accord de Nouméa. Il
ne faut pas attendre le lendemain pour commencer à discuter, c’est
maintenant. Il faut donc que l’État arrête de se cacher derrière
l’équidistance.
Et en 2018 ?
En
2018, il faut que les populations soient rassurées, sur tous les
problèmes qui les préoccupent. Il faut poser les choses, être
pragmatique. Il faudra peut-être faire des compromis pour sortir
indépendants. Une fois indépendants, les objectifs de l’indépendance
kanak socialiste révolutionnaire - si on veut -, devront être inscrits,
tout comme les actions qui permettront d’y arriver. Avec tout le monde.
Le format du comité sur l’avenir institutionnel peut-il être corrigé, à votre avis ?
Un
parti politique a soutenu le combat de la Nouvelle-Calédonie depuis
1953 pour la faire franchir chacune des étapes clés. Et aujourd’hui,
l’Etat est en train de nier l’histoire du pays, et de l’Union
calédonienne. Ce n’est pas honnête. Il faudra donc qu’il corrige. J’en
ai parlé à Vincent Bouvier [le haut-commissaire, NDLR]. Que l’UC soit
perçue en tant que groupe politique au Congrès, qu’elle soit perçue en
tant que parti, c’est moi qui parle. Et le signataire [de l’accord de
Nouméa, Roch Wamytan, NDLR] a signé au nom de l’UC, pas en son propre
nom, ni au nom d’un groupe politique.
Irez-vous à la prochaine réunion, en avril, si ce même format est répété ?
Non.
Je n’irai pas. Et personne ne s’exprimera au nom de l’UC. Et s’il n’y a
pas l’UC, il n’y aura pas 23 000 personnes. Quelle est alors la
crédibilité de ces discussions ?
Pour
vous, le litige relatif aux inscriptions sur les listes électorales
spéciales pour les élections provinciales, est-il politiquement clos ?
Je
conçois le combat de mes militants. Il n’y a pas qu’eux d’ailleurs, il y
a aussi ceux qui ont constitué le « front du refus » pour qui le corps
électoral n’est pas satisfaisant tel que déclaré à la sortie du Comité
des signataires. Mais il y a le pragmatisme. Les discussions sur le
corps électoral portent sur 2 000 à 3 000 personnes. Et les
abstentionnistes calédoniens, et particulièrement kanak, sont
globalement eux 30 000 à 40 000. Il faut donc faire le travail pour
aller les chercher. Si on veut vraiment utiliser le corps électoral
comme « argument de vente » pour la sortie, il faut d’abord aller voir
ceux qui ne votent pas et pourquoi ils ne votent pas. Il faut donc
répondre à leurs questionnements sur le demain et après-demain.
Ce
n’est pas en revenant sur un corps électoral qui a déjà été acté que
l’on va atteindre l’objectif de 2018. Il faut suivre la
vague. Surfer. Comment travailler notre projet de société, si on
commence par soulever les choses qui font peur ?