France. Manuel Valls associe antisionisme et antisémitisme au diner du CRIF
 mardi 8 mars 2016
Pas moins d’une demi-douzaine de membres du gouvernement ont répondu à l’invitation du CRIF, dont le premier ministre Manuel Valls. Boris Horvat/AFP
 Lundi soir se tenait le diner rituel du Conseil représentatif 
des institutions juives de France (CRIF) en présence, comme à 
l'accoutumée, d’une brochette de politiques de tous bords. Exprimant 
l’angoisse de sa communauté face au sentiment de la montée de 
l’antisémitisme, le président du CRIF a trouvé un puissant allié en la 
personne du Premier ministre. Celui-ci est même allé jusqu’à assimiler 
antisionisme et antisémitisme.
 Antisionisme = antisémitisme + haine d’Israël 
 Le président du Conseil représentatif des institutions juives de 
France, Roger Cukierman, a souligné que les Français juifs avaient « le 
sentiment angoissant d'être devenus des citoyens de deuxième zone », 
lundi soir lors du dîner annuel du Crif à Paris. Mais, il ne devait pas 
en espérer tant de la part de son prestigieux invité.
 Intervenant après son hôte, Manuel Valls a dénoncé devant les 850 
convives l’antisémitisme qui progresse sous couvert d'antisionisme, 
précisant qu’il « n’y a qu'un pas de la détestation d'Israël à 
l'hostilité aux Français juifs », en ciblant particulièrement l’extrême 
gauche. Un discours qui ciblait clairement les campagnes de boycott 
d’Israël, notamment celle du collectif international BDS (Boycott 
désinvestissement sanctions).
 « La Cour de cassation a jugé plusieurs fois, et encore récemment, que 
l'appel du BDS à ne pas acheter des produits israéliens constituait “une
 discrimination fondée sur l'appartenance à une nation” », a rappelé 
M. Valls pour appuyer son propos. « Il y a l'antisémitisme et il y a 
l'antisionisme, c'est-à-dire tout simplement le synonyme de 
l'antisémitisme et de la haine d'Israël », a ajouté le chef du 
gouvernement, osant là un dangereux amalgame. Un antisémitisme que l’on 
retrouve partout selon lui : « l'antisémitisme des beaux quartiers et 
celui des quartiers populaires », « l'antisémitisme de l'extrême 
gauche » et celui de « l'extrême droite ».
 Les barons de la droite et de la gauche au rendez-vous
 Accompagnant le Premier ministre, pas moins de quatre ministres ont 
fait le déplacement, François Hollande étant lui retenu à Bruxelles. Les
 présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, ainsi que la maire de 
Paris étaient également présents.
 L’opposition n’était pas en reste puisque tous les principaux ténors 
des Républicains, dont plusieurs prétendants à l’investiture pour 2017, 
étaient là Alain Juppé, François Fillon, Bruno Le Maire, Jean-François 
Copé et Nathalie Kociusko-Morizet. L’ancien chef de l’État Nicolas 
Sarkozy a également fait une rapide apparition.
 Si Anouar Kbibech, nouveau président du Conseil français du culte 
musulman (CFCM), s’est rendu au diner du CRIF, plusieurs autres 
personnalités ont préféré boycotter l’événement comme en 2015. L’an 
dernier, Roger Cukierman avait déclaré que « toutes les violences » 
antisémites sont aujourd'hui « commises par des jeunes musulmans ». 
Cette année, le président du Crif a seulement froissé Dalil Boubakeur, 
recteur de la Grande Mosquée de Paris, en jugeant son successeur à la 
tête du CFCM, « beaucoup plus clair » dans sa condamnation de 
l'islamisme.
 Rached Cheri